La quotidienne

Faut pas se Trumper

Chères toutes et chers tous,

📻 Aujourd’hui, retrouvez Vert sur les ondes : à 14h50, Loup Espargilière interviendra sur France Inter pour un billet bien senti sur les milliardaires dans «La Terre au carré» et Jennifer Gallé sera l’une des invité·es de l’émission «C’est pas du vent !» à 16h10 sur RFI pour partager les actus les plus marquantes de l’écologie. À vos postes !


Rétropédalages et pétrole à gogo, la possible réélection de Donald Trump fait froid dans le dos. 


Pétrole, «projet 2025» et Accord de Paris : à quoi ressemblerait un second mandat de Donald Trump en matière d’écologie ?

Make America grey again. Alors qu’il a réchappé à une nouvelle tentative d’assassinat ce week-end, Donald Trump poursuit sa campagne présidentielle au coude-à-coude avec la démocrate Kamala Harris. Son éventuelle réélection début novembre laisse présager le pire pour le climat et la biodiversité.
 

L’écologie, la grande absente de son programme

Quand il n’est pas en train de nier la réalité du dérèglement climatique en évoquant un «canular», Donald Trump n’hésite pas à éclipser totalement l’écologie de son programme. C’est simple : sur le document programmatique de 28 pages du Parti républicain pour l’élection présidentielle du 5 novembre prochain, les termes «climat», «environnement» ou même «agriculture» ne sont mentionnés à aucune reprise. L’ancien président d’extrême droite (2017-2021) préfère axer sa campagne sur l’immigration, l’avortement ou le pouvoir d’achat.
 

Les fossiles à tout prix : «Fore, bébé, fore»

S’il est réélu, Donald Trump a promis deux grandes mesures dès le premier jour de son nouveau mandat : fermer la frontière avec le Mexique et «forer à tout-va». Le milliardaire américain n’a jamais caché son obsession pour le pétrole. C’est d’ailleurs l’objet d’un slogan régulièrement scandé lors de ses meetings : «Drill, baby, drill» («Fore, bébé, fore»). Il dénonce les restrictions «paralysantes» qui pèsent sur la production domestique d’énergie et promet de «libérer l’énergie américaine» pour détruire l’inflation et faire chuter les prix. Il compte pour cela s’appuyer sur les énergies fossiles, dont le pétrole et le gaz naturel, et le nucléaire afin d’assurer l’indépendance du pays. «Nous allons FORER, BÉBÉ, FORER et nous redeviendrons indépendants en énergie, voire dominants», insiste son programme.

Donald Trump lors d’un meeting de campagne dans l’Arizona, en juin 2024. © Gage Skidmore / Flickr

Détricoter le bilan de Joe Biden

À l’instar de la politique conduite lors de son premier mandat, le candidat républicain promet un vaste retour en arrière en matière de politiques environnementales. Pour rappel, entre 2017 et 2021, la première administration Trump avait adopté quelque 176 mesures réglementaires destinées à affaiblir la politique climatique du pays, rappelle la prestigieuse université de Columbia.

👉 Cliquez ici pour lire ce décryptage de Justine Prados. 

· Mardi, une cinquantaine d’incendies étaient toujours actifs au Portugal. Ces feux, qui ravagent le pays depuis la fin de semaine passée, ont déjà fait sept victimes, dont quatre pompiers. En trois jours, les flammes ont réduit en cendres 10 000 hectares, soit une surface supérieure à celle brûlée durant tout le reste de l’été. - Le Monde (AFP)

· Le week-end dernier, les douaniers ont effectué plus de 600 saisies impliquant des espèces d’animaux protégés pendant de la grande Braderie de Lille. Caïman empaillé, peau de tatou ou cornes de gazelle… lors de cette édition 2024, les contrôles ont enregistré un nombre record d’objets issus du braconnage illégal. - La Dépêche

· Selon un récent rapport de l’organisation Earth Track, au moins 2 milliards d’euros sont dépensés chaque année en subventions néfastes pour le climat et la biodiversité dans le monde. En soutenant par exemple les grands navires de pêche, la monoculture ou l’utilisation massive d’engrais, les États contribuent à la déforestation, la pollution de l'eau et la consommation de combustibles fossiles, soulignent les auteurs du rapport. - The Guardian (en anglais)

Teresa Ribera en mai 2024. © Eugenia Morago - PSOE / Flickr

Commission délicate. Mardi 17 septembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé sa nouvelle équipe, dominée par les conservateur·ices. On y trouve toutefois la socialiste espagnole Teresa Ribera, nommée vice-présidente exécutive de la Transition propre, juste et compétitive. D’abord secrétaire d’État au changement climatique de 2008 à 2011, puis ministre de la Transition écologique du gouvernement espagnol de Pedro Sánchez de 2018 à aujourd’hui, elle a aussi participé aux négociations de l’Accord de Paris en 2015. Fine connaisseuse des dossiers énergétiques, elle a porté des positions antinucléaires, en s’opposant par exemple à la labellisation de l’atome comme «énergie verte». Durant son mandat européen, sa mission consistera à mettre en place le Pacte Vert, mais elle devra aussi s’assurer de la «décarbonation et de l’industrialisation de l’économie, en même temps», a précisé Ursula von der Leyen.

«Pour réaliser la dernière carte forestière, il aura fallu 10 ans, alors que pour la nouvelle qui est en cours, avec l’IA, on a prévu de diviser le temps par 3»

-Matthieu Porte, coordinateur des activités IA à l’IGN

I’A pas photo. L’Institut géographique national (IGN) vient de dévoiler la 3ème édition de son «Atlas de l’anthropocène». Publié chaque année depuis 2022, ce document rassemble les cartes réalisées à partir des ressources de l’IGN, et utilise de plus en plus l’intelligence artificielle (IA) pour cartographier les transformations de la planète. Selon l’IGN, l’IA permet d’augmenter considérablement la quantité de données et de les classifier plus rapidement pour les transformer en représentations visuelles. L’atlas présente toutes les possibilités qu’offrent ces ressources : cartographier la répartition de différentes espèces végétales sur un territoire, représenter l’évolution de l’érosion d’une côte, évaluer les risques d’inondations ou encore anticiper les feux de forêts… Les bases de données sont ouvertes à tous : entreprises, associations ou collectivités locales peuvent s’en saisir pour créer leurs propres documentations.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de cet article de Mathilde Picard. 

«Toxicily», une plongée dans la Sicile côté raffinerie

Chimique-mac. Sous le sable et les amandiers de Sicile… une immense pollution et beaucoup de silences. En salle ce mercredi, Toxicily, le film documentaire de François-Xavier Destors et Alfonso Pinto nous plonge dans une zone méconnue de la grande île du Sud italien. Quelque part entre Syracuse et Augusta, une gigantesque raffinerie empoisonne depuis des décennies l’eau, la terre et les corps. Le film retrace de manière onirique et poignante la prise de conscience et le combat des habitant·es pour défendre leur droit à un environnement (plus) sain.

© JHR / Youtube

+ Margot Desmons, Jennifer Gallé et Mathilde Picard ont contribué à ce numéro.