On va en Bavière. Dans une volte-face médusante, Berlin vient d’empêcher l’adoption du règlement européen qui prévoyait la fin des véhicules thermiques en 2035. D’autres textes pourraient être fragilisés.
Mardi 7 mars, les 27 États membres de l’Union européenne avaient rendez-vous pour entériner la fin de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035. Le vote de ce texte devait être une formalité puisque le compromis final entre le Conseil des ministres et le Parlement date d’octobre et que le Parlement européen avait formellement approuvé le texte à la mi-février.
Alors que le contenu du compromis ne peut plus être modifié, l’Allemagne a fait défection en dernière minute, provoquant un blocage inédit à ce stade de la procédure. Berlin conditionne désormais son vote à la présentation, par la Commission européenne, d’une seconde proposition, qui permettrait de continuer à vendre des véhicules fonctionnant aux carburants de synthèse. Ces carburants obtenus à partir de CO2 et d’électricité bas-carbone sont encore à l’état de prototypes et laissent les ONG écologistes plus que sceptiques. Mais ils soulageraient les constructeurs allemands en prolongeant l’utilisation de moteurs thermiques.
Cette volte-face de Berlin est liée à des dissensions au sein de sa coalition gouvernementale. En particulier, à la fronde du parti libéral (FDP) auquel appartient le ministre allemand des transports Volker Wissing. Elle a estomaqué de nombreux observateurs, qui craignent pour la fabrique du consensus européen. «Il est inacceptable que le gouvernement revienne sur sa parole», a tancé l’eurodéputé (Renew) Pascal Canfin. «Si tous les pays se comportent comme l’Allemagne, il n’y a plus jamais d’accord européen possible», a-t-il ajouté.
Un bien mauvais signal, alors que la plupart des douze textes du Paquet climat européen sont désormais dans la dernière ligne droite, un peu plus d’un an et demi après leur présentation par la Commission européenne (notre article). Ils visent à abaisser les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne dans tous les secteurs, pour atteindre -55% d’ici à 2030 par rapport à 1990.