Dix ans après, la catastrophe de Fukushima reste un problème insondable

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S’il est impos­si­ble de dress­er un bilan défini­tif de la cat­a­stro­phe sur­v­enue, il y a dix ans, dans la cen­trale nucléaire de Fukushi­ma, il est suff­isam­ment tôt pour dire que les choses ne seront plus jamais comme avant dans sa région

Le 11 mars 2011, la côte paci­fique du Japon est bal­ayée par un puis­sant tsuna­mi, con­séquence d’un séisme de mag­ni­tude 9.1 dont l’épi­cen­tre est en mer. 18 000 per­son­ne péris­sent dans ce désas­tre.

Une vague de 15 mètres de haut s’a­bat sur la cen­trale de Fukushi­ma Dai­ichi, située en bord de mer. Au cours d’une série de destruc­tions et de défail­lances, le sys­tème élec­trique de refroidisse­ment des réac­teurs cesse de fonc­tion­ner (réc­it à lire sur le site de France Info). Finale­ment évité, le scé­nario d’une cat­a­stro­phe nucléaire majeure, née de la fusion total du coeur de réac­teurs, se des­sine alors. 

L’é­vac­u­a­tion d’une zone de 20 kilo­mètres autour de la cen­trale est pronon­cée. Au total, plus de 300 000 per­son­nes sont for­cées à quit­ter la région. Dans un texte pub­lié dans le Monde diplo­ma­tique en 2019, le pre­mier min­istre d’alors, Nao­to Kan, racon­tera qu’il a craint la destruc­tion de Tokyo et la dis­pari­tion du Japon en tant que nation.

Les réac­teurs 1, 2 et 3 sont entrés en fusion entre le 11 et le 14 mars. 50 employés sont restés sur place pour empêch­er la fusion du coeur de ces réac­teurs, syn­onyme de cat­a­clysme © DR

Pub­lié mar­di 9 mars, un bilan de l’ONU indique que l’ac­ci­dent dans la cen­trale n’au­rait causé ni décès ni can­cers pré­co­ces. En 2018, toute­fois, le Japon a recon­nu pour la pre­mière fois qu’un des employés atteint d’un can­cer du poumon était mort après une expo­si­tion aux radi­a­tions, racon­te le Monde. Restés pour enray­er la cat­a­stro­phe, des dizaines d’en­tre eux ont subi des radi­a­tions à des dos­es impor­tantes. 

Les con­séquences psy­chologiques de l’ex­il sont plus dif­fi­ciles à mesur­er. En 2015, l’Or­gan­i­sa­tion mon­di­ale de la san­té déplo­rait les effets sur la san­té men­tale des per­son­nes déplacées qui ont per­du mai­son et emploi, les liens famil­i­aux rom­pus, la stig­ma­ti­sa­tion, le stress post-trau­ma­tique. La sit­u­a­tion n’est guère plus réjouis­sante pour celles et ceux qui sont revenu•e•s. « Cer­taines per­son­nes âgées qui sont ren­trées sont tombées dans une dépres­sion et un alcoolisme très pro­fonds et se lais­sent mourir. Elles sont compt­abil­isées comme des morts naturelles », indique au Monde Cécile Asanu­ma-Brice, soci­o­logue et chercheuse au CNRS, rési­dente du Japon depuis 2001.

Reste la ques­tion des déchets. Pour per­me­t­tre le retour des pop­u­la­tions, l’E­tat a fait retir­er plus de 17 mil­lions de mètres cubes de terre irradiée sur une zone de 50 kilo­mètres autour de la cen­trale. Un lieu de stock­age défini­tif reste à trou­ver. Par ailleurs, la cen­trale est tou­jours refroi­die par de l’eau – 1,2 mil­lion de mètres cubes à ce jour. Une fois le stock­age sat­uré, d’i­ci 2022, il est prob­a­ble que le Japon décide de dévers­er le trop-plein dans l’océan.