Chères toutes et chers tous,
Nous avons le plaisir d'apprendre que notre confrère Grégoire Souchay a été relaxé par le tribunal judiciaire de Rodez (Aveyron), ce jeudi. Il comparaissait devant la justice en même temps que des militant·es «faucheurs d'OGM», pour avoir eu le malheur de couvrir une de leurs actions menée en 2021 ; il faisait seulement son travail de journaliste pour le média Reporterre, qui dénonce une entrave à liberté d'informer. Nos salutations à Grégoire.
900. Vous êtes plus de 900 à avoir rejoint le club de Vert en moins de 10 jours, nous témoignant de votre emballement pour le projet que porte votre média. Quelle fête !
Dès que la barre des 1000 membres sera franchie, chaque nouveau soutien contribuera à financer de nouveaux postes de journalistes, pour mieux couvrir les sujets sur l'agriculture, l'eau et la biodiversité. Imaginez l'allure que ça aurait !
Pour enclencher la transition à l'heure où le climat s'emballe, il nous faudra un peu plus de cent balles.

En Loire-Atlantique, cinq collectifs s’allient pour lutter contre les carrières de sable
En marche carrière. Soutenus par les Soulèvements de la terre, cinq collectifs lancent un appel à un rassemblement commun ce week-end pour lutter contre le développement des carrières de sable et la bétonisation de la métropole nantaise.
À Saint-Colomban, au sud de Nantes, le collectif La Tête dans le sable lutte contre l’extension de deux carrières de sable. Idem à Soudan, plus au nord, où 44 hectares de terres agricoles sont menacés par l’ouverture d’une autre carrière de sable, dénonce l’association Le cri du bocage. À l’ouest, les membres de Carrière du Tahun militent contre sa ré-exploitation. Enfin, à une dizaine de kilomètres, le collectif Camil refuse l’installation d’une usine à bitume, initialement prévue pour le projet avorté d’aéroport à Notre-Dame des Landes. Ce weekend, toutes et tous se sont réunies sous la bannière «Fin de carrière 44».

Tous militent contre l’artificialisation de la métropole nantaise, alimentée par les carrières de granulat (sable, gravier, cailloux…). À vélo, en tracteurs ou en voiture, deux convois de manifestation se dirigeront vers Nantes dimanche. «On reproduit le trajet d'un grain de sable de nos campagnes vers la ville», explique Sylvain Jaillot, membre de l'association La tête dans le sable.
À Nantes, les opposant·es au projet d’un nouveau CHU sur l’île de Nantes, décrié pour la baisse du nombre de lits, la suppression de 400 emplois et le coût environnemental d’une construction complète, viendront grossir les rangs du cortège. Une convergence des luttes sociales et environnementales qui s’est faite par hasard, mais qui relève du bon sens, estime Sylvain Jaillot : «Là aussi, l’utilisation du béton est absurde».
Les opposant·es à l’industrie du ciment payent parfois cher leur engagement. Lundi, 15 personnes avaient été placées en garde à vue, suspecté·es d’avoir participé à une action contre une cimenterie Lafarge au nord de Marseille en novembre dernier. Elles et ils ont été finalement remis·es en liberté jeudi, après de lourdes investigations, sans qu’aucune charge n’ait, pour l’heure, été retenue. Plus d'informations dans la version XXL de cet article.

· Pour la première fois en France, une entreprise était jugée, ce mercredi, pour avoir acheté du bois illégal issu d’Amazonie. Une amende de 40 000 euros a été requise par la procureure du tribunal correctionnel de Châteauroux contre les Etablissements Robert, exploitant forestier de l’Indre accusé par Greenpeace d’avoir fait affaire avec des compagnies frauduleuses au Brésil. Attendue en septembre, la décision du tribunal pourrait créer un précédent pour d’autres produits issus de la déforestation. - Le Monde
· Annoncé depuis plusieurs mois, le phénomène climatique El Niño est bien de retour, confirme ce jeudi l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). Ce phénomène climatique fait grimper les températures et contribue à intensifier certains événements météorologiques extrêmes. Relisez notre article pour comprendre les enjeux du retour d’El Niño.
· C’est une découverte inédite : une femelle crocodile en captivité est parvenue à pondre des œufs toute seule, rapporte une étude parue dans la revue Biology Letters. Captive depuis 16 ans au Costa Rica, elle a pondu 14 oeufs, dont un hébergeait un fœtus complètement formé qui n’a pas (sur)vécu. Les œufs n’ont pas éclos, mais ce processus de ponte sans l’aide d’un mâle, appelé «naissance vierge» intéresse les scientifiques, car il suggère que les ancêtres des crocodiles auraient pu être capables de s’auto-reproduire. - The Guardian


+0,2°C
À prendre au premier degré. C’est du jamais-vu : le rythme du réchauffement climatique s’établit désormais à +0,2°C par décennie, révèle une vaste étude de scientifiques renommé·es parue jeudi dans la revue Earth system science data. Au cours de la dernière décennie (2013-2022), le réchauffement a atteint une moyenne de +1,14°C par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle), atteignant +1,26°C en 2022. Le budget carbone restant pour respecter l’Accord de Paris (soit le «stock» de CO2 à ne pas relâcher afin de conserver une chance de limiter le réchauffement à +1,5°C) a été divisé par deux, par rapport à l’estimation du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de 2021 - passant de 500 milliards de tonnes à 250. Autrement dit, au rythme actuel (plus de 50 milliards de tonnes de CO2-équivalent émises chaque année par les humains), ce budget sera épuisé en cinq ans.


François Ruffin : «Il nous faut une économie de guerre climatique»
Comment financer et enclencher une transition écologique juste et efficace? Dans cet entretien à Vert, François Ruffin appelle à mettre capitaux, compétences et travail au service d’une bifurcation de la société. Rénovation thermique et crise du logement, voiture, énergie, usages de l'eau... Tour d'horizon des chantiers sociaux et écologiques qui attendent la France avec le député LFI-Nupes de la Somme.
Quand allez-vous officiellement annoncer que vous êtes candidat pour la présidentielle de 2027 ?
On a des choses beaucoup plus sérieuses à traiter : que ferait une équipe de gauche quand elle arriverait au pouvoir face à l’enjeu majeur de la crise climatique qui est notre horizon, notre mur, notre soleil noir ? L’une des raisons pour lesquelles on en parle peu, c’est parce que c’est comme la mort. Si tu te réveilles le matin et que tu penses à la mort, tu ne vis plus. Je suis là pour ça.

La France est très en retard sur ses objectifs de baisse de ses émissions de gaz à effet de serre, qui deviennent encore plus ambitieux cette année. Par où on commence pour les réduire ?
Il faut commencer par le dossier du logement. Actuellement, on rénove 2 500 passoires thermiques par an. Comme il y en a cinq millions en France, il nous faudrait 2 000 ans à ce rythme pour rénover tous les logements. Il faut multiplier la vitesse par dix, par cent. Ce ne sont pas des dépenses, c’est de l’investissement. On sera gagnant sur nos factures, sur les gaz à effet de serre, sur la santé des gens, sur l’emploi local et sur l’indépendance énergétique.
Ensuite, il nous faut la main-d’œuvre. De la même manière qu’on a des campagnes pour l’armée «Engagez-vous, défendez la patrie», on devrait avoir des messages : «engagez-vous dans le bâtiment, devenez plombier, couvreur, maçon, défendez notre pays, sauvez la planète». C’est-à-dire donner une fierté à ces jeunes qui vont dans le bâtiment. Qu’ils se disent : «j’y vais parce que j’ai une vocation, pour l’avenir». C’est le volet spirituel.
Lisez la suite de notre grand entretien avec François Ruffin sur vert.eco

«Cui-cui», le fanzine d’exploration du vivant
Avec ses pages colorées et ses «histoires de non-humains racontées par des humains», le nouveau «faon-zine» Cui-cui nous entraîne dans une balade punk et onirique de printemps. Ici, une Ode à l’ortie, un portrait de la huppe fasciée ou de la lychnis - la fleur de coucou ; là, l’histoire d’une fleur qui voulait être aimée par une abeille solitaire. 32 pages d’une science enrobée de poésie, joyeuse et drôle pour s’émerveiller tout en se cultivant. Pour le commander, c’est là que ça se passe.
Cui-cui, le fanzine de l’exploration du vivant, Rennes, juin 2023, 32p, 8€

+ Loup Espargilière, Alban Leduc, Johanne Mâlin et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.