D'un vieux rafiot au large de l'Alaska jusqu'aux tribunaux français où elle fait condamner l'Etat, Greenpeace et sa paix verte sont de tous les combats.

Jean-François Julliard : « Les acteurs politiques et économiques ne peuvent pas ignorer la justice »
Greenpeace a 50 ans. Directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard nous raconte les actions les plus marquantes de ces dernières décennies, les nouveaux modes d'action du mouvement écologiste et le premier des combats de son ONG : la fin du nucléaire.
Quelles ont été pour vous les actions-phares de l’histoire de Greenpeace ?
La première mission, bien entendu : en 1971, une douzaine de joyeux-lurons canadiens et américains se retrouvent sur un combat commun d’opposition à l’arme nucléaire militaire. C’est un combat pacifiste et antimilitariste avec une dimension environnementale, puisque ces essais se font encore en mer à l’époque. Ils récupèrent un vieux rafiot, le retapent et vont au large de l’Alaska dans l’archipel des Aléoutiennes. Au final, ils sont empêchés par des garde-côtes américains. Ils reviennent un peu déçus mais plusieurs centaines de personnes les attendent à leur retour au port de Vancouver. Ça a allumé un espoir et c’est ce qui a contribué à créer Greenpeace.

Comment Greenpeace a-t-elle évolué ?
On a clairement changé d’échelle. Greenpeace est née au Canada et aujourd’hui on est présents dans une soixantaine de pays, y compris en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Greenpeace a aussi évolué sur ses modes d’action, notamment la désobéissance civile. Avant, les actions reposaient sur une poignée de personnes qui allaient bloquer un site industriel, entrer dans une centrale nucléaire ou accrocher une banderole sur un bâtiment, par exemple. C’étaient souvent cinq, dix, quinze personnes très déterminées, formées avec des compétences particulières de grimpe ou autres.
Aujourd’hui, on s’est ouverts à ce qu’on appelle dans le jargon la mass NDVA (non-violent direct action), c’est-à-dire un mouvement de masse d’action directe non-violente. En France, cela a donné le blocage de la République des pollueurs il y a deux ans, où nous avons engagé 2 000 activistes. Avec ANV-COP21 et Les Amis de la Terre, nous avons bloqué plusieurs sièges d’industries polluantes à la Défense : ceux de Total, la Société Générale et EDF.
Avec trois autres organisations, vous êtes parvenus à faire condamner l’Etat pour son inaction climatique dans le cadre de l’Affaire du siècle, qui est retournée hier devant le tribunal administratif de Paris. Quand Greenpeace a-t-elle commencé à actionner le levier juridique ?
En 2012, des juristes m’ont convaincu qu’il fallait arrêter de ne faire que se défendre dans les tribunaux et passer à l’attaque, être proactifs. Nous avons donc commencé à intenter des recours contre la prolongation des décrets permettant à l’EPR [de Flamanville, NDLR] de continuer à tenter d’exister un jour. Actuellement, nous avons une bonne dizaine de procédures en cours sur différentes thématiques : pollution de l’air, lutte contre la déforestation, nucléaire et production de pétrole. Le grand avantage de cette méthode, c’est que si les acteurs économiques ou politiques font la sourde oreille à nos alertes, ils ne peuvent pas ignorer la justice.
Retrouvez notre grand entretien en intégralité sur vert.eco.

· Hier, comme Vert l'avait annoncé, le Sénat à majorité Les Républicains a voté une version édulcorée de la proposition de loi contre la maltraitance animale. Les parlementaires sont revenu·e·s sur de nombreuses propositions contenues dans la version initiale du texte votée par l'Assemblée en janvier. Elles et ils se sont notamment opposé·e·s à la fin de la vente de chats et de chiens dans les animaleries et ont retoqué l’interdiction progressive de la détention d’animaux sauvages dans les cirques itinérants et dans les delphinariums. Si le désaccord persiste entre les deux chambres, c'est l'Assemblée nationale qui aura le dernier mot. - 20 Minutes (AFP)
· Alors que le tarif réglementé du gaz - payé par 3 millions de ménages - va bondir de 12,6% ce 1er octobre, le premier ministre Jean Castex a plaidé hier pour l'instauration d'un « bouclier tarifaire ». Le gouvernement s'apprête à geler les prix jusqu'au printemps prochain. Un gel dont les usagers devront payer la facture plus tard. « C'est une manière d’attendre les consommateurs à la sortie, de laisser passer l’hiver, pour ne pas dire de laisser passer les élections, ça ne trompe personne », a dénoncé Alain Bazot, président de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. - Le Monde


« Il ne s’agit pas de dicter au gouvernement quelle doit être sa politique climatique, mais de lui dire que ses engagements doivent être respectés et que leur non-respect engage sa responsabilité. »
- La rapporteuse publique du tribunal administratif de Paris
Rapporteurs à quatre moteurs. Jeudi, huit mois après que quatre ONG ont fait condamner l'Etat pour son inaction dans la crise climatique (Vert), l'Affaire du siècle repassait devant le tribunal administratif de Paris. La rapporteuse publique a présenté ses recommandations sur les actes à suivre par le gouvernement, coupable de n'avoir pas respecté ses propres objectifs de réduction de gaz à effet de serre entre 2015 et 2018 (Stratégie nationale bas-carbone). Si la magistrate s'est refusée à préconiser des actions précises, elle a demandé aux juges de prononcer une « injonction » pour contraindre le gouvernement à prendre « toutes les mesures utiles » avant le 31 décembre 2022, afin de réparer le « préjudice écologique » lié à ses trop fortes émissions. « C’est une immense victoire », s'est félicité Emmanuel Daoud, avocat de l'association Notre Affaire à tous, à la manœuvre avec Greenpeace, Oxfam et la Fondation Nicolas Hulot. Le tribunal devrait se prononcer d'ici quelques semaines.

Accident majeur : Fukushima en bas de chez soi
Il faut se Bugey. Conçue par le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard, et illustrée par Alizée de Pin, la bande-dessinée Accident majeur met en dessin le scénario réaliste d’un Fukushima à la française.
Ingénieure chez EDF, Laurine s’inquiète des précipitations hors-normes qui s’abattent sur le pays et craint pour la sûreté de la centrale du Bugey, en région lyonnaise. C’est bien la seule. « Tu es ingénieure environnement, pas sûreté », lui rétorquent ses collègues. A plusieurs reprises, elle tente d’alerter les pouvoirs publics qui font la sourde oreille. La tension monte à mesure de l’enchaînement de catastrophes naturelles et d’erreurs humaines qui donnent raison à l’héroïne. Un accident de niveau 7 – le niveau le plus élevé de l’échelle internationale du nucléaire – devient inéluctable.

La gravité du sujet trouve son parfait contrepoids dans le dessin naïf et coloré d’Alizée de Pin. Avec un scénario basé sur des documents officiels d'EDF, l’ouvrage réussit le numéro périlleux d’alerter sur le risque d’accident nucléaire en France sans sombrer dans un catastrophisme excessif. Au contraire, l’histoire reste très pudique sur les conséquences sanitaires pour la population – bien loin de la série Tchernobyl de Craig Mazin. Elle donne toute sa place, en revanche, au cynisme de responsables politiques qui continuent d'ignorer le risque atomique en France.
Accident majeur, Jean-François Julliard, Alizée de Pin, Editions du Faubourg, septembre 2021, 134p., 20€.

Le scandale du passage à 30 km/h des rues de Paris
Bertrand Usclat est un automobiliste parisien, et il en a gros depuis que la vitesse a été abaissée à 30 km/h dans la plupart des rues de la capitale. Parmi ses nombreuses craintes, celle que des provinciaux, appâtés par une circulation devenue trop aisée, ne viennent passer leur permis à Paris. Un pastiche signé Broute.

+ Juliette Quef a contribué à ce numéro