La quotidienne

Le nucléaire de la campagne

Jadis tiède sur le nucléaire, Emmanuel Macron a finalement pris l'air de la campagne présidentielle.


La transition nucléaire d'Emmanuel Macron

Autrefois timide sur le sujet, Emmanuel Macron se positionne désormais clairement en faveur du développement du nucléaire alors que les prix de l'énergie flambent et que l'élection présidentielle se rapproche.

Ce mardi matin, le président de la République présentait France 2030 : un programme d'investissement public dans plusieurs nouvelles technologies. Une enveloppe d'un milliard d'euros sera attribuée au nucléaire, dont une partie devra encourager la recherche et développement autour des Small modular reactors (SMR). Ces petits réacteurs nucléaires ont une puissance comprise entre 50 et 250 mégawatts (MW), contre 900 à 1 400 MW pour les réacteurs déjà installés en France. Alors que le chantier du nouvel EPR de Flamanville - et ses réacteurs de 1 700 MW - est un véritable fiasco et endette lourdement EDF, l'exécutif veut promouvoir ces petits réacteurs comme une alternative plus simple et déployable rapidement, d'ici 2030. Une technologie encore balbutiante : pour l'heure, il n'existe qu'un seul SMR en activité, en Russie, et 70 autres sont en projet (lire l'article de 20 Minutes à ce sujet).

Dimanche, le ministre de l'économie Bruno Le Maire publiait une tribune avec ses homologues de neuf pays (dont la Pologne, la République Tchèque ou la Finlande), appelant l'UE à considérer le nucléaire comme une énergie « verte », dans le cadre de la nouvelle taxonomie européenne (les explications de Carbone 4). Dans leur missive, les signataires plaident que l'atome « contribue de manière décisive à l’indépendance de nos sources de production d’énergie et d’électricité », alors que les prix du gaz et de l'électricité flambent (Vert).

Emmanuel Macron en 2016, alors ministre de l'économie, visite la centrale nucléaire de Civaux en compagnie de Jean-Bernard Levy, PDG d'EDF © Guillaume Souvant / AFP

Mais Emmanuel Macron n'a pas toujours défendu l'atome. « Nous réduirons notre dépendance à l'énergie nucléaire, avec l'objectif de 50% d'énergie nucléaire à l'horizon 2025 »promettait le candidat à l'élection présidentielle de 2017. A quatre années de l'échéance annoncée, le nucléaire compose toujours près de 75% du mix électrique. Dans son programme, il prévoyait la fermeture de la centrale de Fessenheim, réalisée en 2020. Et se remettait prudemment à l'avis de l'Autorité de sûreté du nucléaire pour décider de la prolongation des plus vieilles centrales au-delà de 40 années d'exploitation : ce à quoi l'ASN a ouvert la voie en février 2021 (Vert).

Alors que la droite en campagne mène une bataille féroce contre les énergies renouvelables - les éoliennes en tête, Emmanuel Macron a donc décidé de couper l'herbe sous le pied de ses adversaires directs et de prendre une position tranchée.

· Courgettes, poireaux, bananes… Hier, le gouvernement a publié la liste de la trentaine de fruits et légumes qui ne pourront plus être vendus sous emballage plastique à compter du 1er janvier 2022. Il s’agit d’une disposition de la loi anti-gaspillage adoptée début 2020. Des dérogations sont prévues jusqu’en 2026 pour les produits vendus par lot de plus d’1,5 kg et pour les fruits et légumes fragiles (pêches, fruits rouges…). - Le Monde (AFP)

· Lundi, le gouvernement a présenté son « budget vert » : l’analyse écologique des mesures contenues dans le budget 2022. Ce dernier totalise 32,5 milliards d’euros de dépenses « favorables » à l’environnement, contre 10,8 milliards « défavorables ». Mais, comme l’a fait remarquer le Réseau action climat, « l’exercice exclut de nombreuses dépenses fiscales [...] comme l’exonération de taxation du kérosène (une perte budgétaire d’environ 3,6 milliards d’euros), la différence de taxation entre le diesel et l’essence (3,5 milliards d’euros) ainsi que des milliards d’euros qui financent les entreprises des secteurs polluants sans contrepartie écologique ni sociale ». - Actu-environnement (abonnés)

Deux tiers

Allumer la femme. En France, le mouvement pour le climat est composé aux deux tiers de femmes. Pour s’en convaincre, le laboratoire grenoblois de sciences sociales Pacte a réalisé une vaste enquête auprès de plus 10 000 répondant·e·s qui interagissent de près ou de loin avec le mouvement climat (activistes, participant·e·s aux marches climat, soutiens en ligne). Outre la surreprésentation des femmes, on y trouve une large proportion de jeunes, voire de très jeunes avec plus de la moitié des répondant·e·s âgé·e·s de 15 à 34 ans.  Les sympathisant·e·s du mouvement se démarquent par leur haut niveau de diplôme. 80% d’entre eux ont un diplôme post-bac et 49% au moins un niveau master. Leur situation sociale est aussi globalement plus élevée que la moyenne. La moitié sont cadres, contre 18% de la population française.

L'ONU donne raison à la requête de 16 enfants contre l'inaction des Etats

Un jeu d'enfants ? Saisi par une poignée de jeunes, le Comité des droits de l'enfant des Nations unies a reconnu que les Etats étaient responsables des effets de leurs émissions de CO2 sur la vie des enfants et ce, même hors de leur territoire.

En 2019, 16 enfants issus de 12 pays (dont la Suédoise Greta Thunberg) avaient déposé une requête contre l'Argentine, le Brésil, la France, l'Allemagne et la Turquie devant le Comité. Constituée de 18 experts indépendants, cette instance de l'ONU veille au respect de la Convention internationale des droits de l'enfant. Les requérant·e·s faisaient valoir que leurs droits à la vie, à la santé et à la culture étaient menacés par l'inaction de ces grands émetteurs de CO2. Elles et ils plaidaient que la crise climatique produisait déjà de nombreux effets en matière de vagues de chaleur, d'incendies, d'événements extrêmes et de propagation des maladies infectieuses.

Mardi, dans un jugement qu'il qualifie lui-même d'« historique », le Comité a reconnu que l'un de ses Etats membres pouvait être tenu responsable de l'impact de ses émissions de CO2 sur les enfants nés dans et hors de ses frontières. Les experts ont conclu qu'un lien suffisamment clair avait été établi entre les souffrances invoquées par les 16 enfants et les actions ou omissions des cinq Etats. Ces pays ont un réel contrôle sur les activités à la source de leurs émissions, estime le Comité dans un communiqué.

Cette décision n'a toutefois pas d'effet contraignant sur les Etats et le Comité n'a pas pu décider si ceux-ci avaient violé la Convention internationale des droits de l'enfant. Les requérant·e·s devront saisir la justice de leur pays et épuiser les recours juridiques avant qu'une éventuelle condamnation effective des Etats ne puisse être prononcée par le Comité.

Voyage à travers le temps

Vieille France. Une chaîne de montagnes culminant à 8000 mètres à la place de la Bretagne, des volcans sur la côte normande, une immense calotte glaciaire dans les Pyrénées : il y a 2 milliards d’années, la terre qui deviendrait notre pays était bien différente d’aujourd’hui. Diffusé sur France 2, le documentaire France, le fabuleux voyage nous plonge dans l’histoire géologique du pays. Grâce à des modélisations et des superpositions d’images, on peut ainsi apercevoir la Tour Eiffel au fond d’une jungle pleine de mangroves ou encore le château de Chambord au milieu d’un lagon bleu turquoise. Un grand documentaire digne d’un film d’aventure - musique épique comprise - né de la rencontre d’un géologue et d’un cinéaste.

© France 2

+ Justine Prados a contribué à ce numéro.