Ce week-end, plus de 3 000 opposant·es à la future ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin se sont réuni·es dans la vallée de la Maurienne en Savoie.
Craignant des affrontements, la préfecture de Savoie avait interdit la manifestation jeudi dernier. Mais le collectif La Montagne se soulève, réunissant onze associations et soutenu par les Soulèvements de la Terre, a tenu à maintenir la mobilisation.
Dès vendredi soir, plusieurs centaines de militant·es écologistes se sont réuni·es au village de La Chapelle pour y établir leur camp de base, loin des communes marquées par l’interdiction de rassemblement de la préfecture. Samedi, sur les coups de midi, plus de 3 000 personnes se sont élancées sur une route de la vallée de Maurienne avec, en tête du cortège, un oiseau géant, «une huppe fasciée, une espèce mise en danger par le Lyon-Turin», explique à Vert Florian, des Soulèvements de la Terre. La manifestation a rapidement été bloquée à hauteur de Saint-Rémy-de-Maurienne.
Parmi les manifestant·es, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, ou Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, ont tenté de négocier avec les forces de l’ordre pour aller plus loin dans le parcours, sans succès.
Vers 15 heures, ces dernières ont tiré des gaz lacrymogènes et des grenades de désencerclement, ripostant aux jets de pierre d’une partie du cortège. Plusieurs dizaines de manifestant·es ont contourné les forces de l’ordre en passant par la rivière de l’Arc. Certain·es sont parvenu·es à bloquer l’autoroute A43 pendant quelques minutes, avant d’être dispersés par des gaz lacrymogènes. En fin d’après-midi, le cortège est finalement reparti vers son camp de base où des animations étaient prévues. Dimanche, les associations organisaient des tables rondes et interventions contre le projet de tunnel de la ligne ferroviaire.
Impact sur l’eau et la biodiversité
Dans la vallée de la Maurienne, le projet d’un tunnel de 57 kilomètres cristallise les oppositions depuis une trentaine d’années. Avec un coût estimé à 20 milliards d’euros, le tunnel devrait permettre la création d’une ligne TGV destinée au fret et au transport de voyageurs, de quoi raccourcir le temps de trajet entre la France et l’Italie.
Mais les opposant·es pointent l’impact néfaste des travaux sur la biodiversité et les ressources en eau. «1 500 hectares de terres agricoles sont menacées à cause des déchets qui seront stockés sur ces terres», se désole Florian, membre des Soulèvements de la Terre. Son mouvement estime que la ligne ferroviaire existante ne serait pas exploitée au maximum de sa capacité : la création d’une nouvelle ligne serait donc inutile.
Annonçant craindre des affrontements similaires à ceux de Sainte-Soline, quelques semaines plus tôt, la préfecture avait interdit, jeudi, la manifestation et mobilisé 2 000 gendarmes. Si Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, fait état de 12 gendarmes blessés à la suite de la mobilisation de ce week-end, les Soulèvements de la Terre déplorent «une cinquantaine de blessé·es graves, 6 hospitalisations, dont 2 pronostics fonctionnels engagés». Les journalistes sur place n’ont pas constaté de violents affrontements.
Mercredi dernier, Emmanuel Macron avait relancé l’idée de la dissolution des Soulèvements de la Terre, à la suite des actions menées lors de la mobilisation près de Nantes contre les carrières de sable et le maraîchage industriel (Vert). La dissolution devrait être confirmée ce mercredi, en conseil des ministres. Une dissolution qui n’inquiète pas vraiment Florian, représentant du collectif : «Ce n’est pas un effet de comm’ de dire qu’on ne peut pas dissoudre les Soulèvements de la Terre. C’est une coalition d’associations».
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