La quotidienne

Le flouze du businessman

Chères toutes et chers tous,

🥁 C'est cet après-midi que nous saurons si la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique et le collectif qui en est à l’origine, dont Vert, remportent le Grand prix des Assises du journalisme de Tours. Le suspense est insoutenable.

🗳️ C'est le retour du Vert du faux ! Quelles sont les questions sur l'écologie que vous vous posez en ce moment? Envoyez-nous vos suggestions en répondant simplement à ce mail et votez pour le sujet de la semaine prochaine plus bas dans ce numéro. Vos questions et vos commentaires nourrissent notre travail. Merci 💚


Le principal syndicat agricole s’est choisi un businessman pour continuer les affaires sans couper les vannes.


Pro-mégabassines et pro-pesticides : qui est Arnaud Rousseau, le nouveau patron de la FNSEA ?

Figure de l’agro-industrie, Arnaud Rousseau devrait succéder à Christiane Lambert à la tête du puissant syndicat agricole à la suite de son congrès qui s’achève ce jeudi à Angers.

Les journées ne durent-elles que 24h ? Lorsqu’on se penche sur l’emploi du temps d’Arnaud Rousseau, futur nouveau patron de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), il est permis d’en douter.

Âgé de 49 ans, celui-ci est aujourd’hui à la tête du groupe Avril, géant connu notamment pour ses marques Lesieur et Puget. Il préside aussi la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP), filiale de la FNSEA enregistrée comme lobby auprès de la Commission européenne.

Arnaud Rousseau au Selon de l'agriculture à Paris, en mars 2023. © Magali Cohen / Hans Lucas via AFP 

Vice-président de la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France, il est à la tête d’une gigantesque parcelle de 700 hectares de grandes cultures (colza, tournesol, blé et betteraves) située sur la commune de Trocy-en-Multien (Seine-et-Marne), dont il est aussi le maire. «Avec toutes ces casquettes, il est sûr de ne pas attraper de coup de soleil. Pas sûr cependant qu’on le voit souvent au volant d’un tracteur», tacle François Veillerette, porte-parole de l’association Générations Futures, joint par Vert.

Le futur président de la FNSEA a laissé entendre qu’il soutiendrait le développement des organismes génétiquement modifiés (OGM) et l’exploitation des méga-bassines. Défenseur du statu quo sur les pesticides, il a participé à la manifestation du 8 février contre l’interdiction des néonicotinoïdes (Vert).

Dans un courrier adressé aux responsables du syndicat, Arnaud Rousseau affirmait vouloir porter «la voix d’une agriculture offensive, ouverte au dialogue, qui explique les difficultés de son quotidien mais qui refuse de se laisser enferme par les idéologies, les violences inacceptables, et les sirènes de la décroissance». Tout un programme.

· Mercredi, l’ancien maire de Grande-Synthe (Nord), Damien Carême, s’est présenté seul devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour dénoncer l’inaction climatique de l’État français. Selon lui, les manquements du gouvernement en la matière le touchent directement et représentent une «violation du droit à la vie» et du «droit à une vie privée et familiale normale». En 2021, l’élu écologiste avait fait condamner l’État français pour l’insuffisance de sa politique climatique. Le Conseil d’État avait donné raison à la commune de Grande-Synthe, menacée de submersion, mais le recours à titre individuel de Damien Carême avait été rejeté. - Libération (abonné·es)

· Mercredi encore, les médias bretons Splann ! et Radio Kreiz Breizh (RKB), employeurs de la journaliste Morgan Large, ont annoncé que cette dernière venait de porter plainte pour le sabotage suspecté de sa voiture. Il y a deux ans, la journaliste d’investigation, connue pour ses enquêtes sur l’agro-industrie et les atteintes à l’environnement, avait déjà retrouvé une de ses roues de voiture déboulonnée. Elle s’était alors confiée à Vert dans un entretien.

· Les familles des deux manifestants grièvement blessés lors du rassemblement contre les «mégabassines» à Sainte-Soline, samedi dernier, ont porté plainte contre X pour «tentative de meurtre» et «entrave aux secours» (France Info). Les trois associations organisatrices de la manifestation (Bassines non merci, Les Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne) ont appelé à des rassemblements devant toutes les préfectures de France, jeudi 30 mars, à 19 heures, pour protester contre les violences policières. - Le Monde

· Attendu depuis plusieurs semaines, le «plan eau» du gouvernement sera dévoilé par Emmanuel Macron lui-même ce jeudi, à deux pas du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes). Le chef de l’État devrait annoncer une cinquantaine de mesures destinées à faire face à un éventuel épisode de sécheresse cet été et à engager, sur le long terme, une meilleure gestion de l’eau. - Le Figaro

Mercredi soir, vers minuit, le mercure dépassait encore les 25°C dans plusieurs localités des Pyrénées. © Meteociel.fr, repéré par Serge Zaka

C’est chaud. Mercredi, pour la première fois de l’année, le thermomètre a dépassé les 30°C dans plusieurs villes du sud de la France, comme à Dax et Mont-de-Marsan dans les Landes ou à Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques. De nombreux records mensuels de températures ont aussi été battus dans le Tarn, le Gers, en Aveyron ou en Dordogne. Pire, dans la nuit de mercredi à jeudi, on a mesuré jusqu’à 27°C au pied des Pyrénées - une douceur digne des nuits d’été. Les températures devraient chuter sur la fin de la semaine, mais le mois de mars risque bien de devenir le 14ème d’affilée avec une température moyenne supérieure aux normales de saison, pointe l’agrométéorologue Serge Zaka.

Le Parlement européen veut faire reconnaître le crime d’écocide

Mercredi, les eurodéputé·es ont réclamé l’inscription de l’écocide - un crime délibéré contre la nature - dans le droit européen. Une avancée potentiellement inédite dans le droit de l’environnement.

«Historique», d’après l’eurodéputée écologiste belge Caroline Roose ; «un pas de géant pour la protection de la nature et pour la justice», selon la Française Marie Toussaint (Verts). Dans un rapport sur la révision d’une directive sur «la protection de l’environnement par le droit pénal», présenté ce mercredi, le Parlement européen réclame la reconnaissance et la condamnation des atteintes les plus graves à l’environnement à travers le crime d’écocide par les États membres de l’UE.

Les eurodéputé·es se sont déjà déclaré·es en faveur de la reconnaissance de l’écocide en 2021, mais c’est la première fois qu’elles et ils adoptent une posture contraignante qui force les États membres à se positionner sur la question.

L’écocide, tel qu’il est défini par des juristes de la fondation Stop Ecocide, regroupe «des actes illicites ou arbitraires commis en connaissance de la réelle probabilité que ces actes causent à l’environnement des dommages graves qui soient étendus ou durables». On peut notamment penser au scandale du chlordécone - un pesticide toxique utilisé aux Antilles, aux marées noires, ou à l’usage de l’agent orange - un terrible défoliant - durant la guerre du Vietnam.

Le texte adopté par le Parlement devra désormais être négocié en «trilogue», c’est-à-dire avec la Commission européenne et le Conseil, qui regroupe les gouvernements des États membres. Des échanges qui devraient aboutir à l’adoption définitive du texte dans le droit européen d’ici à cet été. Cette avancée pourrait avoir de larges conséquences à l’échelle mondiale, puisque l’UE représente 40% des États adhérents à la Cour pénale internationale. Pour Marie Toussaint, initiatrice de l’Alliance écocide, qui réunit des parlementaires du monde entier, la reconnaissance de l’écocide dans le droit européen «pourrait entraîner un effet cliquet pour condamner ce crime au niveau mondial».

La géo-ingénierie, folie ou solution ?

Injecter des aérosols dans la stratosphère, installer des miroirs géants dans l’espace, recouvrir l’océan d’une écume blanche réfléchissante… Plus ou moins farfelues, ces techniques de géo-ingénierie solaire ont un but : manipuler le climat pour refroidir artificiellement la planète. Décryptage d’une tendance croissante avec la journaliste Audrey Garric dans le podcast l’Heure du Monde.

© Le Monde

+ Loup Espargilière et Justine Prados ont contribué à ce numéro.