La quotidienne

Remorques et baleines

Chères toutes et chers tous,

🤔 Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous vous proposerons de choisir entre deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


Les mastodontes des mers chantent gaiment, pendant que les géants de la route menacent de nous percer les tympans.


Abandon du pass rail illimité : Emmanuel Macron dit «banqueroute»

Il avait dit «banco» : Emmanuel Macron enterre finalement le projet de pass rail illimité à 49 euros par mois.

En septembre 2023, sur le plateau du journaliste et youtubeur Hugo Décrypte, le président s’était dit «favorable» à la création d’un pass illimité pour accéder au réseau ferroviaire national (TGV, Intercités et TER), sur le modèle de ce qu’avait fait l’Allemagne quelques mois plus tôt : «Toutes les régions qui sont prêtes à le faire avec l’État : banco», avait-il promis.

Le ministre des Transports d’alors, Clément Beaune, avait été chargé de s’en occuper. Jeudi dernier, son successeur, Patrice Vergriete a annoncé l’abandon de ce projet. Et promis à la place d’expérimenter un pass estival pour les jeunes sur les TER et Intercités.

Le motif ? Cette mesure coûterait trop cher aux régions. Une excuse bien pratique, à l’heure où l’État cherche à réaliser 30 milliards d’euros d’économies sur ses propres dépenses. Outre-Rhin, l’État fédéral paie la moitié de la facture de son «ticket Allemagne».

Emmanuel Macron en septembre 2023 sur le plateau de la chaîne Youtube Hugo Décrypte. © HugoDecrypte

Xavier Bertrand, président (LR) des Hauts-de-France, reste favorable à la mesure : «Quelle déception, quel recul ! Où est passée l'ambition initiale d'un "Pass Rail" tout le temps et pour tout le monde ? L'Etat ne veut finalement plus rien financer ?», a-t-il tempêté sur le réseau social X.

En résumé : 2020 : Instauration d’un pass jeunes TER à 29 euros par mois pendant l’été. 2022 : Abandon du pass jeune. 2023 : Emmanuel Macron veut un pass rail illimité à 49 euros. 2024 : Abandon du pass rail illimité et expérimentation d’un pass jeune estival à 49 euros.

Emmanuel Macron avait dit «banco» ; maintenant, il dit «banqueroute».

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· «Les prochains migrants, c’est nous», a alerté Fabienne Bonnet, la présidente de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, ce lundi. Elle s’est alarmée du manque de réponse de l’État face à la sécheresse qui touche son département depuis deux ans. La vigneronne a notamment plaidé pour une réglementation qui permettrait de sécuriser l’alimentation en eau des populations en développant le stockage. - Sud-Ouest

· Selon un bilan établi lundi, cinq personnes ont perdu la vie dans les intempéries qui ont touché les départements du Gard et de l’Hérault ces derniers jours. L’Yonne, le Puy-de-Dôme, la Charente-Maritime, la Gironde et les Pyrénées-Atlantiques sont toujours placés en alerte ce mardi en raison des risques de crues. - France Bleu

· Ce mardi, la Cour des comptes a rendu public son premier rapport sur l’adaptation de la France au changement climatique. Les magistrats y dressent le constat sévère d’un pays en retard, et attirent l'attention sur des conséquences «insuffisamment anticipées». Logements, transports, approvisionnements en eau, protection du littoral… Le document passe en revue les défis à relever qui réclament de lourds investissements - toutefois inférieurs au coût de l’inaction. - France Info

Méga-camions

Ils en font des tonnes. Ce mardi, le Parlement européen doit se prononcer sur un projet de directive qui permettrait à des «méga-camions», allant jusqu’à 60 tonnes et longs de 25 mètres, de circuler sur les routes du continent. En France, la limite est aujourd’hui de 44 tonnes. Le lobby du transport routier plaide que ces mastodontes, qui comptent deux à trois remorques, consommeraient moins de carburant par tonne convoyée. Celui du rail avertit qu’ils réduiraient le recours au fret ferroviaire, de quoi générer davantage d’émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de pollutions en tout genre, explique le journaliste Jean-Christophe Féraud dans sa chronique à Libération. Résultat du vote dans l’édition de demain.

Réforme de la sûreté nucléaire : bras de fer à l’Assemblée sur un projet controversé

Réaction atomique. Pour accélérer la relance de l’atome, le gouvernement veut fusionner les deux organes de contrôle et d’expertise, l’ASN et l’IRSN. Son projet est de retour cette semaine devant les députés après avoir été rejeté il y a un an. Entre-temps, la controverse a à peine faibli.

Désormais acquis au nucléaire, le gouvernement veut aller vite, très vite. Au point même de braquer ses alliés potentiels. Comme en février 2023 quand son projet surprise de réforme de la sûreté nucléaire fut présenté, puis rejeté à l’Assemblée (notre article). Contraint de prolonger la réflexion, le gouvernement a attendu un an avant de soumettre aux parlementaires un projet de loi plus abouti... mais à peine moins controversé.

C’est le cœur de la réforme ; l’absorption de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN - dédié à l’expertise et à la recherche) par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN - le gendarme du nucléaire), est censée accélérer les procédures tout en créant une nouvelle autorité plus puissante.

Ainsi, alors que l’ASN compte 500 fonctionnaires, elle est censée absorber 1 700 salarié·es de droit privé issus de l’IRSN d'ici au 1er janvier 2025. «C’est faire rentrer un très grand rond dans un tout petit carré», a indiqué le député LFI Maxime Laisney pour résumer ce casse-tête juridico-administratif. 

Des salarié·es de l’IRSN lors d’une manifestation en février 2023. © Anne-Claire Poirier

Le fait que les activités de recherche/expertise et la prise de décision soient réunies au sein d’une même structure reste aussi très mal perçu. À l’Agence de sécurité sanitaire (Anses), où c’est le cas, ce «mélange des genres» a contribué à «l’érosion de sa crédibilité», pointait récemment un rapport.

L’examen du texte à l’Assemblée nationale reste semé d’embûches pour le gouvernement. Lors de l’examen en commission la semaine dernière, les partis de gauche et les centristes du groupe Liot sont parvenus à faire supprimer l’article-clé du projet de loi qui acte la fusion entre l’ASN et l’IRSN. Mais le gouvernement entend remporter le bras de fer en séance publique.

Hier, une motion de rejet du texte a été confortablement repoussée, à 185 voix contre 83, grâce aux voix de la droite et du Rassemblement national. Le gouvernement a également promis de réintroduire l’article supprimé par amendement dès aujourd’hui.

Anne-Claire Poirier

Le mystère du chant des baleines un peu moins mystérieux

Ça bosse. Comment font les baleines pour chanter alors qu’elles n’ont pas de cordes vocales ? C’est à cette question que répond ce nouvel épisode du podcast de Radio France «Avec sciences» en s’intéressant au rôle du larynx chez les baleines à fanons, ces gigantesques mammifères qui vivent dans les eaux arctiques.

© Photo d’illustration Wikipedia

+ Jennifer Gallé et Anne-Claire Poirier ont contribué à ce numéro.