Chères toutes et chers tous,
Vert s'apprête à hiberner pendant les deux prochaines. Mais nous ne vous laissons pas en plan pour autant !
Entre Noël et nouvel an, vous recevrez une édition spéciale qui rassemblera les meilleures nouvelles de 2021 sur l'écologie. De quoi se remettre un peu de baume au cœur avant de se tourner vers 2022.
En matière d'argent, comme de climat, on ne prête qu'aux riches; il s'agirait de faire cesser cette triche.

Lucas Chancel : « Il y a une radicalité extrême dans le fait de continuer à soutenir des entreprises polluantes »
Lucas Chancel est économiste et codirecteur - aux côtés de Thomas Piketty - du Laboratoire sur les inégalités mondiales, qui vient de publier son tonitruant nouveau rapport montrant le rôle disproportionné des plus riches dans la crise climatique. Dans un entretien à Vert, il prône la taxation massive des investissements les plus polluants pour réduire les inégalités de toute urgence et diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
En quoi le changement climatique est-il « largement une question d’inégalités » comme vous l’avez récemment avancé ?
Les effets du changement climatique touchent les pays pauvres en premier. Le Bangladesh est confronté à la montée des eaux et certains petits pays insulaires vont même disparaître. Il y a aussi de grandes inégalités à l’intérieur des pays, même des pays riches. Les populations les plus vulnérables ont plus de mal à se reconstruire lorsqu’un choc vient heurter leurs conditions de vie [...] Si vous n’avez rien sur votre compte bancaire, et que l’assurance arrive au bout d’un ou deux ans, vous n’allez pas pouvoir reconstruire votre maison ; vous avez plus de mal à retrouver un emploi. Il y a une inégalité de vulnérabilité face au choc, ce qu’on appelle la résilience.
Par ailleurs, les plus aisés contribuent davantage à la pollution que les plus pauvres. C’est vrai au niveau des pays : les Etats-Unis polluent plus que le Brésil. C’est aussi le cas à l’intérieur des pays : il y a des petits émetteurs aux Etats-Unis et de très gros émetteurs au Brésil. On prend peu en compte cette inégalité dans la gestion du problème climatique. En France, la taxe carbone était la même pour tout le monde alors qu’elle pèse sur le budget des ménages les plus pauvres dès lors qu’ils n’ont pas d’alternative à l’utilisation de la voiture. Ça crée des situations de tensions, comme on l’a vu avec les gilets jaunes.

En quoi consisterait une taxe carbone égalitaire ?
Le problème est complexe. Une chose est sûre, c’est que la manière de mettre en place la taxe carbone en 2018 n’était pas la bonne [elle s'était traduite par une hausse des prix des carburants pour les usagers - Ndlr]. Une taxe sur des populations qui, souvent, n’ont pas d’alternative à la voiture, engendre un bilan climatique nul. A la place, on aurait pu envisager de redistribuer ces recettes vers les ménages précaires pour les aider dans une phase de transition où l’on développe la voiture électrique, les transports en commun, la rénovation des logements. [...] En Colombie-Britannique, les Canadiens ont mis en place une taxe carbone en 2008 et ils utilisent une partie des recettes pour verser des chèques aux ménages populaires et aux classes moyennes. Ça a marché, puisqu’il n’y a pas eu de mouvement social majeur.
Ce que je propose dans ce rapport c’est d’aller encore plus loin en taxant les investissements les plus polluants. Si vous avez 100 000 euros de patrimoine ou d’actifs financiers – assurance vie, parts dans une entreprise, etc, vous êtes dans les 50% les plus riches de la population française. Si vous décidez de placer cet argent dans des secteurs plus ou moins polluants, cela a des conséquences énormes sur l’économie.
La suite de ce riche entretien est à lire sur vert.eco

· Lundi, au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), la Russie s'est opposée à un projet de résolution qui établissait un lien entre le bouleversement du climat et la sécurité. Pourtant, le changement climatique présente « un effet multiplicateur et constitue un facteur d’aggravation de l’instabilité, des conflits et du terrorisme », a indiqué Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU. Portée par le Niger et l'Irlande et soutenue par 113 pays, la résolution prévoyait l'écriture d'un rapport, sous deux ans, au sujet de l'influence du climat sur les conflits, ainsi qu'une meilleure formation des personnels chargés du maintien de la paix. - Le Monde (abonnés)
· Mardi matin, à l’aube, plusieurs centaines d’agriculteur·rices se sont rendu·es devant le Conseil d’Etat, à Paris, pour brûler des palettes et dénoncer la « républiques des juges ». En juillet dernier, le Conseil avait annulé plusieurs dispositions qui fixaient de nouvelles distances minimales entre zones d’épandages de pesticides et habitations : cinq mètres pour les cultures basses, dix mètres pour les cultures hautes, 20 mètres lorsque sont employés des produits cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Édictées par le gouvernement début 2020, ces nouvelles règles ont été jugées « insuffisamment protectrices » par la plus haute juridiction administrative. Rassemblé·es à l’appel de la FNSEA, le syndicat majoritaire, les manifestant·es se sont opposé·es au re-durcissement de la réglementation qui vise à éloigner les populations des pesticides. - France Info


38°C
C'est chaud. Mardi, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a validé le record absolu de température dans l’Arctique, avec une marque de 38 degrés Celsius atteinte le 20 juin 2020 à Verkhoïansk (Russie). Une température « méditerranéenne » constatée dans cette ville sibérienne située à 115 kilomètres au nord du cercle polaire. Comme le rappelle l’organisation, les températures moyennes se sont régulièrement hissées jusqu’à dix degrés au-dessus des normales de saison au cours de l’été dans la Sibérie polaire, « nourrissant des incendies dévastateurs, contribuant à la fonte de glace marine » et participant à faire de 2020 l’une des trois années les plus chaudes jamais mesurées. L'OMM cherche désormais à homologuer les 54,4°C recensés dans la Vallée de la mort (Etats-Unis), en 2020 et 2021, qui pourraient constituer un nouveau record mondial absolu. - OMM (anglais)

Amazon abandonne son projet de méga-entrepôt dans le Gard
Amazing. Lundi soir, le maire de Fournès (Gard), a annoncé l’abandon définitif d’un projet de méga-entrepôt Amazon, après une récente décision de justice qui condamnait le site.
L’immense centre de colis de 38 000 m² du géant du e-commerce ne verra pas le jour dans la petite commune gardoise de Fournès. Son maire, Thierry Boudinaud, a fait part de sa déception, au moment d’annoncer le retrait définitif du projet lors d’une conférence de presse, ce lundi 13 décembre : « Ce projet représentait des créations d’emplois. Or, nous sommes dans un bassin de vie qui en avait grandement besoin », s’est-il désolé auprès de Ouest-France.
Pour de nombreux citoyens, il s’agit d’une éclatante victoire. « On est ravis, enchantés et soulagés que cette décision ait été prise », se réjouit auprès de Vert Vincent Nouzille, président de l’association locale Prima Vera, engagée contre l’implantation du site depuis plusieurs années. « C’était un non-sens économique et environnemental. »
L’abandon du projet ne faisait plus vraiment de doute depuis le 9 novembre dernier, date à laquelle le tribunal administratif de Nîmes avait annulé l’autorisation environnementale délivrée en 2019 par le préfet. Une décision motivée par la présence d’une quinzaine d’espèces protégées sur le territoire prévu (dont la pie-grièche), ainsi que la proximité du pont du Gard, ouvrage classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Enfin, le tribunal a jugé que les contreparties promises par le promoteur - notamment la création de 600 emplois - n’étaient pas suffisamment étoffées pour justifier le classement du site en projet « d’intérêt public majeur ». Il restait au promoteur du projet, l’entreprise Argan, la possibilité de faire appel de ce jugement. Celle-ci y a finalement renoncé, vendredi dernier. « Le tribunal administratif avait clairement fermé les portes au projet mais on est soulagés que le promoteur ne joue pas la montre au tribunal pour faire traîner le dossier », souffle Vincent Nouzille.
Sur Twitter, l’avocate et ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage, dont le cabinet représentait les opposant·es au projet, s’est dite « heureuse » d’avoir obtenu la fin du projet de Fournès.
Fin octobre, un autre projet d’implantation d’Amazon avait capoté à Montbert, près de Nantes (L’Hebdo de Sèvre et Maine). Cette décision était, là aussi, le fruit d’une longue mobilisation locale contre l’installation de la multinationale américaine.

Comment faire un cadeau écolo?
Vous avez envie de bien faire mais vous avez du mal à songer à un cadeau qui ne soit pas entièrement fait de plastique? Seconde main, présents immatériels… Dans cette courte vidéo, l’ONG Greenpeace offre une série de suggestions pleines de bon sens pour gâter les vôtres sans gâter la planète.

+ Loup Espargilière et Juliette Quef ont contribué à ce numéro