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Un numéro où l'on verra que ça gaze pour les plus riches et les pétroliers, pendant que les autres veulent giletjauner.

Qu’est-ce que l’« ISF climatique », proposition portée par plusieurs candidats à l’Elysée?
Impôt d’échappement. L’idée d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) climatique fait son chemin dans la campagne présidentielle. Une mesure qui doit permettre de corriger une partie des inégalités face à la lutte contre le bouleversement du climat. Décryptage.
L’idée peut sembler radicale mais le principe est simple : rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) - supprimé en 2017 par Emmanuel Macron - et l’indexer à l’empreinte carbone du patrimoine taxé. Pourquoi ? Car le patrimoine financier des plus riches, épargne ou actions, finance souvent des activités polluantes. C'est l'une des raisons pour lesquelles, en France, l’empreinte carbone des 1% des plus favorisés est environ 66 fois supérieure à celle des 10% les plus pauvres, selon un rapport de Greenpeace.
C’est d’ailleurs Greenpeace qui a fait surgir l’ISF climatique dans le débat public en 2020. Il s’agit de calculer l’empreinte carbone associée à un patrimoine (financier ou immobilier) et de moduler l’impôt selon la nature plus ou moins polluante de ces actifs. L’objectif : personnaliser l’effort à la lutte contre le changement climatique selon les moyens et la contribution de chacun aux émissions de gaz à effet de serre (GES), résume à Vert Clément Sénéchal, porte-parole climat de Greenpeace. Et proposer une fiscalité plus juste que la taxe carbone sur le carburant, dont l’augmentation avait mis le feu aux poudres des Gilets jaunes.

Cette année, l’ISF climatique s’est invité sur les programmes de trois candidat·es à la présidentielle - Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon - et chacun·e y va de sa propre recette. Par exemple, l’ISF de Yannick Jadot fonctionnera à partir d’un « score carbone » qui donnera un bonus ou un malus. Anne Hidalgo compte rétablir l’ISF sous sa forme « classique », mais elle en flèchera toutes les recettes vers des projets d’adaptation au changement climatique. Chez Jean-Luc Mélenchon, le seuil de taxation de l’ISF sera abaissé à 400 000 euros de patrimoine - contre 1,3 million en 2017, auquel sera ajouté un volet climatique.
Clément Sénéchal est ravi que plusieurs candidat·es se soient emparé·es de la proposition de Greenpeace, banalisant l’idée que la question climatique doit être incluse à celle de la fiscalité, deux champs longtemps restés distincts.
Économiste spécialisé dans la fiscalité carbone à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Paul Malliet craint, lui, que la mesure ne présente une technicité « difficile à résoudre » pour associer précisément les émissions de CO2 à la constitution d’un patrimoine. Mais pour lui, la vraie difficulté réside dans l’efficacité réelle de la méthode : « Ça verdirait sûrement le bilan [carbone] français mais avec un jeu à somme quasi nulle au niveau des émissions mondiales », analyse-t-il pour Vert.
Pour plus d’informations, retrouvez la version longue de cet article sur vert.eco

· Ce jeudi, Emmanuel Macron devrait profiter d'un déplacement à Belfort pour officialiser le lancement d’un programme de construction nucléaire, portant sur six à huit nouveaux réacteurs EPR. Jusqu'à peu, le président exigeait le démarrage de l'EPR de Flamanville avant tout lancement de nouveaux projets. Un chantier cauchemardesque qui a de nouveau pris du retard le mois dernier (Le Monde). Comme Vert l’avait raconté, Emmanuel Macron n’a pas toujours été aussi favorable au redéploiement de l’atome.
· La pollution de l’air est responsable de près d’un décès sur dix dans la région Île-de-France, selon une étude de l’Observatoire régional de santé (ORS) et Airparif. Malgré des progrès significatifs au cours de la dernière décennie, les concentrations de polluants – particules fines et dioxyde d’azote notamment - excèdent encore largement les seuils préconisés par l'Organisation mondiale de la Santé. - Le Monde
· Des travaux scientifiques confirment pour la première fois le lien entre l’alimentation bio et la baisse significative du stress oxydatif, impliqué dans différentes pathologies chroniques dont le diabète, certains cancers et maladies neurodégénératives. Le niveau de stress oxydatif est probablement lié à la présence de résidus de pesticides de synthèse dans l’alimentation conventionnelle, expliquent les scientifiques dans leur étude, publiée dans la revue Environment international.


16 milliards
Total(e) démesure. Le groupe TotalEnergies vient d’annoncer un bénéfice net de 16 milliards de dollars (soit 14 milliards d’euros) en 2021, le plus élevé depuis au moins 15 ans. Le pétrolier profite notamment de la flambée des prix des hydrocarbures qui pèse sur le pouvoir d’achat des Français·es. Ces jours-ci, le prix des carburants atteint des records : 1,70 euro le litre de gasoil en moyenne, soit 15 centimes de plus que le pic de la fin 2018 qui avait entraîné le mouvement des Gilets jaunes. Dans ce contexte de crise de l’énergie, la multinationale française a multiplié son bénéfice net ajusté (18,1 milliards de dollars, qui exclut certains événements exceptionnels et sert de référence) par 4,4 par rapport à 2020.
Alors que ce résultat-record fait grincer des dents, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a annoncé plusieurs mesures de solidarité. Au micro de RTL, mercredi matin, il a promis des chèques gaz de 100 euros pour 200 000 client·es en précarité énergétique. TotalEnergies offrira également des remises à la pompe dans quelque 1 150 stations-essence en zone rurale pendant trois mois. Au total, les dispositifs annoncés coûteront 50 millions d’euros à la major pétrolière.

L'Allemagne fait de Jennifer Morgan, directrice générale de Greenpeace, son envoyée spéciale sur le climat
Grünpeace. La nouvelle coalition au pouvoir en Allemagne a choisi d'intégrer cette spécialiste de la lutte contre le changement climatique à son ministère des affaires étrangères.
La nouvelle envoyée spéciale de l'Allemagne sur le climat n'est pas allemande, mais cela ne déplaît pas à tout le monde. « C’est la première fois qu’une étrangère parvient à un poste gouvernemental aussi important dans le domaine des affaires étrangères, applaudit le journal conservateur allemand Die Welt, traduit par Courrier International. Et cela marque, en outre, une rupture avec le ronron de l’État des fonctionnaires. »
Le 28 février, l'Américaine devrait abandonner ses fonctions de directrice générale de Greenpeace international, vaste ONG qu'elle a rejointe il y a six ans. Activiste de longue date, Jennifer Morgan a un parcours très riche. Auparavant, elle fut notamment directrice des programmes sur le climat au World resources institute comme à WWF, et coordinatrice du Réseau action climat des Etats-Unis, qui fédère de nombreuses organisations spécialisées.

Autant d'expériences qui font d'elle une fine connaisseuse des politiques climatiques, de la mobilisation et des négociations internationales, et qui l'ont conduite à être de toutes les conférences de l'ONU sur le climat, jusqu'à la dernière COP26, à Glasgow (Royaume-Uni).
On doit l'originalité de cette nomination à la nouvelle coalition au pouvoir, formée en novembre dernier par les sociaux-démocrates, les libéraux et les Verts allemands (Vert). Arrivée troisième lors des élections fédérales, l'écologiste Annalena Baerbock a hérité du ministère des Affaires étrangères. C'est sous l'égide de celui-ci, et non du ministère de l'environnement, que sera désormais placée la lutte contre le changement climatique. « Nous ne pouvons pas régler le problème de la crise climatique sur le seul plan national, a indiqué Annalena Baerbock, mercredi, lors d'une conférence de presse. Jennifer Morgan dirigera notre politique climatique étrangère, élargira les partenariats avec les autres nations du monde, et mènera le dialogue avec la société civile du monde entier ».

Climat : qui a allumé le feu ?
Colibriser menu. Quand le changement climatique embrase les forêts, la journaliste Laura Raim ne peut s'empêcher de penser à la fable du colibri... et ça l'agace ! L'idée selon laquelle chacun est individuellement responsable d'éteindre l'incendie climatique, y compris le minuscule colibri avec sa goutte d’eau, masque une autre réalité : ce n'est pas l'humanité dans son ensemble qui est responsable du réchauffement climatique mais quelques protagonistes bien précis. Dans son émission « Les idées larges », diffusée sur Arte, elle part donc à la recherche de ceux qui ont allumé le feu. Édifiant.

+ Loup Espargilière et Justine Prados ont contribué à ce numéro