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Une alimentation plus saine et moins riche en viande permettrait de gagner plus de dix ans d’espérance de vie

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Ça nous en bouche un coing. Tro­quer la viande et les pro­duits indus­triels pour des légu­mineuses et des céréales com­plètes per­me­t­trait de vivre bien plus vieux, et même en changeant son régime une fois passée la retraite. 

Légu­mineuses, céréales com­plètes, fruits, légumes et fruits à coque, voici l’alimentation « opti­male » pour amélior­er son espérance de vie, selon une étude parue ce mar­di dans la revue PLOS Med­i­cine. Cette recherche est le fruit du labeur de sci­en­tifiques de l’université de Bergen, en Norvège. 

Jusqu’à présent, de nom­breuses études avaient démon­tré les béné­fices et les préju­dices de cer­tains groupes d’al­i­ments sur la san­té, mais les liens entre change­ments d’alimentation et espérance de vie n’avaient jamais été claire­ment étab­lis. 

Il appa­raît que si un homme nord-améri­cain dans la ving­taine adop­tait un régime « opti­mal », il pour­rait gag­n­er jusqu’à 13 ans d’espérance de vie — et 10,7 pour une femme. Ces chiffres se basent sur une com­para­i­son avec un régime ali­men­taire « occi­den­tal moyen », riche en fécu­lents, viande, pro­duits laitiers et ali­ments trans­for­més.

Pour arriv­er à de tels résul­tats, les chercheur·ses se sont appuyé·es sur la « Glob­al bur­den of dis­ease » (« charge mon­di­ale des mal­adies »), une immense base qui agglomère des don­nées issues de 156 pays. Ce pro­gramme recense, entre autres, les décès attribués à une mau­vaise ali­men­ta­tion, qui représen­tent 11 mil­lions de morts pré­maturées chaque année, selon des chiffres de 2019. Les sci­en­tifiques ont com­biné ces don­nées avec des études spé­ci­fiques à dif­férents types d’aliments pour aboutir à un résul­tat pré­cis en ter­mes de gain ou de perte d’espérance de vie.

Prendre du pois

Par exem­ple, dimin­uer la viande rouge et la char­cu­terie aug­menterait l’espérance de vie d’un·e vingte­naire de 1,6 à 1,9 an. C’est l’ajout de légu­mineuses (hari­cots, lentilles, fèves, pois) dans son ali­men­ta­tion qui apporterait le plus fort béné­fice en ter­mes d’e­spérance de vie : entre 2,2 ans et 2,5 ans gag­nés pour une ration quo­ti­di­enne de 200 grammes.  

A gauche, le régime « opti­mal », à droite, un régime « fais­able ». Chaque courbe décrit les gains en ter­mes d’e­spérance de vie (en nom­bre d’an­nées), en fonc­tion de l’âge où l’on change son régime, et pour chaque ingré­di­ent.

Chang­er son ali­men­ta­tion à l’âge de 20 ans per­met de recueil­lir les meilleurs résul­tats, mais l’on peut obtenir des effets sub­stantiels à tous âges. Les sex­agé­naires qui passent d’une ali­men­ta­tion « moyenne » à « opti­male » peu­vent ain­si gag­n­er plus de huit ans d’espérance de vie et les octogé­naires, près de trois ans et demi.

Les chercheur·ses ont égale­ment étudié un régime ali­men­taire inter­mé­di­aire qual­i­fié de « réal­iste ». Ce dernier démon­tre tou­jours de forts béné­fices pour la san­té. « L’approche réal­iste indique un gain d’espérance de vie de 7% ou plus pour tous les sex­es et tous les groupes d’âge », pré­cisent les sci­en­tifiques dans l’étude. Une don­née qui pour­rait encour­ager la pop­u­la­tion à amélior­er son ali­men­ta­tion.

Mis en place par les auteur·rices de l’étude, un sim­u­la­teur (en anglais) per­met d’estimer l’impact de divers change­ments ali­men­taires sur notre espérance de vie en fonc­tion de notre âge, de notre sexe et de notre pays ou région d’origine (États-Unis, Chine, Europe). Un dis­posi­tif qui pour­rait notam­ment être utile aux pou­voirs publics pour met­tre en place des poli­tiques ciblées (cam­pagnes de sen­si­bil­i­sa­tion, pub­lic­ité) et entraîn­er des change­ments de com­porte­ments.