Chères toutes et tous,
C'est ce samedi que ça se passe ! Plus de 500 organisations appellent à manifester partout en France pour mettre - enfin ! - l'urgence climatique au centre de la campagne électorale.
La protection du vivant et la justice sociale doivent d'urgence occuper les débats, estiment les militants pro-climat qui ont baptisé cette marche « Look Up » (notre article sur le sujet). 139 événements sont recensés ici.
A Versailles, Emmanuel Macron tente d'épater la galerie des dirigeants européens, faisant mine d'oublier que pour réduire nos besoins en gaz grâce à la transition énergétique, il ne fait rien.

À Versailles, l’Europe se demande comment couper le robinet du gaz russe
La galerie dégaze. Alors que les combats font rage et que la situation humanitaire se dégrade en Ukraine, les États membres de l'Union européenne (UE) sont réunis à Versailles jusqu'à ce soir afin, notamment, de trouver des réponses face à la forte dépendance vis-à-vis du gaz russe, qui représente 40% des approvisionnements.
Jeudi, au premier jour du sommet, le président français Emmanuel Macron a annoncé son souhait que soient prises « des décisions en matière d'énergie » d'ici à un prochain rendez-vous prévu à la fin du mois. « Nous devons nous préparer à tous les scénarios », notamment en identifiant d'autres fournisseurs « à court terme », pour supprimer la « vulnérabilité » européenne sur cette question, a-t-il poursuivi.
Quelques jours plus tôt, la Commission européenne détaillait son plan REPowerEU « visant à rendre l'Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030 », avec un objectif à plus court terme de « réduire la demande de gaz russe de l'UE de deux tiers avant la fin de l'année » (notre article). Parmi les options sur la table : les économies d'énergie, la diversification des énergies - notamment en s'appuyant sur le gaz naturel liquéfié (L'Express), la création de réserves mutualisées, mais aussi la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires actuelles, suggérée par Thierry Breton, le commissaire européen responsable du marché intérieur, ce vendredi (France info).

De son côté, la Russie n'a pas (encore) engagé une stratégie de pression sur ce sujet. Vladimir Poutine assure que son pays maintiendra toutes ses livraisons d’hydrocarbures. « Jusqu'à quand, en fonction de quoi, nul ne sait », a commenté Emmanuel Macron.
En France, Marine Le Pen (RN), estime que « bannir le pétrole ou le gaz russe, c'est sanctionner lourdement les Français, les entreprises françaises ». Yannick Jadot appelle pour sa part à « un embargo sur le gaz et le pétrole russes » afin de « répondre à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky » (Le Monde). « Il nous faut sortir du gaz et du pétrole, et non créer de nouvelles dépendances. Le combat pour notre sécurité est bien, aussi, celui du climat », ajoute le candidat EELV à l'élection présidentielle.
Alors que ce vendredi marque le onzième anniversaire de l'accident nucléaire de Fukushima (Japon), France nature environnement (FNE) réclame que « la réduction de la dépendance de l’Europe aux hydrocarbures en général et en particulier à celles des Russes » se fasse « rapidement sans créer ou amplifier une nouvelle menace, sans tomber de Charybde climatique en Scylla nucléaire ».
La question des alternatives « propres » va se poser rapidement. Outre-Atlantique, le gouvernement nord-américain pousse d'ores et déjà l'industrie du pétrole à produire plus, après avoir instauré un embargo sur l'importation de brut russe… tout en promettant que cette situation ne remet pas en question son engagement vers une transition énergétique.

· Mercredi, le parc national des Virunga, situé à l'est de la République démocratique du Congo, révélait l'identification de deux nouveaux bébés gorilles. Les naissances sont survenues en ce début d’année, dans un secteur où les activités de patrouille avaient été suspendues fin novembre, en raison d'attaques armées et de la mort par balle d'un garde, a indiqué le parc. 16 naissances ont été entregistrées en 2021 (Sciences et avenir).
· Jeudi, 26 organisations écologistes, citoyennes et paysannes françaises ont dénoncé l’instrumentalisation de la guerre en Ukraine par les représentants d’une agriculture productiviste, dans une lettre ouverte. Depuis plusieurs mois, la FNSEA a dans le viseur la stratégie européenne « De la ferme à la fourchette », qui prévoit une forte baisse des pesticides et des engrais d'ici à 2030. Avec la guerre en Ukraine - très gros exportateur céréalier, ladite stratégie doit être abandonnée pour que l'Europe produise « le plus qu'elle peut », selon la présidente du syndicat, pour compenser la hausse des prix des céréales et des engrais russes (Novethic).
· Ce vendredi marque le onzième anniversaire de l'accident nucléaire de Fukushima (Japon) dont le bilan définitif demeure impossible à dresser (Vert). Plusieurs rassemblements sont prévus à Paris et ailleurs en France à l'initiative de l'organisation Sortir du nucléaire, « en solidarité avec les victimes japonaises de l’accident et pour dire non à la relance du nucléaire en France ».
· La France devra aligner 57 milliards d'euros de plus que prévu chaque année si elle veut atteindre la neutralité carbone en 2050 comme elle s'y est engagée, révèle une étude de l'Institut Rousseau parue mardi. Investissements publics et privés, subventions, crédits d’impôts, allégements fiscaux et autres aides ; il faudrait au total verser 182 milliards d'euros par an, selon l'étude, dont 125 milliards d'investissements déjà prévus. À titre de comparaison, 50 milliards sont dépensés chaque année pour la défense. - Les Échos


« Haute mer »
Le Grand bleu est un Far West. Depuis lundi 7 mars, les États membres de l'ONU débattent à New York du droit de la haute mer. L'enjeu de ces discussions : encadrer les usages humains et protéger les eaux internationales. Situées au-delà de 370 kilomètres des côtes, ces dernières représentent plus de la moitié de l'océan. Pourtant, elles ne sont aujourd'hui sous la juridiction d'aucun État. Un vaste flou juridique fort préjudiciable pour les ressources écologiques.
La création d'aires marines protégées et leur niveau de protection sont au cœur des discussions. En revanche, alors que les études scientifiques documentent toujours davantage la biodiversité des grandes profondeurs, la gestion des ressources halieutiques et minières de la mer ne seront pas abordées, car ni la pêche ni l'industrie minière ne figurent dans le périmètre de ce traité (Reporterre). Cette session qui va s'achever le 18 mars doit se clore sur l'adoption d’un accord international « juridiquement contraignant ». Mais de nombreux observateurs estiment d'ores et déjà qu'un cinquième round de discussions sera sans doute nécessaire d'ici à la fin de l'année 2022.

« La racine de la crise écologique est spirituelle, car elle renvoie à notre rapport au monde »
Ingénieur diplômé de l'école d'aéronautique Supaéro, Mathieu Labonne a été chercheur en climatologie au CNRS avant de diriger le mouvement Colibris pendant quatre ans. Aujourd’hui, il est à la tête de la coopérative Oasis qui accompagne la création et le fonctionnement des écolieux collectifs dispersés sur le territoire français. Il coordonne aussi le centre spirituel hindouiste de la Ferme du Plessis, situé en Eure-et-Loir. Ces jours-ci, il publie aux éditions Tana un essai intitulé Servir le monde, la voie de l’écologie spirituelle. À Vert, il raconte que la recherche intérieure peut être une boussole pour aller vers des modes de vie plus sobres, et que la crise écologique est aussi une opportunité de croissance spirituelle. Un riche entretien à lire sur vert.eco

Climat : mon cerveau fait l'autruche
La tête dans le sable. Alors que le Giec vient de publier un sixième rapport toujours plus alarmant (Vert), comment expliquer notre inertie collective face à la catastrophe climatique ? Le documentaire « Climat : mon cerveau fait l'autruche », diffusé sur Arte, plonge dans nos mécanismes psychiques pour expliquer ce « bug ». Menace trop vaste, confiance démesurée dans le progrès technologique, décalage temporel entre les causes et les effets… les documentaristes Sylvie Deleule et Raphaël Hitier décortiquent à l'aide d'images d'animation la « part intime de nous-mêmes qui ne prend pas la mesure de la situation et nous empêche d'agir ».

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+ Aurélie Delmas et Mathilde Picard ont contribué à ce numéro