I’A pas photo. L’Institut géographique national (IGN) enrichit massivement ses données et ses cartes grâce à l’intelligence artificielle depuis 2022. Son objectif ? Mettre à disposition du plus grand nombre des outils ouverts qui informent sur les risques environnementaux et climatiques. Explications.
Pour identifier les territoires les plus exposés aux inondations, incendies ou à l’érosion côtière, l’Institut géographique national (IGN) met à disposition du public des ressources presque infinies et continuellement enrichies grâce aux systèmes d’intelligence artificielle (IA).
C’est ainsi le cas de son «Atlas de l’anthropocène», dont la troisième édition a été présentée le 12 septembre dernier. Publié chaque année depuis 2022, ce document rassemble les cartes réalisées à partir des données de l’IGN, qui utilise de plus en plus l’intelligence artificielle pour cartographier les transformations rapides de la planète.
L’atlas présente une série de projets qui s’appuient ces ressources. Parmi eux, Cosia constitue l’un des plus accessibles au grand public. Il offre une représentation détaillée de l’occupation des sols du territoire français et représente ainsi un outil précieux pour les agences d’urbanisme, les pouvoirs publics ou encore les associations environnementales. Ces acteurs peuvent utiliser les informations de Cosia pour connaître le type de couverture végétale d’un terrain (feuillus, conifères ou broussaille) ou encore sa perméabilité, par exemple.
Autant d’informations essentielles pour juger de la capacité d’adaptation d’une zone à de fortes chaleurs ou à de fortes pluies. Cette carte permet également de reconnaître les parties les plus urbanisées et les zones naturelles plus vulnérables, parce que déjà fragmentées par des habitations ou des zones d’activités. Elle peut ainsi orienter la décision d’entreprise ou de collectivités territoriales d’installer, ou non, de nouvelles infrastructures à cet endroit.
Élaborer des cartes beaucoup plus rapidement
Bien sûr, les représentations de l’occupation des sols existaient déjà avant l’utilisation de l’IA. Mais celle-ci accélère les processus de cartographie. «Pour réaliser la dernière carte forestière, il aura fallu 10 ans, alors que pour la nouvelle, qui est en cours, avec l’IA, on a prévu de diviser le temps par 3», s’enthousiasme auprès de Vert Matthieu Porte, coordinateur des activités IA à l’IGN.
Les systèmes d’intelligence artificielle permettent, à partir d’un exemple réalisé par des cartographes, de décrire un territoire beaucoup plus étendu. Ils classifient également les données plus rapidement en différentes catégories, comme les différentes essences d’arbres détectées dans une forêt, par exemple. Si Matthieu Porte reconnaît que cette technologie est très gourmande en énergie, ce besoin est proportionné pour lui au service rendu, à savoir «outiller la société sur le changement climatique».
En plus de cartographier massivement les espaces naturels et urbanisés du territoire, l’IA permet d’évaluer les risques climatiques. Pour cela, l’IGN met à la disposition des entreprises et des pouvoirs publics ses jeux de données (photos aériennes, détections de foyers d’incendies par satellite, etc) et ses algorithmes.
Simuler les risques pour mieux s’adapter
L’atlas présente ainsi les premières cartes de différents projets qui sont toujours en cours d’élaboration : le programme Goliath pour cartographier les risques d’incendies en Corse, porté par l’Université de l’île ; celui de prévision des orages violents et des cyclones tropicaux mené par le Centre national de recherche météorologique et Météo-France, ou encore la surveillance du trait de côte par l’entreprise I-Sea qui travaille avec les collectivités locales.
L’Intelligence artificielle participe également à l’élaboration du «jumeau numérique», une représentation numérique de la France (notre article) qui permettra de simuler en 3D les aléas climatiques sur les différentes portions du territoire. La 3D apportera une grande précision pour mesurer l’impact du réchauffement climatique sur les infrastructures et la végétation. Tester différents scénarios de vagues de chaleur ou d’inondations sur un territoire devrait permettre aux acteurs publics ou privés d’élaborer des stratégies d’adaptations appropriées à une zone donnée.
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