2010 – 2020 : l’échec mondial des objectifs d’Aichi pour la biodiversité

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Aichi dans le pâté. En 2010, les quelque 200 Etats-mem­bres de la Con­ven­tion sur la diver­sité biologique (CBD) des Nations Unies se don­naient dix ans pour rem­plir 20 objec­tifs (les « objec­tifs d’Aichi ») afin de pro­téger le vivant. Aucun n’a été atteint.

L’ou­ver­ture du con­grès mon­di­al de l’U­nion inter­na­tionale pour la con­ser­va­tion de la nature (UICN) ce week-end à Mar­seille, mar­que le début d’une année cru­ciale pour la pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité. En novem­bre, les grand·e·s de ce monde se retrou­veront à Glas­gow pour la 26ème con­férence des par­ties de l’ONU sur les change­ments cli­ma­tiques (COP26) : un moment-clef, alors que le boule­verse­ment du cli­mat men­ace directe­ment l’ensem­ble du vivant. Puis, au mois d’avril, la Chine accueillera la COP15 sur la bio­di­ver­sité à Kun­ming (Chine). Lors de ce som­met, les chefs d’E­tat devront notam­ment réalis­er le désas­treux bilan des objec­tifs d’Aichi : une décen­nie d’en­gage­ments non-tenus pour le vivant.

Fin 2020, l’ONU dres­sait un con­stat amer de ces dix années dans son 5ème rap­port sur les Per­spec­tives mon­di­ales de la diver­sité biologique. Les 20 objec­tifs généraux sont divisés en 60 critères de réus­site ; seuls six critères ont été atteints, comme par exem­ple la meilleure iden­ti­fi­ca­tion d’e­spèces envahissantes, le dou­ble­ment des ressources allouées à la bio­di­ver­sité, ou un élar­gisse­ment des espaces pro­tégés. 38 critères ont con­nu une cer­taine amélio­ra­tion, et 13 sont restés inchangés.

Les objec­tifs majeurs, comme le ralen­tisse­ment de la dégra­da­tion des habi­tats naturels (dont la déforesta­tion), la préser­va­tion des écosys­tèmes marins, la ges­tion durable des stocks de pois­sons et des ter­res agri­coles ne sont pas du tout atteints. D’après le rap­port, 23,7% des espèces vivantes con­nues, soit un mil­lion d’en­tre elles, sont men­acées de dis­pari­tion « si les fac­teurs de perte de bio­di­ver­sité ne sont pas réduits de manière dras­tique ».

Don­née par­ti­c­ulière­ment mar­quante : les sommes dépen­sées chaque année par les Etats pour sub­ven­tion­ner des activ­ités néfastes pour la bio­di­ver­sité — agri­cul­ture inten­sive, éner­gies fos­siles, etc. — s’élèvent à 500 mil­liards de dol­lars (422 Md€). Env­i­ron six fois plus que les 78 à 91 Md$ (65 à 77 Md€) déboursés pour la pro­tec­tion de la nature.

« L’humanité se trou­ve à la croisée des chemins pour ce qui est de l’héritage que nous souhaitons laiss­er aux généra­tions futures », aler­tait le doc­u­ment. Le mes­sage aura-t-il été enten­du ?