La quotidienne

Poudre de Berlinpinpin

Chères toutes et chers tous,

🗳️ Nous sommes jeudi et comme tous les jeudis, c'est le jour du Vert du faux! Quelles sont les questions sur l'écologie que vous vous posez en ce moment? Envoyez-nous vos suggestions en répondant simplement à ce mail et votez pour le sujet de la semaine prochaine plus bas dans ce numéro. Vos questions et vos commentaires nourrissent notre travail. Merci 💚


L'Allemagne n'est plus motrice sur l'écologie quand il faut protéger ses Audi.


L’Allemagne bloque la fin des voitures thermiques en Europe

On va en Bavière. Dans une volte-face médusante, Berlin vient d’empêcher l’adoption du règlement européen qui prévoyait la fin des véhicules thermiques en 2035. D'autres textes pourraient être fragilisés.

Mardi 7 mars, les 27 États membres de l’Union européenne avaient rendez-vous pour entériner la fin de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035. Le vote de ce texte devait être une formalité puisque le compromis final entre le Conseil des ministres et le Parlement date d’octobre et que le Parlement européen avait formellement approuvé le texte à la mi-février.

Alors que le contenu du texte ne peut plus être modifié, l’Allemange a fait défection en dernière minute, provoquant un blocage inédit à ce stade de la procédure. Berlin conditionne désormais son vote à la présentation par la Commission européenne d’une seconde proposition, qui permettrait de continuer à vendre des véhicules thermiques fonctionnant aux carburants de synthèse. Ces carburants obtenus à partir de CO2 et d’électricité bas-carbone sont encore à l’état de prototypes et laissent les ONG écologistes plus que sceptiques. 

Le chancelier allemand Olaf Scholz a cédé aux pressions des libéraux du FDP pour éviter l'explosion de sa coalition gouvernementale. © Bernd von Jutrczenka/DPA via AFP

Cette volte-face de Berlin est liée à des dissensions au sein de sa coalition gouvernementale. En particulier, à la fronde du parti libéral (FDP) auquel appartient le ministre allemand des Transports, Volker Wissing. Elle a estomaqué de nombreux observateurs, qui craignent pour la fabrique du consensus européen. «Si tous les pays se comportent comme l'Allemagne, il n'y a plus jamais d'accord européen possible», a tancé l’eurodéputé (Renew) Pascal Canfin.

Un bien mauvais signal, alors que la plupart des douze textes du Paquet climat européen sont désormais dans la dernière ligne droite, un peu plus d’un an et demi après leur présentation par la Commission européenne. Ils visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne de -55% d’ici à 2030 par rapport à 1990.

· La découverte d’un nouveau cas «significatif» de corrosion sous contrainte dans la centrale nucléaire de Penly 1 va contraindre EDF à prolonger les arrêts sur d’autres sites, a précisé l’Autorité de sûreté nucléaire ce mercredi. Cette fissure se trouve à un endroit  inattendu mais qui a fait l’objet de réparations au moment de la construction de la centrale ; EDF doit donc vérifier l'état de toutes les soudures réparées connues sur le parc. - Le monde de l’énergie (AFP)

· En février, la banquise de l’Antarctique a atteint un record de fonte depuis le début des relevés il y a 45 ans, a confirmé l’observatoire européen du changement climatique Copernicus (C3S), mercredi. L’étendue de la banquise était 34% inférieure à la moyenne du mois de février pour les années 1991-2020. - Sud-Ouest (AFP)

· La France est le troisième pays européen qui autorise le plus grand nombre de pesticides, révèle une étude publiée ce mercredi par l’ONG Générations futures. Elle permet l’usage de 291 substances actives (parmi les 453 théoriquement approuvées par l’Union européenne), soit 32% de plus que la moyenne des pays de l’UE.

© Générations futures

Caisse qui va pas ? C’est la loi : lorsqu’elles disposent d’une flotte de plus de 100 véhicules, les entreprises doivent avoir inclus 10% de véhicules électriques ou hybrides rechargeables parmi leurs nouveaux achats en 2022. Cette part monte à 30% dans les collectivités territoriales et les entreprises publiques, et à 50% pour lʼÉtat. Or, une nouvelle étude de l’ONG Transport & environment révèle que le compte n’y pas (du tout). Tout comme les collectivités territoriales, les deux tiers des sociétés privées n’ont pas rempli cet objectif. Cancre parmi les cancres, 0,1% des nouvelles autos de Kiloutou étaient «vertes» en 2022, contre les 10% prévus. L’Etat fait encore pire que les autres : 87% des administrations nationales sont en retard sur leurs objectifs. Plus cocasse encore : le ministère de l’Intérieur, qui devait avoir acheté 50% de véhicules «verts» l’an dernier, en est à 2,7%. Il semblerait que les voitures qui ne font pas «vroum vroum» très fort n’aient pas les faveurs des pandores de la place Beauvau.

© Transport & environment

La réutilisation des eaux usées est-elle une bonne solution contre la sécheresse ?

Il fallait eaux-usées. La réutilisation des eaux usées est une solution intéressante dans un contexte de stress hydrique - à condition d’être associée à de vraies mesures de sobriété.
 

Qu’est-ce que la réutilisation des eaux usées traitées ?

Aussi appelé «Réut», ce dispositif consiste à récupérer les eaux traitées dans les stations d’épuration pour les réutiliser sans les rejeter dans les milieux naturels (rivières, fleuves, littoraux), comme c’est habituellement le cas. Ces eaux subissent des traitements supplémentaires selon les usages que l’on souhaite en faire.
 

Où en est-on en France ?

Les eaux usées traitées peuvent servir à l’irrigation agricole et à l’arrosage des espaces verts depuis 2010. Depuis mars 2022, la loi «anti gaspillage» autorise de nouveaux usages urbains comme le lavage de voirie ou le nettoyage des canalisations. En France, seul 1% des eaux usées sont réutilisées, contre 14% en Espagne. «On n’a pas beaucoup développé ces dispositifs, tout simplement car on ne manquait pas suffisamment d’eau jusqu’à maintenant», explique à Vert Julie Mendret, chercheuse spécialisée dans le traitement de l’eau à l’Université de Montpellier.
 

Une solution pertinente… dans certains contextes

La Réut est intéressante pour nettoyer voiries et canalisations, lutter contre les incendies ou recharger des nappes phréatiques, tant que l’eau utilisée est de qualité au moins égale. En agriculture, la Réut permet à la fois de moins prélever d’eau et d’utiliser moins d’engrais, car l'eau usée traitée est plus riche en éléments nutritifs.


Pas une solution miracle

Hélas, la Réut n’est pas une solution universelle ou généralisable à grande échelle. Elle est plus pertinente en zone littorale où elle permet de réutiliser l'eau douce plutôt que de la rejeter en mer. Mais elle peut aussi déséquilibrer les écosystèmes environnants. Par exemple, le débit et la vitalité de certains fleuves dépendent des rejets des stations d’épuration.

Enfin, elle ne doit pas empêcher d’aller en même temps vers la sobriété pour lutter contre la raréfaction des pluies : «Il faut absolument éviter l’effet rebond et l’illusion d’avoir une ressource d’eau supplémentaire qui génère de nouveaux usages», avertit Julie Mendret. En 2017, un quart des Réut servaient à arroser des golfs.

Vous pouvez retrouver ce décryptage en intégralité juste ici

Comment se réchauffait-on avant l’invention du chauffage centralisé ?

Complètement givré. Saviez-vous qu’Henri IV se réveillait le matin avec la moustache givrée et que le vin gelait parfois dans les carafes de Louis XIV à Versailles ? Pendant des siècles, toutes les strates de la société ont lutté pour maintenir une température positive dans les maisons. Ouest-France nous raconte comment dans ce récit passionnant.

En hiver, on dort, mange et vaque à ses activités près du feu. © Charles Milcendeau / Musée de la Ville de Poitiers

+ Loup Espargilière, Juliette Quef et Justine Prados ont contribué à ce numéro.