Ce sera notre affaire à tous : la ferme du XXIème siècle sera écologique ou nous ne serons pas.
L’affaire du siècle : un jugement historique mais encore symbolique
L'« Affaire » a été entendue. Dans un jugement historique rendu mercredi, la justice a confirmé la « faute » de l'Etat français dans sa lutte contre la crise climatique.
Initiée il y a deux ans par quatre ONG et soutenue par quelque 2,3 millions de pétitionnaires, l'« Affaire du siècle » (racontée ici par Vert) commence à porter ses fruits. Les juges du tribunal administratif de Paris ont suivi les recommandations exprimées par la rapporteuse publique au cours du procès qui s'est tenu à la mi-janvier (Vert).
Dans leur jugement, les magistrat•e•s ont reconnu les « carences fautives de l’État ». Celui-ci n'a pas su mettre en œuvre les politiques publiques qui lui auraient permis d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’il s’est lui-même fixés. En juillet 2020, le Haut-Conseil pour le climat avait rappelé que la France était complètement hors des clous (rapport).
Le jugement reconnaît l'existence d'un « préjudice écologique » lié au changement climatique, dont l'Etat est « responsable ». Une première. Mais il rejette la demande de réparation dudit préjudice. Les juges se sont donné•e•s un délai de deux mois supplémentaires pour déterminer les mesures à imposer à l'Etat afin de réparer ce préjudice ou prévenir son aggravation. Le gouvernement pourrait alors être contraint de prendre de nouvelles mesures pour réduire ses émissions.
L'Etat est par ailleurs condamné à verser un euro symbolique aux quatre associations requérantes – Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot, Notre affaire à tous et Oxfam - en réparation du préjudice moral.
Si cette condamnation est encore toute symbolique, elle vient confirmer ce que de nombreuses institutions n'ont de cesse de rappeler : l'actuel pouvoir n'en fait pas assez. Ce jugement influera peut-être sur le contenu du projet de loi climat, bientôt débattu au Parlement. Le Conseil économique, social et environnemental a déjà prévenu que la copie du gouvernement n'était pas à la hauteur des objectifs (Reporterre). L'Etat peut faire appel de la décision.
• L’Etat a déposé un recours contre le tribunal administratif qui lui avait ordonné, fin décembre, de prolonger les concessions minières de la compagnie Montagne d'Or en Guyane, ont annoncé trois ministres dans un communiqué publié mercredi. Au nom de la protection de l'environnement, le gouvernement s'était dit opposé à ce gigantesque projet minier. Mais aucun•e de ses représentant•e•s ne s'était présenté à l'audience du 3 décembre pour démontrer la légalité de son refus de prolonger les concessions. - Outre-mer la 1ère
• Mercredi, les député•e•s de la France insoumise (FI) ont annoncé le lancement d’une commission d’enquête parlementaire relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés. « Cette commission réaffirme que l'accès à l'eau et l'assainissement est le défi du siècle. L'accès à l'eau est mis en danger par le réchauffement climatique mais aussi par son accaparement par des multinationales », a indiqué Mathilde Panot, élue FI qui présidera la commission. - Actu-environnement
La consommation de viande et le low cost essorent l'ensemble du vivant
L'holocauste du low cost. Notre appétit pour des régimes alimentaires bas de gamme et très carnés est la principale cause du déclin du vivant, mais ce n'est pas une fatalité.
L'agriculture est la menace numéro 1 pour 24 000 des quelque 28 000 espèces en danger d'extinction, indiquent les auteur•rice•s d'un rapport publié mercredi par le think tank Chatham House. Elles et ils indiquent que c'est surtout l'essor de la nourriture à bas prix et de la surconsommation de viande qui a éreinté le vivant.
Pilier de l'alimentation industrielle, l'agriculture intensive est ultra-gourmande en ressources. Ses pratiques nécessitent l'emploi faramineux d'eau, de pesticides, d'engrais et d'espaces pris à la nature : plus de 80% des terres agricoles mondiales sont utilisées pour élever des animaux, qui n'apportent que 18% des calories ingérées, comme le révélait une étude de 2018 (Science).
Au cours des cinquante dernières années, la conversion d'écosystèmes pour l'agriculture ou le pâturage a constitué la principale cause de réduction des habitats naturels, qui engendre, à son tour, l'érosion du vivant. Nos systèmes alimentaires génèrent également un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont la moitié pour la seule production de viande.
Les auteur•rice•s de cette étude, soutenue par le programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), ont une solution : réformer les systèmes alimentaires mondiaux pour les orienter vers des régimes plus végétariens. Pour ce faire, elles et ils comptent sur les nombreux événements internationaux qui jalonneront l'année 2021, dont la COP15 sur la biodiversité ou la COP26 sur le climat.
Au Togo, des fermes-écoles pour changer le monde agricole
Too good Togo. Au Togo, dix fermes-écoles forment les paysan•ne•s de demain à une agriculture respectueuse du vivant.
Il y a dix ans, dans sa ferme de Tchavadi (au centre du pays), Abdoulaye Issifou s'est mis à former cinq jeunes aux techniques de préservation des terres, comme le raconte le Monde. Depuis, neuf autres exploitations ont été converties en fermes-écoles, avec l'appui du Réseau des jeunes producteurs et professionnels agricoles du Togo (Rejeppat) soutenu par l’association Agriculteurs français et développement international (AFDI).
Agroécologie, engrais naturels... Depuis 2018, 285 élèves ont suivi ces formations courtes et très pratiques. La mission de ces dix écoles n'est pas de leur offrir les compétences pour se vendre à des producteurs conventionnels, mais de les rendre capables d'ouvrir leur propre exploitation écologique et familiale.
L'objectif du réseau est d'essaimer rapidement car il y a une double urgence. D'une part, la population du Togo croît très rapidement et répondre à la hausse des besoins alimentaires dans un monde qui se réchauffe sera un défi. D'autre part : « Si on ne se réveille pas, le désert va continuer à avancer à cause de la disparition des espèces végétales et de l’appauvrissement croissant des sols. Il faut sensibiliser les générations qui viennent à la protection de l’environnement », explique encore Abdoulaye Issifou. Un réjouissant reportage à lire dans le Monde.
Les chatons, les clowns et la fin du monde : Climat teaser avec Guillaume Meurice
Les animaux, il les préfère dans la nature que dans son assiette ou dans un cirque. Dans ce nouvel épisode de Climat teaser, l'humoriste radiophonique Guillaume Meurice nous parle de bien-être animal ainsi que d'un sujet qui constitue une source inépuisable de blagues : la fin du monde.
Vous le retrouverez « Au vert » et en version longue, dans notre entretien à paraître la semaine prochaine.