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3 000 personnes ont protesté contre le projet de tunnel Lyon-Turin malgré l’interdiction

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Ce week-end, plus de 3 000 opposant·es à la future ligne fer­rovi­aire à grande vitesse entre Lyon et Turin se sont réuni·es dans la val­lée de la Mau­ri­enne en Savoie.

Craig­nant des affron­te­ments, la pré­fec­ture de Savoie avait inter­dit la man­i­fes­ta­tion jeu­di dernier. Mais le col­lec­tif La Mon­tagne se soulève, réu­nis­sant onze asso­ci­a­tions et soutenu par les Soulève­ments de la Terre, a tenu à main­tenir la mobil­i­sa­tion.

Dès ven­dre­di soir, plusieurs cen­taines de militant·es écol­o­gistes se sont réuni·es au vil­lage de La Chapelle pour y établir leur camp de base, loin des com­munes mar­quées par l’in­ter­dic­tion de rassem­ble­ment de la pré­fec­ture. Same­di, sur les coups de midi, plus de 3 000 per­son­nes se sont élancées sur une route de la val­lée de Mau­ri­enne avec, en tête du cortège, un oiseau géant, «une huppe fas­ciée, une espèce mise en dan­ger par le Lyon-Turin», explique à Vert Flo­ri­an, des Soulève­ments de la Terre. La man­i­fes­ta­tion a rapi­de­ment été blo­quée à hau­teur de Saint-Rémy-de-Mau­ri­enne.

Plus de 3000 manifestant·es con­tre le pro­jet de ligne Lyon-Turin se sont réuni·es dans la val­lée de la Mau­ri­enne same­di 17 juin. © Nico­las Liponne / Hans Lucas via AFP

Par­mi les manifestant·es, la prési­dente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Pan­ot, ou Eric Piolle, maire écol­o­giste de Greno­ble, ont ten­té de négoci­er avec les forces de l’ordre pour aller plus loin dans le par­cours, sans suc­cès.

Vers 15 heures, ces dernières ont tiré des gaz lacry­mogènes et des grenades de désencer­clement, ripostant aux jets de pierre d’une par­tie du cortège. Plusieurs dizaines de manifestant·es ont con­tourné les forces de l’ordre en pas­sant par la riv­ière de l’Arc. Certain·es sont parvenu·es à blo­quer l’autoroute A43 pen­dant quelques min­utes, avant d’être dis­per­sés par des gaz lacry­mogènes. En fin d’après-midi, le cortège est finale­ment repar­ti vers son camp de base où des ani­ma­tions étaient prévues. Dimanche, les asso­ci­a­tions organ­i­saient des tables ron­des et inter­ven­tions con­tre le pro­jet de tun­nel de la ligne fer­rovi­aire.

Impact sur l’eau et la biodiversité

Dans la val­lée de la Mau­ri­enne, le pro­jet d’un tun­nel de 57 kilo­mètres cristallise les oppo­si­tions depuis une trentaine d’an­nées. Avec un coût estimé à 20 mil­liards d’euros, le tun­nel devrait per­me­t­tre la créa­tion d’une ligne TGV des­tinée au fret et au trans­port de voyageurs, de quoi rac­cour­cir le temps de tra­jet entre la France et l’Italie.

Mais les opposant·es pointent l’impact néfaste des travaux sur la bio­di­ver­sité et les ressources en eau. «1 500 hectares de ter­res agri­coles sont men­acées à cause des déchets qui seront stock­és sur ces ter­res», se désole Flo­ri­an, mem­bre des Soulève­ments de la Terre. Son mou­ve­ment estime que la ligne fer­rovi­aire exis­tante ne serait pas exploitée au max­i­mum de sa capac­ité : la créa­tion d’une nou­velle ligne serait donc inutile.

Annonçant crain­dre des affron­te­ments sim­i­laires à ceux de Sainte-Soline, quelques semaines plus tôt, la pré­fec­ture avait inter­dit, jeu­di, la man­i­fes­ta­tion et mobil­isé 2 000 gen­darmes. Si Gérald Dar­manin, min­istre de l’intérieur, fait état de 12 gen­darmes blessés à la suite de la mobil­i­sa­tion de ce week-end, les Soulève­ments de la Terre déplorent «une cinquan­taine de blessé·es graves, 6 hos­pi­tal­i­sa­tions, dont 2 pronos­tics fonc­tion­nels engagés». Les jour­nal­istes sur place n’ont pas con­staté de vio­lents affron­te­ments.

Mer­cre­di dernier, Emmanuel Macron avait relancé l’idée de la dis­so­lu­tion des Soulève­ments de la Terre, à la suite des actions menées lors de la mobil­i­sa­tion près de Nantes con­tre les car­rières de sable et le maraîchage indus­triel (Vert). La dis­so­lu­tion devrait être con­fir­mée ce mer­cre­di, en con­seil des min­istres. Une dis­so­lu­tion qui n’inquiète pas vrai­ment Flo­ri­an, représen­tant du col­lec­tif : «Ce n’est pas un effet de comm’ de dire qu’on ne peut pas dis­soudre les Soulève­ments de la Terre. C’est une coali­tion d’associations».