La quotidienne

Milliardaire des Ders

Chères toutes et chers tous,

📆 Vert passe bientôt à l’heure d’été ! Vendredi, ce sera la dernière édition quotidienne avant le ralentissement estival. Nous passerons donc en rythme hebdomadaire avec un condensé de toute l’actualité de l’écologie dans vos boîtes mail chaque mercredi midi.

🖊️ Notre talentueux ami Sanaga, dont vous vous délectez des dessins chaque mercredi dans Vert, a commis une bande dessinée intitulée «Run run run». Et il ne vous reste plus que quelques jours pour la pré-commander sur Ulule et soutenir son travail ! Allez-y au pas de course !


La bataille pour l’indépendance des médias est aussi celle pour le climat.


Pour un écosystème médiatique solidaire, uni contre Bolloré et son monde, Vert soutient le Journal du dimanche

Imaginez la stupeur des salarié·es du Journal du dimanche, apprenant qu’on leur imposait pour rédacteur en chef un homme fraîchement débarqué de Valeurs actuelles… car il était trop à l’extrême droite.

La nomination de Geoffroy Lejeune ? Un «choix économique, pas idéologique», a juré, la main sur le cœur, Arnaud Lagardère, propriétaire du JDD, dont le groupe médiatique est en train d’être englouti par l’ogre Bolloré. Économique, vraiment ? Alors que les ventes de «Valeurs» chutent après une année 2022 passée à faire la campagne d’Eric Zemmour, dont Lejeune est un soutien affiché ? Sous sa rédaction en chef, l’hebdomadaire a racolé la droite extrême la plus rance, jusqu’à être condamné pour injure publique à caractère raciste après avoir dépeint la députée insoumise Danielle Obono sous les traits d’une esclave africaine.

La situation est si choquante que l’équipe du JDD a immédiatement voté à 99% sa mise en grève, reconduite depuis jeudi dernier, refusant «d’être dirigée par un homme dont les idées sont en contradiction totale avec les valeurs du journal».

Mercredi, une soirée de soutien au Journal du dimanche organisée par Reporters sans frontières a rassemblé plusieurs centaines de personnes, dont de nombreuses personnalités politiques de droite et de gauche, au Théâtre libre à Paris (10ème). 

La bataille contre Lejeune est aussi (et peut-être surtout) une bataille contre Vincent Bolloré et son monde. Depuis des années, l’ogre dévore maisons d’éditions (Hachette), journaux (Paris Match, Géo, le JDD), radios (Europe 1) et chaînes de télévision (groupe Canal+), dont il brise les os des rédactions. 

«Je me sers de mes médias pour mener mon combat civilisationnel», explique Bolloré en petit comité, rapporte Vincent Beaufils, auteur de Bolloré, l’homme qui inquiète (L’observatoire, 2022). Il n’y a qu’à allumer Cnews ou C8 pour s’en convaincre : les médias passés sous sa coupe contribuent à avilir le débat et fracturer la société française, et participent à l’avènement de l’extrême droite - pire projet pour les vivants et le climat.

Le point 13 de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique suggère de «cultiver la coopération» et de «participer à un écosystème médiatique solidaire». Si la ligne du JDD est éloignée de celle de Vert, le combat mené contre Bolloré, son empire et sa vision du monde est aussi le nôtre. Pour une presse forte, indépendante et solidaire, nous apportons notre soutien franc et sans équivoque à nos confrères et consœurs du Journal du dimanche.

- Un éditorial de Loup Espargilière

· Environ 5 000 sites industriels français vont devoir réaliser un état des lieux précis de leurs rejets de 20 substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), qualifiées de «polluants éternels» en raison de leur persistance dans l’environnement, a annoncé le ministère de la transition écologique, mardi. Dévoilés ce mercredi, les résultats d’un dépistage réalisé sur 14 député·es écologistes révèlent la présence de PFAS - dont certains sont interdits depuis plusieurs années - dans les cheveux de tous les élu·es testé·es. - Le Monde

· Ce mercredi, au moins huit militant·es sont convoqué·es par la gendarmerie dans le cadre d’enquêtes sur l’organisation de manifestations non-autorisées contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) en octobre 2022 et mars 2023. Parmi les personnes convoquées : Julien Le Guet, porte-parole du mouvement Bassines non merci ou encore l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod. Ces convocations s’inscrivent dans un contexte de répression croissante contre des activistes écologistes, une semaine après la dissolution des Soulèvements de la Terre. - Libération

· Pour redorer son blason, Shein a invité des influenceuses à visiter ses usines de fabrication de vêtements en Chine. Un échec : les internautes ont épinglé l’opération de communication de la marque d’ultra fast-fashion sur les réseaux sociaux, en rappelant les nombreux scandales dans lesquels Shein est impliquée (travail des enfants, conditions de travail déplorables et impact désastreux sur l’environnement) et ont vertement critiqué les influenceuses pour leur soutien à la marque. - Vert

«Climat et démocratie, il nous faut répondre aux attentes des Français»

Des hauts et débats. Face à l’urgence climatique et à la crise de défiance des Français·es vis-à-vis de leur gouvernement, un collectif d’organisations et de citoyen·nes, dont Cécile Duflot, Dominique Bourg et Maxime de Rostolan, propose l’expérimentation d’un nouvel outil participatif : une assemblée de codécision sur les sujets climatiques. Dans cette tribune à Vert, les Décarbonautes expliquent en quoi ce dispositif favoriserait la décarbonation de la société tout en redynamisant la démocratie.

Canicules marines : de quoi s’agit-il ?

Océan ébullition. Moins visible que les grands incendies terrestres, une importante canicule marine frappe actuellement l’océan Atlantique. La biodiversité et la pêche risquent d’être totalement bouleversées.

Il n’y a pas que la forêt qui brûle. La température de l'océan nord Atlantique a atteint 23,05°C le 18 juin, soit 1,22°C de plus que la normale, selon l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). «C’est inédit, on a jamais vu des températures de surface aussi élevées au mois de juin dans cette zone», s’alarme auprès de Vert Raphael Seguin, chercheur en écologie marine à l’Université de Montpellier.

Les températures mesurées à la surface de l’eau dans l'Atlantique Nord en 2023 (courbe en rouge) sont bien supérieures aux températures moyenne de référence (1982-2011) © Serge Zaka à partir des données de l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique

«Ces vagues de chaleur agissent comme des incendies»

Jusque-là, l’océan agissait comme un climatiseur géant pour la planète, absorbant près de 90% du réchauffement climatique global. La fréquence des vagues de chaleur marine, moins visibles, a pourtant déjà doublé depuis les années 1980, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Et le rythme s’accélère : près de 40 % des océans à l’échelle mondiale seraient actuellement en situation de canicule marine, selon la NOAA, c'est-à-dire avec des températures de surface plus élevée que 90% du temps, pendant au moins cinq jours consécutifs.

«Ces vagues de chaleur agissent comme des incendies, mais il n’y a pas de fumée pour nous alerter», illustre Raphael Seguin. Dans l’incapacité de fuir ce stress thermique extrême, les végétaux - comme les coraux, algues et éponges de mer - sont alors les premières victimes.

«Le rythme de réchauffement est si rapide que l’adaptation est très compliquée. Cela pourrait produire des effets cascades, puisque le plancton n’aura plus rien à manger, les invertébrés et les poissons non plus», explique Raphael Seguin. Au final, les zones de pêche risquent d’être totalement bouleversées, ce qui pourrait mettre à mal l’équilibre alimentaire de certaines communautés.

Le phénomène risque aussi de provoquer des tempêtes (alimentées par des eaux plus chaudes) et des pluies plus importantes, tout en réduisant les capacités de stockage du carbone de l’océan.

Couper la corne des rhinocéros pour les sauver, une bonne idée ?

La corne sensible. Un rhinocéros sans corne n’a plus de valeur sur le marché. C’est pourquoi certains parcs naturels ont décidé de les leur enlever pour protéger ces animaux des braconniers. Mais un rhinocéros dépourvu de son attribut est-il vraiment heureux ?, s’interroge le journaliste-humouriste David Castello-Lopes dans cette courte vidéo diffusée sur Arte.

© Arte

+ Loup Espargilière, Alban Leduc, Johanne Mâlin et Sanaga ont contribué à ce numéro.