La quotidienne

Non mais Tefal, ou quoi ?

Chères toutes et chers tous,

🗳️ Les urnes ont parlé ! Avec 73% des votes, vous avez choisi que nous répondions à la question de Ninon, posée par mail : «Quelle part des déchets jetés au quotidien est effectivement triée, et qu'est-ce qui explique que certains ne le soient pas ?». Réponse dans le Vert du faux de jeudi prochain.


Alors que Tefal veut tuer dans l’œuf une loi contre les PFAS, les députés doivent déterminer si ça passe ou si ça casse. 


La tension monte autour des PFAS, les «polluants éternels»

Les choses en PFAS. Proposition de loi pour les bannir, manifestation de salarié·es, tribune de scientifiques : les PFAS, ces substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées fortement polluantes que l’on trouve partout autour de nous, sont sous le feu des projecteurs comme jamais cette semaine.

👉 Ce jeudi matin, l’hémicycle de l’Assemblée nationale étudie une proposition de loi déposée par le député écologiste Nicolas Thierry. Le texte prévoit d’interdire de fabriquer, d’importer et de mettre sur le marché une série de produits contenant des PFAS (ustensiles de cuisine, cosmétiques, textiles d’habillement, fart pour le ski) à partir de 2026, et pour le reste des usages à horizon 2030. La proposition vise aussi à intégrer certains PFAS dans le contrôle sanitaire des eaux potables avant 2026 - date à laquelle il deviendra obligatoire partout en Europe. Enfin, le texte veut instaurer le principe de pollueur-payeur pour inciter les industriels à réduire leurs rejets et à financer le traitement et la surveillance des pollutions.

👉 Cette proposition de loi a fait bouillir l’entreprise Tefal, filiale du groupe Seb. Le PTFE (polymère du tétrafluoroéthylène, alias le Téflon) qu’elle utilise dans ses poêles anti-adhésives, pourrait faire partie des substances interdites d'ici à 2026. Mercredi après-midi, la direction, des élu·es, syndicalistes et salarié·es du groupe se sont rassemblé·es à côté de l’Assemblée nationale pour réclamer le retrait de la proposition de loi écologiste.

Toutes et tous martelaient les arguments de la direction : 3 000 emplois français seraient menacés dans le groupe Seb, alors que les scientifiques auraient démontré que le PTFE est sans risque.

Des salarié·es de Seb manifestent à Paris le 3 avril. © Juliette Mullineaux/Vert

👉 Mercredi encore, dans une tribune au Monde, des scientifiques ont balayé les arguments de Seb sur l’innocuité du Téflon, rappelant que tous les types de PFAS font peser de nombreux risques sur la santé humaine : «Nous alertons sur cette manipulation frauduleuse et dangereuse des résultats scientifiques». Puisqu’il en existe des milliers de variantes, et que la science n’arrive pas à évaluer assez vite les risques liés à chaque substance, les auteur·rices de la tribune appellent à considérer tous les PFAS comme une seule classe de produits chimiques et à les interdire.

La rédaction  

· Mercredi, le ministre des Transports, Patrice Vergriete, a annoncé le lancement du Pass rail pour les moins de 27 ans à l’été 2024. Alors que ce pass devait initialement s’appliquer à l’ensemble de la population pendant toute l’année, cet abonnement de 49€ par mois ne profitera finalement qu’à 700 000 jeunes pendant deux mois. - France info

· Mercredi encore, Météo-France a classé le mois de mars 2024 comme le cinquième plus pluvieux jamais mesuré en France. Dans le Sud-Est, il a plu quatre à six fois plus que les normales de saison. Cette épisode s’explique, en partie, par le réchauffement climatique qui permet à l’atmosphère de stocker davantage d’eau. - Le Monde

· Mercredi toujours, 12 espèces rares de champignons ont été placées sur la liste rouge des espèces menacées par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). C’est la première fois que l’état des champignons français est analysé. Parmi les nombreuses menaces : la déforestation, l’urbanisation, le changement climatique, les engrais chimiques ou encore les fongicides. - Libération

Les 11 questions que tout le monde se pose sur les PFAS, ces «polluants éternels» qui envahissent nos vies

Perdre la Pfas. Poêles, textiles, emballages alimentaires, médicaments… Les PFAS sont partout autour de nous et on les connaît encore trop peu. On vous aide à cerner cet enjeu majeur pour la santé publique et l’environnement.

Les PFAS, c’est compliqué. Pour tenter d’y voir plus clair et comprendre ces polluants éternels que l’on retrouve partout dans nos vies, nous avons fait appel à trois expert·es : Pauline Cervan, toxicologue et chargée de missions scientifiques et réglementaires pour l’association Générations futures ; Pierre Labadie, chercheur en chimie environnementale au CNRS ; et Anaïs Dubreucq Le Bouffant, directrice des programmes du Réseau Environnement Santé.
 

Où les trouve-t-on ?

On utilise principalement les PFAS pour les propriétés anti-adhésives, anti-feux et imperméables. On peut les trouver dans les vêtements de pluie, le revêtement anti-adhésif des poêles (notamment le Téflon), les emballages alimentaires, les cosmétiques waterproof, les mousses anti-feu ou encore dans le fart pour améliorer la glisse des skis. «Il y en a partout ! Ce sont des molécules presque magiques, qui peuvent se combiner et se décliner à l'infini», note Anaïs Dubreucq Le Bouffant, du Réseau Environnement Santé.
 

Pourquoi dit-on qu’ils sont «éternels» ?

Le qualificatif de polluants «éternels» attribué aux PFAS fait référence à leur persistance dans le corps humain et dans l’environnement. «Ces molécules, très stables en contexte industriel, résistantes à la chaleur et aux agents chimiques, sont aussi persistantes. Pour un grand nombre de PFAS, aucun processus de dégradation n’a été mis en évidence. Concrètement, cela signifie qu’une fois émis dans l’environnement, ils restent», détaille Pierre Labadie.
 

Quelle est l’ampleur de la contamination ?

«Vous êtes toutes et tous contaminés». C’est par ces mots forts que l’activiste Camille Étienne a lancé son documentaire sur les polluants éternels, Contaminés, réalisé avec Solal Moisan et publié fin mars. «Tout le monde a des PFAS dans le corps», confirme Pauline Cervan, toxicologue pour l’ONG Générations futures. 100% des adultes et des enfants testés dans une vaste étude menée par Santé publique France, révélée en 2019, avaient au moins un PFAS dans le sang. C’est sans compter la contamination des sols et des eaux, et ses nombreux impacts sur la biodiversité et les écosystèmes.

👉 Cliquez ici pour découvrir la suite de ce décryptage de Justine Prados et Jennifer Gallé.

La Gironde teste la sécurité sociale de l’alimentation

Sécurité saucisse. Depuis le 1er avril, le département de la Gironde teste la sécurité sociale de l’alimentation pour un an auprès de 400 habitant·es (notre article). Loup Espargilière vous en parle dans sa dernière chronique en collaboration avec Konbini.

© Comptes Instagram de Konbini et de Vert

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Justine Prados et Sanaga ont contribué à ce numéro.