La quotidienne

La prise de la bassine

Chères toutes et chers tous,

📣 Jeudi 13 avril à l’Académie du climat (Paris 4), Vert organise une grande soirée intitulée «Sobriété, nucléaire, renouvelables : quelles énergies pour quel futur ?». Au menu, une table ronde sur l’indispensable sobriété, avec Anne Bringault, du Réseau action climat, l’ingénieur et vulgarisateur Rodolphe Meyer, alias «Le Réveilleur», et Thomas Pellerin-Carlin, de l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE). Puis, nos expert·es répondront à toutes vos questions - bêtes et moins bêtes - sur l’énergie. Réservez votre place sans plus attendre en cliquant ici.


N’y a-t-il pas mieux que des camions de CRS pour lutter contre la sécheresse ?


Un weekend de méga-mobilisation contre les «méga-bassines»

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans les Deux-Sèvres pour dénoncer la création d'immenses réserves d'eau destinées à l'irrigation agricole. La mobilisation a donné lieu à des affrontements violents.

La prise de la bassine n'aura pas eu lieu. Voilà quatre mois que le mouvement des Soulèvements de la Terre (qui réunit près de 200 organisations et collectifs), le syndicat agricole Confédération paysanne et le collectif local Bassines non merci avaient annoncé une nouvelle mobilisation contre les «méga-bassines» dans les Deux-Sèvres ce weekend.

Celle-ci a commencé dès vendredi 24 mars. Première «victoire» des organisateur·ices : l'implantation, au petit matin, d'un campement dans la commune de Vanzay, à la frontière entre la Vienne et les Deux-Sèvres. Barnums, toilettes sèches et tentes sont installées dans le champ d'un agriculteur ayant donné son accord, juste à proximité de la zone d'interdiction de circulation et de manifestation déclarée pour samedi matin. La préfecture des Deux-Sèvres avait prohibé tout rassemblement dans 18 communes, dont Sainte-Soline. Rendez-vous est donné ensuite à Lusignan pour accueillir en milieu d'après-midi un cortège de tracteurs venus du Jura ou de la région bordelaise pour certains.

Samedi, les manifestant·es font face aux forces de l’ordre venues en nombre pour protéger le cratère qui accueillera la future réserve artificielle de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Plus tard, la Ligue des droits de l'homme déplorera «un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l’ensemble des personnes présentes, avec un objectif clair, empêcher l’accès à la bassine, quel qu’en soit le coût humain». Un manifestant est entre la vie et la mort © Pascal Lachenaud/AFP

Le lendemain matin, dans la plaine transformée en champ de gadoue, le réveil est suivi par un point juridique sur la marche à suivre en cas d'arrestation. «On a tout mis en place pour que cela se passe au mieux, mais on ne vous le cache pas, ça va être dantesque», prédit Julien Le Guet, porte-parole de Bassines Non Merci, placé la semaine précédente sous contrôle judiciaire et interdit - en principe - de paraître à Sainte-Soline jusqu'en septembre. La préfecture a annoncé le déploiement de 3 200 gendarmes pour faire face à la venue estimée de 5 000 à 10 000 manifestant·es.

La suite de ce reportage est à lire juste ici

· Samedi, un gendarme du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) a été tué au cours d’une opération contre des orpailleurs en Guyane. Dix tonnes d’or seraient extraites illégalement chaque année en Guyane, une pratique fortement polluante en raison de l’usage de mercure, un métal toxique utilisé pour récupérer l’or. - Le Parisien (AFP)

· Samedi encore, la Commission européenne a décidé d’assouplir l’interdiction des ventes de véhicules thermiques neufs prévue pour 2035 face au blocage de l’Allemagne, qui empêchait l’adoption du texte depuis plusieurs semaines (notre article). Ce compromis prévoit d’offrir un sursis aux véhicules thermiques qui utilisent des carburants de synthèse. Jugée polluante, coûteuse et énergivore par des ONG écologistes, cette technologie balbutiante consiste à fabriquer du carburant à partir de CO2 ou d’électricité bas-carbone. - Sud-Ouest (AFP)

· Samedi toujours, quelque 38 000 coquillages ont été ramassés le long de 400 kilomètres de plages sur les bords de la mer du Nord dans le cadre d’une opération visant à mesurer l’état de la biodiversité marine. 800 personnes ont participé à la collecte entre la France, la Belgique et les Pays-Bas. - France info (AFP)

Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand © Giec/traduction par Vert

On est tous futurs ? Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a mis en lumière l’évolution passée des températures d’année en année par rapport aux niveaux observés entre 1850 et 1900. Dans ce graphique tiré de son dernier rapport paru la semaine dernière (notre synthèse), les scientifiques explorent différents scénarios pour le futur basés sur des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre variés, allant de «très élevées» à «très basses». Ce graphique illustre aussi la façon dont les différentes générations pourraient être touchées par le dérèglement climatique. Dans tous les cas, les humains nés dans les années 2020 connaîtront des conditions climatiques bien plus difficiles que n’importe quelle autre génération avant eux.

Et si on mettait l’épargne salariale au service du climat ?

Ainsi fonds, fonds, fonds. Alors qu’en France, l’épargne salariale finance les énergies fossiles à hauteur de 26 milliards d’euros, des organisations professionnelles et environnementales appellent les salarié·es à demander la création de fonds «transparents, diversifiés et des gestionnaires d’actifs engagés».

En 2020, 9,5 millions de salarié·es avaient accès à l’épargne salariale en France. Il s'agit de faire fructifier sur un livret la prime à la performance de l’entreprise (intéressement) ou une part des bénéfices (participation). Problème : la majorité de ce grand bas de laine est capté par des «gestionnaires d’actifs aux pratiques néfastes pour le climat», expliquent l’ONG Reclaim Finance, le Mouvement impact France, les Collectifs, Pour un réveil écologique, le syndicat du Printemps écologique et le Centre des jeunes dirigeants dans un manifeste et une tribune parus ce lundi.

En septembre 2022, selon l’ONG Reclaim finance, les principaux acteurs que sont Amundi, Natixis IM, Crédit Mutuel AM, Axa IM et BNP Paribas AM (qui concentrent 85% de cette épargne), détenaient 25,6 milliards d’euros d’actifs dans les entreprises développant des projets d’énergie fossile. Or, l’épargne salariale, qui représente 158 milliards d’euros, pourrait être redirigée vers les secteurs de la transition écologique.

Les salarié·es disposent de plusieurs leviers d’action. Pour mieux comprendre comment fonctionne son épargne salariale, Reclaim finance propose un accompagnement gratuit. «Après avoir scanné leur fonds, des organes de gouvernance existent pour renégocier les contrats : le Comité social et économique (CSE) et le conseil de surveillance des fonds.», explique à Vert, Julie Sansoucy, chargée de campagne chez Reclaim finance. Ces instances peuvent demander plus de transparence pour avoir accès à l’ensemble des entreprises financées, un choix plus diversifié avec un fonds «qui exclut toutes les entreprises développant de nouveaux projets fossiles» et l’engagement des gestionnaires d’actifs à accompagner leurs clients à sortir des énergies fossiles et à se fixer des objectifs de décarbonation.

On vous raconte le rapport du Giec en 4 minutes

Giec tout compris. La semaine dernière, le Giec a publié une vaste synthèse de ses derniers rapports et mis un point final à un cycle de travail de huit ans qui a établi un consensus international sur la crise climatique. Invité par Konbini, le rédacteur en chef de Vert Loup Espargilière a résumé les principaux enjeux de cet important document dans une courte vidéo déjà vue par plus de 600 000 personnes.

 © Konbini

+ Mathilde Doiezie, Loup Espargilière et Justine Prados ont contribué à ce numéro.