La quotidienne

Passage à viande

Chères toutes et tous,

📻 Vendredi, Juliette Quef, était au micro de la Terre au carré pour parler écologie et télétravail - le sujet du Vert du faux de la semaine dernière (à relire ici). Bienvenue à celles et ceux qui nous ont découvert à cette occasion !


À cause de notre appétit vorace pour les côtelettes, le climat ne sait plus où donner de la bête. 


À proximité de l’ancienne usine Metaleurop, des enfants du Pas-de-Calais sont contaminés au plomb

Un silence de plomb. Près de 20 ans après la fermeture de l’usine Metaleurop, dans le Pas-de-Calais, la pollution au plomb imprègne encore les sols et contamine les enfants qui vivent alentour, révèle une enquête de Vert de rage confirmée par des analyses de l’Agence régionale de santé.

Aux alentours d’Evin-Malmaison (Pas-de-Calais), sept enfants sont atteints de saturnisme, a démontré un vaste dépistage organisé par la préfecture du département et l’Agence régionale de santé (ARS) et dont les résultats ont été dévoilés en fin de semaine dernière. 61 des enfants testés présentent un seuil d’intoxication au plomb supérieur au niveau de vigilance, sans toutefois être officiellement atteints de saturnisme. Cette maladie est liée à une intoxication à ce métal, qui peut générer de graves troubles du système nerveux ou de la moelle osseuse et entraîner des retards de développement intellectuel.

La contamination au plomb est due à la présence à proximité de l’ancienne usine Metaleurop, dont la zone est considérée comme la plus polluée d’Europe depuis sa fermeture en 2003. À l’origine de cette campagne de dépistage, une enquête menée par le journaliste Martin Boudot et l’équipe de la série documentaire Vert de rage, dont l’épisode est diffusé ce soir sur France 5 (déjà disponible en ligne).

L'usine Metaleurop Nord avant sa fermeture en 2003. © Nicod

Après plusieurs mois d’enquête avec des scientifiques, le journaliste a estimé que jusqu’à 5 815 enfants pourraient avoir été atteints de saturnisme depuis les années 1960 et qu’une école était encore contaminée. Les résultats de l’ARS montrent qu’il s’agit finalement de cinq établissements scolaires dans les communes environnantes.

Au cours des enquêtes de Vert de rage, Martin Boudot s’associe avec des chercheur·ses pour produire des données scientifiques et les mettre à disposition des communautés concernées, afin de les aider à se mobiliser contre les pollutions qui les minent. « Pour moi, c’est une façon de montrer que le trio scientifiques-citoyens-journalistes peut avoir du sens », raconte à Vert Martin Boudot, « et surtout de raconter aux téléspectateurs que même face à un constat terrible, on peut faire bouger les choses ».

· Vendredi, les ministres de l’énergie européen·nes se sont accordé·es sur la mise en place d’une contribution exceptionnelle sur les « superprofits » réalisés par les producteurs d’énergie, afin de faire diminuer la facture des consommateur·rices. Pas de consensus, en revanche, sur un plafonnement des prix du gaz, ni une réforme du marché de l’électricité. - RFI

· Dimanche, Lula est arrivé en tête (48,2 %) lors du premier tour de l’élection présidentielle brésilienne. L’ex-président de gauche dépasse de cinq points l’actuel chef d’État d’extrême droite, Jair Bolsonaro (43,3%), qui a brutalement accéléré la déforestation de l’Amazonie sous son mandat. Le second tour aura lieu le 30 octobre. - Le Monde

· Extrêmement vulnérable face à la montée des eaux, l’archipel des Tuvalu envisage de se répliquer dans le metavers pour conserver une trace de son existence. Les îles qui composent ce micro-État de 12 000 habitant·s situé au milieu du Pacifique pourraient disparaître sous les eaux d’ici à la fin du siècle à cause du réchauffement climatique. - BFMTV

· Le roi d'Angleterre, Charles III, ne se rendra pas à la 27ème conférence des Nations unies (COP27) sur le climat qui démarre le 6 novembre à Charm el-Cheikh (Égypte). Fraîchement élue, la Première ministre britannique Liz Truss l’en aurait dissuadé, selon les révélations du Sunday Times - elle-même n’a pas l’intention d’y participer. - 20 minutes

© Apur

Carte à gratter. Très relayée sur les réseaux sociaux ces derniers jours, cette carte de l’Agence parisienne d’urbanisme (Apur) fait apparaître d’importantes inégalités en matière de consommation de gaz, d’électricité et de chauffage dans la capitale.

Fruit d’une étude parue en juin, elle révèle par exemple que dans le riche 16ème arrondissement, où le niveau de revenu médian par unité de consommation est souvent supérieur à 37 500 euros par an et les logements mieux isolés qu'ailleurs, la consommation annuelle d'énergie par habitant·e se trouve entre 7 000 (en orange sur la carte ci-dessous), et 10 000 kilowattheures (kWh - en rouge foncé). Plus à l’Est, dans le plus modeste 20ème arrondissement, la consommation n’atteint qu’exceptionnellement 7 000 kWh. Les consommations sont nettement plus élevées « dans les quartiers des arrondissements où les ménages disposent de revenus supérieurs à la moyenne parisienne, alors même que le parc privé y présente des diagnostics de performance énergétique plutôt favorables », indique l’Apur. À l'approche de cet hiver où chacun·e est appelé à faire des « efforts citoyens », la sobriété passera (d'abord) par les beaux quartiers, à Paris comme ailleurs.

Végétaliser ses repas pour enrayer les crises écologiques

Passage à viande. Au lendemain de la journée mondiale du végétarisme, et si on levait le pied sur la bidoche pour préserver le climat, la biodiversité, et notre propre santé ? Et par où commencer ?
 

Quel est le problème ?

En France, l'alimentation pèse pour 24% de l'empreinte carbone des ménages, selon l'Agence de la transition écologique (Ademe). La viande y compte pour beaucoup : un repas avec du bœuf émet en moyenne sept kilogrammes (kg) de CO2, soit 14 fois plus qu’un repas végétarien (0,5 kg de CO2).

La filière bovine est de loin la plus polluante, notamment à cause de ses émissions de méthane (les fameux « pets de vaches » qui sont en fait des rots). © Ademe

L’élevage requiert des milliers de litres d’eau - jusqu’à 20 000 litres pour un seul kilo de bœuf au Brésil, selon une étude de 2013. La viande engloutit aussi 80% des terres agricoles mondiales. Il faut près de 120 mètres carrés de surface pour produire 1 000 kilocalories de bœuf contre 2,16 m2 pour les pois, ou 65 centimètres carrés pour le maïs (Science). 
 

Lâcher le bœuf et réduire les quantités

En remplaçant la viande rouge par de la viande blanche à chaque repas carné, vous économiseriez déjà l’équivalent de 180 kg de CO2 par an.

© Ademe

En 2020, les Français·es mangeaient 84,5 kilogrammes de viande par an (FranceAgriMer). Soit l’équivalent de deux steaks de 115 grammes par jour, du lundi au dimanche. Réduire la consommation à deux repas carnés par semaine permettrait de diviser par sept les émissions liées à la viande en moyenne.
 

Comment manger végé et équilibré ?

Il est possible de se faire accompagner par un médecin pour s’assurer que son organisme s’adapte bien, et éviter les carences. Les aliments les plus riches en protéines végétales sont les légumineuses et leurs dérivés (tofu, pois chiche, haricots, lentilles, fèves…), les graines oléagineuses (cacahuètes, amandes, pistaches…), ou encore les céréales. 

Tourner le dos à la viande n’est pas seulement bon pour le climat : privilégier les repas à bases de légumineuses, de céréales complètes, de fruits, légumes et fruits à coque représenterait même l’alimentation « optimale » pour améliorer son espérance de vie, selon une étude parue dans la revue PLOS Medecine (notre article).
 

Où trouver des idées de recettes ?

L’un des principaux freins à la sortie de la viande, c’est le manque d’imagination culinaire. Plutôt que de vous ruer sur de la fausse viande ultra-transformée, procurez-vous le guide des recettes à base de légumes et de légumineuses de saison de l’Ademe. Et si vous souhaitez éliminer tout produit d’origine animale, l’association L214 propose plus de 600 recettes sur son site « vegan pratique ». Pour les prochaines fêtes de Noël, tentez cette recette de « faux gras ». Promis, vos convives n’y verront que du foie !

Vert de Rage : les enfants du plomb

Vous avez un plombé ? L’enquête de Vert de rage menée par Martin Boudot est diffusée ce soir sur France 5, mais vous pouvez la visionner en avant-première dès à présent sur le site de France télévisions.

© France télévisions

+ Loup Espargilière, Juliette Quef et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.