Les journalistes n'ont pas toujours été chauds pour parler du climat; l'heure est venue de remédier à cela.

Urgence climatique, responsabilités journalistiques
C'est chaud. A l’heure où certains médias s’interrogent sur leurs responsabilités dans la création du « phénomène » Eric Zemmour, la profession se questionne également sur son traitement des informations liées à l’urgence climatique.
Selon un tout récent sondage, 53% des Français·es estiment que les médias « n’accordent pas assez de place » aux sujets liés au climat. Sur ce point, l’étude réalisée par l’association Reporters d’espoirs en juillet 2020 et celle de La revue des médias de l’INA en novembre de la même année sont formelles : l’environnement gagne du terrain. En vint ans, deux fois plus de sujets et trois fois plus de temps d’antenne ont été accordés à ces thèmes dans les journaux télévisés.
Mais la bataille est rude. La sortie du sixième rapport du Giec en août dernier (Vert) a, par exemple, été largement supplantée par d'autres actualités : l’arrivée du footballeur Lionel Messi au PSG, l’extension du pass sanitaire et les incendies en France, en Grèce et en Algérie.

Hélas, seuls 8% des articles de presse du mois d’août ont fait le lien entre la multiplication des feux et la crise climatique. Dans un récent article, le journaliste de Télérama Samuel Gontier mettait le doigt sur la décorrélation entre les sujets au cœur d’un même journal télévisé. Le 15 septembre, après un reportage sur les inondations dans le Gard, le JT de France 2 vantait la construction effrénée de lotissements près de Bordeaux. Aucun lien entre les deux phénomènes, alors que l’artificialisation des sols aggrave les conséquences des inondations.
« Chaud devant ! », c'était le titre de l'édition 2021 des Assises du journalisme, vaste raout de la profession qui s’est tenu à Tours à la fin septembre. Comment mieux se former ? Doit-on parler de « réchauffement » ou de « crise » climatique ? Ses nombreuses conférences, tables-rondes et débats, en ont fait le théâtre d'une grande introspection sur l'information à l'heure de la crise climatique.
Lors d'un échange sur le thème « Fin du monde et fin du mois », une journaliste demande à Patrick Cohen si la deuxième audience de l’«Affaire du siècle» qui se tenait le même jour, aurait pu figurer dans l’une de ses émissions matinales. Le célèbre journaliste de radio et chroniqueur de télévision lui répond qu’il est « réticent à évoquer des informations purement militantes ». Avant de revenir sur sa position lorsque notre journaliste, Loup Espargilière, lui rappelle l’ampleur (2,3 millions de signatures) et le caractère inédit de ce recours en justice qui a permis la condamnation de l’Etat pour son inaction climatique. Si cette scène peut sembler anecdotique, elle témoigne en réalité de la difficulté pour ces sujets cruciaux de se frayer un chemin à travers les grands journaux.
Dans une chronique parue hier, le rédacteur en chef d’Arrêt sur images et ancien du Monde et de France 5, Daniel Schneidermann, fait lui aussi son mea culpa : « Je ne vous aurais pas parlé non plus du sujet, j'avoue, si [Patrick] Cohen ne s'était pas fait gentiment piéger. Il me faut cet incident, ce caillou, ce grain de sable […]. Ainsi se promènent nos attentions flottantes, et ultra-sollicitées.»

· La semaine dernière, le prix moyen du gazole à la pompe a atteint 1,5354 € le litre, du jamais-vu en France. Même en 2018, lors de la crise des gilets jaunes, le gazole n'avait pas connu un tel tarif. Cette fois, ce n'est pas à cause de la hausse de la taxe carbone, abandonnée fin 2018 : cette explosion est due à l'envolée des cours mondiaux du pétrole. - Le Monde (AFP)
· Mardi, la collectivité territoriale de Martinique a annoncé se porter partie civile dans le procès de la pollution au chlordécone. Ce pesticide toxique, interdit en métropole dès 1990 mais autorisé par dérogation ministérielle en Martinique et en Guadeloupe jusqu’en 1993, a contaminé plus de 90% de la population adulte des deux îles. De nombreuses associations pointent la responsabilité de l’État français dans ce scandale sanitaire depuis quatorze ans, mais leurs plaintes pour empoisonnement risquent la prescription. Par cette décision, la collectivité territoriale martiniquaise souhaite peser sur le procès et obtenir des réparations. - France info (AFP)



L'amer monte. Même si l'objectif de l'accord de Paris - qui vise à contenir le réchauffement à 1,5°C - était atteint, 500 millions de résidents de zones côtières pourraient vivre dans une ville partiellement ou continuellement inondée. C'est le constat effarant fait par une étude germano-américaine publiée lundi dans la revue Environmental Research Letters. Puisque le CO2 émis continuera de produire ses effets pendant des siècles, les scientifiques ont étudié les conséquences à très long terme (200 à 2000 ans) de la montée des eaux liée au réchauffement. Pour l'heure, la planète se dirige vers une élévation de 3 à 4°C d'ici 2100. A +4°C, le niveau moyen des mers pourrait s'élever de 8,9 mètres, selon les scientifiques. Un milliard de personnes seraient touchées, et 50 villes majeures, principalement en Asie, « devraient se défendre contre des niveaux d'exposition jamais atteints si elles le peuvent, ou faire face à la perte partielle à quasi-totale de leur territoire », alerte l'étude. Pour permettre de voir ce que ces découvertes représentent, les auteurs de l'étude se sont joints à l'organisation Climate central pour proposer des visualisations de nombreuses villes du globe en fonction des niveaux de réchauffement, comme ici à Nice.

La semaine de quatre jours essaime en Europe
Heures supp’, heures souples. Pour réduire notre bilan carbone, améliorer le bien-être et la productivité au travail, l’idée d’une semaine de quatre jours fait son chemin dans de plus en plus de pays européens.
« Nous sommes un pays qui travaille moins que les autres », martelait hier le président de la République Emmanuel Macron lors de la présentation de son programme « France 2030 ». Alors qu’il veut faire davantage travailler les Français·es, nos voisins européens considèrent plutôt le chemin inverse.
Début 2022, en Espagne, 200 entreprises volontaires proposeront une semaine de 32 heures de travail à leurs salarié·e·s. Une expérimentation financée par le gouvernement espagnol qui durera trois ans. L’entreprise ibérique Software Delsol a instauré la mesure en 2020 auprès de ses 181 salariés (France Info). Résultat : une chute de 20% du taux d’absentéisme et une hausse de 20% de son chiffre d’affaires.
Pionnière en la matière, l’Islande a aussi testé la semaine de quatre jours auprès de 2 500 salariés - soit 1% de sa force productive - entre 2014 et 2021. Une expérience concluante, avec un accroissement de la productivité et du bien-être salarial relevé par les think-tanks à l’origine du dispositif.
Hier, c’est le Premier ministre belge qui a ouvert la voie aux semaines de quatre jours. Mais il s’agit-là d’une mesure libérale pour réaménager le temps de travail journalier. Ce dernier pourrait passer de 8h à 9h30 pour compenser le cinquième jour non-travaillé. Une proposition décriée par le parti vert Ecolo, qui milite plutôt pour une réduction du temps de travail comme en Espagne.
Outre le bien-être des salarié·e·s, la semaine de quatre jours serait aussi bénéfique pour la planète, comme l’expliquait Vert en juin dernier. La généralisation de cette mesure permettrait de réduire l’empreinte carbone du Royaume-Uni de 21,3% - soit plus que l’empreinte carbone totale de la Suisse, révélait une étude de l’ONG britannique Platform. Une baisse considérable due, entre autres, à la diminution des trajets domicile-travail et à celle de la consommation électrique des entreprises.

Les lauréats du concours Wildlife photographer of the year 2021
C'est joli. Le Muséum d’histoire naturelle de Londres vient de dévoiler les lauréat·e·s de son célèbre concours annuel de photographie naturaliste. Pour la première fois, c’est un Français, Laurent Ballesta, qui a remporté le titre de Wildlife Photographer of the Year. En tout, cinq de ses photos ont été sélectionnées par le jury parmi les 100 plus belles de l’année. La galerie de photos est à explorer sur le site du Muséum d’histoire naturelle de Londres.


+ Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.