Tu méthane!


Eternel second derrière le CO2, c'est le Raymond Poulidor des gaz à effet de serre. Pourtant, le méthane continue son ascension vers les sommets du réchauffement climatique. 

Le méthane, au plus haut depuis 800 000 ans 

Le CH4, c'est odieux. Après avoir connu un plateau, les émissions mondiales de méthane, puissant gaz à effet de serre, atteignent de nouveaux sommets

Moins connu que le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) a pourtant un impact majeur sur le climat. D'une durée de vie plus courte, son potentiel de réchauffement est 86 fois plus important que le CO2 sur 20 ans ; 28 fois plus sur 100 ans. Les émissions de CH4 seraient responsables de plus d'un cinquième du réchauffement climatique depuis l'ère préindustrielle (milieu du 18è siècle).

Or, après une stagnation dans la première moitié des années 2000, les émissions de méthane ont augmenté de 9 % entre la période 2000-2006 et 2017, atteignant un niveau inégalé depuis 800 000 ans. C'est ce que révèle la deuxième édition du Global methane budget, vaste bilan publié mercredi 15 juillet, par une équipe internationale de scientifiques réuni•e•s au sein du Global Carbon Project (GCP). 

Cette hausse est majoritairement due aux activités humaines, responsables de 60% des émissions de méthane. Parmi les principales sources : la fermentation gastrique et les déjections des animaux d'élevage (30%), les fuites lors de l'extraction ou la distribution de pétrole et de gaz (22%), la gestion des déchets (18%) ou l'extraction de charbon (11%). Les zones humides, lacs, ou les termites sont à l'origine des émissions naturelles de CH4.

Les puits de méthane, comme les sols composés de bactéries se nourrissant de CH4 ou l'atmosphère, ne suffisent plus à absorber le surcroît d'émissions d'origine humaine. Laissant craindre que nous empruntions le chemin d'un réchauffement à 3 ou 4 degrés d'ici 2100 par rapport à l'ère préindustrielle. Mince lueur d'espoir : puisque le méthane a une courte durée de vie, la réduction de ses émissions aurait des effets rapides sur le climat. Plus d'informations dans le Monde (abonnés). 

• L'État français a six mois pour réduire drastiquement la pollution de l'air, sous peine d'une astreinte de 10 millions d'euros par semestre de retard. C'est la décision inédite prise par le Conseil d'Etat le 10 juillet. En 2017, la plus haute juridiction administrative avait déjà enjoint le gouvernement à ramener les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) et de particules fines (PM10) en-dessous des valeurs limites européennes dans 13 territoires – Le Monde

• L'Autorité environnementale (AE) étrille le projet pharaonique du futur terminal 4 de l'aéroport de Roissy (Val-d'Oise). Impact des vols sur les émissions de CO2 pas pris en compte ; inadéquation avec les objectifs de l'accord de Paris ; absence d’incidences sur les milieux et sites Natura 2000 des environs « pas démontrée » ; l'AE demande à Aéroports de Paris de revoir sa copie - Libération

• Plus de dix ans de retard, un coût initialement prévu de 3,4 milliards d'euros qui s'est envolé à plus de 19 milliards ; une électricité deux fois plus chère que celle produite aujourd'hui ; dans un rapport publié jeudi 9 juillet, la Cour des comptes dézingue le chantier de réacteur nucléaire EPR de troisième génération de Flamanville (Manche) – Le Monde (abonnés)

• Le président et le vice-président de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne ont été condamnés à des peines de prison ferme pour la construction illégale du barrage de Caussade : une immense retenue d'eau 378 mètres de large et 12,5 mètres de haut, bâtie malgré l'interdiction des autorités, qui a généré des pollutions et des atteintes aux milieux aquatiques. Des élus locaux ont tout de même obtenu de l'Etat que la retenue d'eau serve à irriguer les exploitations alentours durant cet été - Bastamag

• Co-présidente du comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat, Laurence Tubiana dénonce le « gouffre abyssal entre les discours et les actes » du gouvernement en matière de climat. Un temps pressentie pour devenir la nouvelle ministre française de l'écologie, elle « croît davantage aux mobilisations citoyennes pour conduire ce changement qu’à un casting gouvernemental » Huffington Post

1 942 euros

C'est, en moyenne, ce que les constructeurs français ont payé en publicité pour chaque voiture qu'ils ont vendue en 2019. D'après les chiffres du cabinet spécialisé Kantar média, cités par les Echos, le secteur automobile a dépensé 4,3 milliards d'euros de réclame pour écouler 2,21 millions de véhicules. De quoi apporter de l'eau au moulin des associations écologistes qui réclament l'encadrement de la publicité pour les produits les plus néfastes pour le climat. 

Le déclin de l’industrie pétrolière américaine fait l'essor des fuites de méthane

Les compagnies pétrolières des Etats-Unis connaissent des faillites en série depuis plusieurs mois. Laissant craindre que leurs puits abandonnés ne continuent de relâcher des quantités colossales de méthane dans l'atmosphère

Après une décennie d'euphorie, le secteur du pétrole de schiste aux Etats-Unis est en train de connaître une chute brutale. La demande s'est effondrée en raison des mesures de confinement prises à travers le monde lors de ces derniers mois. Un événement qui s'est ajouté à la guerre des prix sans merci menée par la Russie et l'Arabie Saoudite au pétrole de schiste américain depuis le printemps 2020. Résultat : les investisseurs s'enfuient et les producteurs mettent la clef sous la porte. D'après le cabinet spécialisé Rystad Energy, près de 250 compagnies pétrolières et gazières pourraient se déclarer en faillite dans les mois à venir, explique le New York Times. 

Un puits de pétrole © Dr Pepper Scott

Problème : les puits de pétrole occasionnent d'importantes fuites de méthane. Et les fermer coûte plusieurs millions de dollars. Par le passé, de nombreuses compagnies en faillite ont laissé leurs sites de production à l'abandon, faute d'avoir provisionné le budget nécessaire à la remise en état des lieux. 

La crainte de voir les pétroliers laisser fuir leurs puits est d'autant plus légitime que les patrons de plusieurs compagnies en faillite se sont octroyés des bonus records avant de fermer boutique : 13,15 millions d'euros accordés aux cadres dirigeants de Whiting Petroleum en avril ; 22 millions pour ceux de Chesapeake Energy, pionnier du pétrole de schiste. 

Les Etats-Unis compteraient ainsi plus de trois millions de puits de gaz et de pétrole abandonnés, dont deux millions n'auraient pas été rebouchés. De quoi générer l'équivalent des émissions annuelles de 1,5 millions de voitures, d'après les chiffres gouvernementaux rapportés par le New York Times.

La bonne nouvelle, en revanche, c'est que le pic de production du pétrole de schiste pourrait avoir été atteint. Selon Matt Gallagher, directeur général de Parsley Energy, l’un des plus grands pétroliers du Texas, la production n'atteindra plus jamais les sommets connus à la fin des années 2010. A lire dans le New York Times (en anglais). 

• 37% des locataires du parc social français - soit 1,59 million de ménages - ont du mal à se chauffer faute de moyens, d'après l'Observatoire national de la précarité énergétique. C'est aussi le cas de 26% des locataires du privé – Actu environnement

• Le Grand Hamster d’Alsace, la baleine franche de l'Atlantique nord et plus d'un tiers des espèces de lémuriens sont désormais en danger critique d’extinction, selon la dernière édition de la liste rouge de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), publié mercredi 9 juillet. L'état de la biodiversité mondiale empire. Dans le détail, sur 120 372 espèces animales recensées, 32 441 sont menacées d’extinction - La Croix 

• Le bison européen va faire son come-back au Royaume-UniOn ne l'y avait plus vu depuis 6000 ans. En 2022, trois femelles et un mâle en provenance de Pologne seront relâchés dans une réserve naturelle du comté du Kent – Courrier International

• Le réseau social Facebook refuse de censurer les fake news sur le réchauffement climatique, comme il le fait pour d’autres sujets. Pourquoi ? Car tout ce qui concerne le climat relève de l’ « opinion », selon la plateforme de Mark Zuckerberg. Une brèche dans laquelle s'engouffrent les lobbies climatosceptiques - New York Times (en anglais)

Le whopper allégé en méthane de Burger King

Un burger écolo qui contient de la viande de bœuf : c'est la promesse sous forme d'oxymore que fait, sans rire, le géant Burger King (BK). 

Dans un clip aussi sérieux que cette innovation, la multinationale à l'origine du « whopper » annonce avoir trouvé la solution pour réduire de 33% les émissions de méthane de ses bœufs. Il suffirait de leur administrer chaque jour une recette contenant 100 grammes de citronnelle. Ceux-ci rejetteraient alors moins de méthane à travers leurs rots et flatulences. 

Le clip promotionnel du whopper "écolo" de Burger King

Hélas, le géant de l'agroalimentaire oublie opportunément de dire que le méthane ne constitue pas le seul gaz que rejette l'agriculture intensive américaine, dont les machines, notamment, sont très émettrices de CO2. Au total, ce secteur produit plus de 10% des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis. 

Et il n'y a pas que les émissions directes : l'élevage pour la viande est l'un des principaux responsables de la déforestation dans les forêts tropicales, comme l'Amazonie. 100 g de protéines de bœuf nécessitent en moyenne 164 m2 de terrain par an, contre 2,2 m2 pour 100 g de protéines de tofu, explique le chercheur Romain EspinosaSelon le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), la déforestation produirait 12% des émissions mondiales de CO2. 

Enfin, la production d'un kilo de viande de bœuf nécessite 15 000 litres d'eau. Le seul burger écolo, c'est celui qui ne contient pas de viande. 

Center parcs abandonne son projet à Roybon

Après un feuilleton de plus de dix ans, Center parcs abandonne son projet de domaine à Roybon (Isère). 

C'est ce qu'a annoncé, mercredi 8 juillet, le groupe Pierre et vacances, promoteur du projet. Depuis 2007, celui-ci souhaitait bâtir un village de vacances dans la forêt de Chambaran comptant mille cottages, des commerces, des restaurants, et un vaste espace aquatique. 

Multiplication des recours juridiques, zone à défendre (ZAD) installée sur le site depuis 2014 ; le groupe a finalement plié sous le poids des oppositions. « On était dans une impasse, a expliqué à l'AFP Gérard Brémond, président et fondateur de Pierre et Vacances. C’était devenu inextricable entre l’occupation du site, les changements de réglementations, les autorisations pour les permis de construire, pour le défrichement, la loi sur l’eau, la préservation des espèces, et les lenteurs de la justice dans les différents stades, la cour d’appel, le tribunal administratif, le conseil d’Etat. Tout cela se superposait, c’était interminable ». 

Ailleurs en France, trois autres projets de Center Parcs sont toujours contestés localement : l’extension du domaine de Bois-Francs (Eure), le projet de Poligny (Jura) et celui du Rousset (Saône-et-Loire). A lire dans le Dauphine Libéré (AFP). 

Des vignerons à la recherche des cépages du futur 

Un cépage se tourne. Les vins français sont devenus de plus en plus forts au fil des dernières décennies en raison de l'élévation des températures due au dérèglement climatique. Craignant pour l'avenir de leurs domaines, des vignerons pyrénéens se sont lancés dans la culture de cépages anciens qui pourraient leur permettre de produire de bons vins malgré le réchauffement, comme le raconte le Monde dans cette vidéo.

© Le Monde