La quotidienne

L’amer à boire

Plutôt que de faire des propositions ambitieuses pour sauver les océans, les aspirant·es à l'Élysée préfèrent rester sur leur séant.


Les candidat·es à la présidentielle ont zappé l'océan

L'amer à boire. La Fondation de la mer a passé au crible les programmes des candidat·es à l'élection présidentielle pour comparer leurs projets pour le grand bleu. Le résultat n'est visiblement pas à la hauteur du pays qui dispose du deuxième plus grand espace maritime au monde

« Comme en 2017, la plupart [des candidat·es] n’a pas pris conscience de l’urgence à agir et de la responsabilité singulière de notre pays, dans un contexte où les enjeux maritimes sont pourtant omniprésents », regrette Sabine Roux de Bézieux, présidente de la fondation. Parmi les raisons de s’inquiéter : le déclin de la biodiversité marine, l’exploration des grands fonds marins, la surpêche, mais aussi la navigation problématique en mer d’Azov, sous contrôle russe.

Yannick Jadot se distingue par sa volonté de multiplier par cinq les zones faisant l'objet d'une protection plus élevée, dite « forte », au sein des aires marines protégées (AMP) et de donner plus de moyens au ministère de la Mer. Celui qui promet d'interdire l'exploration minière dans toute la Zone économique exclusive française (JDD), souhaite également créer une police de l’environnement et renforcer la pêche durable.

Jean-Luc Mélenchon, qui consacre un livret thématique de son programme à la mer, souhaite créer un droit international contraignant pour préserver et dépolluer l'océan et regrette l'absence d’une police de l’eau. L'insoumis fait le pari d'une économie de la mer respectant la « règle verte » (ne pas prendre davantage à la nature que ce qu’elle peut reconstituer), misant sur la pêche durable et un tourisme maritime respectueux de l’environnement.

Emmanuel Macron lors du « One ocean summit » organisé en février 2022 à Brest (Finistère). © Ludovic Marin / AFP

Jean-Luc Mélenchon se prononce aussi pour «

Emmanuel Macron se fait le chantre d'une « diplomatie bleue » et entend renforcer les contrôles en mers, la dépollution et le recyclage des plastiques. Il a aussi annoncé vouloir développer 50 parcs éoliens en mer (Vert). À droite, Valérie Pécresse (LR) propose de créer une banquedes Outre-mer pour financer les énergies renouvelables et l’économie de la mer. Elle prévoit un accord entre pays riverains de la Méditerranée pour fixer un objectif « zéro plastique en mer ».

À sa droite, Marine Le Pen (RN) insiste sur la nécessité de moderniser les ports et développer la pêche en haute mer, mais « dans le respect de l’environnement ». Eric Zemmour (Reconquête) veut renforcer la filière de recyclage des plastiques, mettre fin à l'éolien en mer et voudrait « exploiter et défendre tout le potentiel de nos eaux et de nos fonds marins ». Des visions difficilement compatibles avec la sauvegarde du vivant. Et un quinquennat déjà perdu pour l'océan ?

Retrouvez le comparateur de programmes sur l'océan en cliquant ici.

· Mercredi, Météo-France a donné plus de détails sur la vague d'air polaire et de neige qui va bientôt s'abattre sur la France. « À partir de samedi, quand le ciel va se dégager », les gelées seront fréquentes, bien que sans doute moins importantes que celles d'avril 2021, a expliqué le prévisionniste François Gourand lors d'un point presse. Après une dizaine de jours largement au-dessus des normales de saison, la végétation a redémarré plus tôt qu’à l’accoutumée, laissant craindre des dégâts sur les cultures en raison du gel.

· Après sa condamnation par le Conseil d’État pour son inaction climatique, le gouvernement avait jusqu'à ce 31 mars pour prouver qu’il est sur la bonne voie pour réduire de 40 % les émissions nationales d’ici 2030. Hélas, l’exécutif est resté silencieux. Les associations de l'« Affaire du siècle », qui avaient appuyé le recours judiciaire porté par la commune de Grande-Synthe (Nord), rappellent que « remettre la France sur la bonne trajectoire climatique est une obligation qui s’appliquera également au prochain·e président·e de la République ».

· Un embargo total sur les importations de gaz, de pétrole et de charbon russes coûterait 54 euros par an à chaque Français·e, ont calculé les économistes François Langot et Fabien Tripier. À l'échelle de l'Union européenne, ce sevrage ferait perdre en moyenne 227 euros de pouvoir d'achat à chaque habitant·e, précisent les auteurs. Avec de fortes disparités : - 1 745 euros pour les Lituanien·nes, contre un gain de 110 € pour un·e Luxembourgeois·e. - Le Monde (abonnés)

Ce jeudi matin, avant l'aube, sur le chantier de la future centrale nucléaire de Flamanville (Manche). © Greenpeace

Le chat forestier fait son retour dans le Sud de la France 

Chat fait plaisir. Seul félin sauvage en Europe avec le lynx, le chat forestier regagne du terrain en France.

Si Felis silvestris silvestris – son nom latin – était présent dans toute la France au début du 20ème siècle, il fut non seulement chassé, mais aussi victime de l'intensification de l’agriculture et de l'urbanisation. Après plus d'un an d'observations de terrain, l'association Nature en Occitanie a finalement annoncé au mois de décembre avoir retrouvé sa trace sur le massif de la Montagne-Noire (Aude). Une preuve de l’agrandissement de son aire de répartition naturelle – l'Office français de la biodiversité (OFB) avait déjà identifié deux noyaux de populations principales dans le quart nord-est du pays et les Pyrénées. Selon Le Monde, parti sur les traces de l'animal dans les forêts de l'Aude, « l'expansion du chat forestier semble s'accélérer depuis quelques années » et on le trouve aujourd’hui dans 54 départements français. 

Un chat forestier (Felis silvestris silvestris) au parc des félins de Lumigny-Nesles-Ormeaux (Seine-et-Marne). © Abujoy

Parmi les raisons qui expliquent ce retour : la déprise agricole – le recul de l'activité de culture ou d'élevage –  et la progression des forêts, son habitat naturel. Ce chasseur nocturne très discret, qui ressemble beaucoup au chat domestique, est protégé depuis 1979. Mais les observateurs restent inquiets, car les deux espèces ont tendance à se reproduire ensemble. 70% des chats de la Montagne-Noire seraient hybridés, alerte Nature en Occitanie qui s'appuie sur des analyses réalisées par le laboratoire de génétique de la conservation de l’université de Liège (Belgique). D’après Sébastien Devillard, chercheur en écologie évolutive, interrogé par le Monde, on compterait « 10 à 20 % » d'hybridation en moyenne au niveau national, un taux qui pourrait déjà « constituer une menace pour sa conservation »

« Sans actions de notre part, la population de chats forestiers présente en Montagne-Noire – à peine découverte – est potentiellement vouée à disparaître », met en garde l'association qui appelle à une stérilisation plus massive des 14 millions de chats domestiques.

Des récits de nouveaux départs

Beau départ. France 3 a mobilisé son réseau régional pour raconter, en onze films de 52 minutes, comment des Français·es « ont pris un nouveau tournant » et changé de destin avec la pandémie de Covid-19. Des collapsologues de Paca aux adeptes de la lenteur en Corse, en passant par les militant·es breton·nes pour une science citoyenne, la chaîne promet des « expériences locales et familiales, humbles et résolues ». Tous les films sont à retrouver ici. Voici la bande-annonce.

© France 3

+ Loup Espargilière et Barbara Pagel ont contribué à ce numéro