Le vert à moitié vide. Le chef de l’État a enfin présenté sa planification écologique pour accélérer la baisse des émissions nationales de gaz à effet de serre. Son plan est à ce stade bien trop succinct pour espérer une réelle transition.
La France a fort à faire pour arriver à diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport à 1990). De l’aveu même du chef de l’État, «il faut aller 2,5 fois plus vite, pour atteindre 5% de baisse par an», a-t-il rappelé lundi.
Très attendue, sa présentation de la nouvelle stratégie française énergie-climat, a surtout été riche en… adjectifs. Le chef de l’État a promis une «écologie à la française» tout à la fois «souveraine», «compétitive», «juste», «accessible», mais aussi «territorialisée», «financée» ou encore «planifiée». Du côté des mesures en revanche, peu de nouveautés et quelques renoncements.

Sur l’énergie, le président a confirmé le report de la fermeture des deux dernières centrales à charbon à 2027 (contre 2022 initialement). Un objectif présenté comme «fondamental», quand bien même elles ne représentent que 0,6 % de la consommation nationale d’électricité.
Sur les transports – les «bagnoles» en particulier, le président veut concrétiser en novembre sa proposition de location de véhicule électrique longue durée à 100€ par mois pour les ménages modestes. L’aide sera ciblée vers des véhicules produits en Europe. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé dans la foulée qu’elle renforcerait «dès 2024» le bonus à l’achat d’un véhicule électrique «pour que le prix des petits véhicules électriques soit le plus proche possible des petits véhicules thermiques». De quoi promettre qu’un million de voitures électriques seraient produites en France en 2027.
Le président a d’autre part annoncé la sélection de 13 projets de construction de «RER métropolitains», qui seront aidés par l’État à hauteur de 700 millions d’euros au total (contre 800 millions d’euros annoncés en juin). Dévoilés fin 2022, ces projets visent à augmenter le nombre de trains régionaux en circulation pour mieux les combiner avec les autres offres de transports.
Sur le logement, Emmanuel Macron veut «inciter sans interdiction». Contrairement à ce qu’envisageait le gouvernement pendant un temps, les chaudières à gaz ne seront pas bannies. En revanche, le président a confirmé que les aides Maprimerenov’ dédiées à la rénovation thermique et à l’achat de pompes à chaleur augmenteront de 1,6 milliard d’euros dès 2024 pour atteindre 5 milliards d’euros par an.
Sur l’industrie, les 50 sites les plus grands émetteurs – qui représentent à eux seuls 11 % des émissions françaises – signeront «fin octobre ou début novembre» des plans de réduction de leurs émissions à l’horizon 2050.
Sur le pouvoir d’achat enfin, le président a promis de «reprendre d’ici la fin de l’année le contrôle sur les prix de l’électricité, au niveau français et européen». Pour contrer l’inflation qui a suivi l’invasion russe en Ukraine, l’Europe travaille à une réforme de son marché de l’électricité depuis de long mois. La France engagera «si nécessaire», des moyens supplémentaires, a indiqué le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher à la presse.
Enfin, Emmanuel Macron compte beaucoup sur l’Europe pour le suivre dans sa stratégie d’investissement dans l’innovation technologique. Mais à vouloir convaincre sans contraindre, le risque est grand de manquer la cible.
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