Chères toutes et chers tous,
🗳️ Les urnes ont parlé. À 63,4%, vous avez choisi que nous répondions à la question «Le chauffage au bois est-il écologique ?» dans le Vert du faux de la semaine prochaine. Rendez-vous dans l'édition de jeudi pour la réponse.
Pendant que la guerre en Ukraine détruit la forêt, l’eau et les sols, à Grenoble, la pollution de l’air désole.

Un an de guerre en Ukraine et des dégâts irréparables sur l’environnement
«Une catastrophe dans la catastrophe». Le gouvernement ukrainien estime à près de 35,3 milliards de dollars les dommages causés à l'environnement par la Russie. Derrière ce chiffre, des bouleversements majeurs, et parfois irréversibles, pour la population et les écosystèmes.
200 000 hectares de forêts sont déjà partis en fumée, selon les autorités ukrainiennes. En plus des émissions de carbone et de l’impact sur la biodiversité, ces feux massifs menacent l’un des derniers poumons verts d’Europe.
Une guerre «toxique»
Les attaques touchent aussi les infrastructures industrielles très présentes à l’Est du pays, sous occupation russe. Les explosions disséminent un cocktail de composés chimiques qui provoque d’importantes pollutions. Près de 4,6 millions d’Ukrainien·nes peinent à avoir accès à l'eau potable, selon les autorités ukrainiennes. La directrice du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) évoque cette semaine une «guerre littéralement toxique».

La biodiversité, victime oubliée de la guerre
En plus des populations touchées, les combats ont bouleversé les écosystèmes du pays. Près de 30% du territoire ukrainien est miné, faisant fuir les grands mammifères qui se retrouvent en compétition avec les humains pour l’accès aux ressources. «Comme cet été avec les incendies en Gironde, on observe une augmentation du nombre d’accidents de circulation avec la faune sauvage», illustre Céline Sissler-Bienvenu, responsable française du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). «Les petits mammifères, eux, ne peuvent pas fuir et certaines espèces de rongeurs, comme le lemming des steppes, auraient déjà disparu à cause de la guerre.» Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait demandé la reconnaissance d’un «écocide» perpétré par la Russie, après la découverte de milliers de dauphins morts dans la mer Noire en décembre dernier.
Les regards se tournent déjà vers la reconstruction
Si aucun crime environnemental n’existe encore en droit international, l’attention se porte tout de même sur les réparations après le conflit. «La Convention de Genève stipule que l'environnement ne peut pas être endommagé pendant les hostilités», assure Tetiana Shamina, du Groupe ukrainien de conservation de la nature. L’environnement pourrait bien revenir à l’agenda par le biais des émissions de gaz à effet de serre. Une étude de l’ONG Climate Focus montre que plus de la moitié de la pollution liée à la guerre interviendra lors de la reconstruction des infrastructures civiles et non pendant le conflit. Les auteur·ices pointent notamment le risque d’effets rebonds, en reconstruisant des bâtiments plus grands, car plus proches des normes modernes.

· La «responsabilité sans faute» de l’État dans la mort du militant écologiste Rémi Fraisse dans le Tarn en 2014 a été confirmée par la cour administrative d’appel de Toulouse (Haute-Garonne), mardi. Le jeune homme de 21 ans avait été tué par une grenade lancée par un gendarme dans le cadre d’affrontements sur le chantier d’un barrage controversé à Sivens. Le tribunal a écarté l’existence d’une faute commise par les forces de l’ordre. - La Dépêche du midi
· La ville de Grenoble a décidé d’attaquer l’État en justice pour son «inaction» vis-à-vis de la pollution de l’air, a annoncé la collectivité, jeudi. Cette dernière réclame la refonte du plan de protection de l’atmosphère (PPA) de l’agglomération grenobloise, approuvé fin 2022 par la préfecture de l’Isère mais jugé insuffisant par le conseil municipal de la ville. - Libération
· Ce vendredi, la première ministre Élisabeth Borne devrait annoncer un plan pour le transport ferroviaire à hauteur de 100 milliards d’euros d’ici à 2040. Un investissement qui participera notamment au développement de dix «RER métropolitains» dans les grandes agglomérations françaises. - Ouest-France (AFP)



The Guardian et le photographe britannique Robert Stansfield nous proposent une série de photos magnétiques prises lors d’une plongée nocturne en eaux profondes autour de l’île de Cozumel, au Mexique. Dans l’obscurité, on contemple des organismes marins aux couleurs vibrantes et aux formes surprenantes. Des découvertes qui ne sont pas sans rappeler l’imaginaire extraterrestre de certains films de science-fiction, dont le deuxième opus d’Avatar par exemple. Vous pouvez retrouver la galerie de photographies juste ici.

Le Royaume-Uni a testé la semaine de quatre jours avec succès
Pendant six mois, 61 entreprises et 2 900 salarié·es britanniques ont expérimenté différents aménagements du temps de travail sans toucher aux salaires. Les résultats, très positifs, révèlent un enthousiasme partagé tant par les employé·es que par les entreprises.
Les temps changent : pendant que le gouvernement français est en passe de nous faire travailler plus longtemps, la réduction du temps de travail est en train de faire ses preuves chez nos voisins britanniques, pourtant plus libéraux. De juin à décembre 2022, une soixantaine d’entreprises d’horizons variés a accepté de tester la semaine de quatre jours. Sous le chaperonnage de l’ONG 4 Day Week Global, elles ont pu choisir entre différents formats tels que l’adoption du vendredi chômé pour tous·tes les salarié·es, le choix d’un jour « off » laissé à la discrétion de chacun·e, la possibilité de privilégier des journées plus courtes ou encore d’augmenter les vacances de façon à travailler en moyenne 32 heures hebdomadaires sur l’année.
À l’issue de l’expérimentation, 56 entreprises – soit 92% du panel – ont décidé de prolonger l’expérience. 18 sont même déjà sûres de pérenniser le principe d’une réduction du temps de travail. Leur crainte de perdre en compétitivité ou en chiffre d’affaires à été largement balayée. En moyenne, les revenus des entreprises participantes ont augmenté de 1,4 %. Du côté des salarié·es, l’analyse qualitative réalisée par des chercheur·ses de l’université de Cambridge, du Boston College et du groupe de réflexion Autonomy témoignent de gains non négligeables en matière de bien-être. 39% des salarié·es interrogé·es s’estiment moins stressé·es et 71 % affichent un niveau de fatigue professionnelle en baisse.
Des résultats qui ne surprennent pas l’eurodéputé Pierre Larrouturou, défenseur infatigable de la semaine de quatre jours (voir nos articles ici et là). « Le sujet a longtemps été tabou en Europe mais l’épidémie de covid-19 a fait bougé notre rapport au travail avec la volonté d’un meilleur équilibre entre travail et temps libre », assure-t-il. « Aujourd’hui, le sujet essaime en Espagne, en Belgique et gagne même l’attention des eurodéputé·es ».

Immersion dans les élevages intensifs de poussins obèses
De quoi se faire plumer. En partenariat avec l’association L214, le duo de comédien·nes Ami des lobbies s’est intéressé au leader français du poulet, le groupe LDC. Méthodes d’abattage, densité d’animaux au mètre carré, souches utilisées pour augmenter la croissance des poussins : immersion dans un faux élevage intensif de volailles pour découvrir les conditions de vie des poulets qui s’entassent sur les tables des Français·es.

+ Anne-Claire Poirier, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.