Chères toutes et tous,
Quelle aventure ! Lorsque nous avons modestement lancé l'idée il y a six mois, nous n'aurions jamais pu nous douter de l'ampleur que celle-ci prendrait !
Hier, à peine lancée, la Charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique était déjà signée par une soixantaine de médias et près de 1 000 journalistes !
Reporters, animateur·rices de télé ou radio, chef·fes de rubriques, directeur·rices de rédactions ; hier soir, quelque 250 journalistes sont venu·es fêter avec nous et nos camarades le lancement de la charte à la Recyclerie (Paris 18). D'aucuns ont vu dans cet événement un « moment de l'histoire du journalisme contemporain », des mots de Vincent Giret, directeur de l'information de Radio France, invité de notre soirée; difficile à prédire ce qu'il en sera réellement, mais ce qui est certain, c'est que cette initiative, portée par une poignée de journalistes de bonne volonté, aura fait naître des discussions et, pourquoi pas des vocations, dans la plupart des rédactions françaises.

Le système énergétique est en crise. C'est le moment de se sortir les doigts de la prise !

Crise de l'énergie : pourquoi il faudra être économes cet hiver
Ça pull. L'approvisionnement de la France en énergie est fragilisé comme jamais par des crises aux origines multiples. Pour espérer passer l'hiver sans encombres, les gestionnaires de réseau de gaz et d'électricité espèrent un élan généralisé de sobriété.
Rassurants... mais pas trop ! Mercredi, les gestionnaires des réseaux de gaz et d'électricité ont tenu leurs traditionnelles conférences de presse sur le « passage de l'hiver » 2022-2023 dans un contexte hors normes. Avec la guerre en Ukraine, l'Europe doit gérer le tarissement des flux de gaz russe, qui représentaient encore 45 % de sa consommation en 2021 (17 % en France). Pour ne rien arranger, la moitié des réacteurs nucléaires français sont arrêtés pour travaux ou problèmes de corrosion (Vert). EDF a promis leur remise en service au cours de l'hiver mais le calendrier reste incertain. Enfin, la production hydroélectrique, qui représente habituellement plus de 10% du mix électrique français, est très affectée par la sécheresse avec un taux de remplissage des stocks historiquement bas.

« Si l'hiver est moyen, nous serons capable de fournir autant de gaz que nécessaire », a indiqué Thierry Trouvé, gestionnaire du réseau de gaz GRTgaz. S'il est froid (comme en 2012-2013) ou très froid (comme en 2010-2011), le déficit pourrait atteindre 4,7 % des besoins. Même son de cloche du côté de RTE, en charge de l'électricité, qui prévient que « le risque de coupures ne peut pas être totalement exclu ». Mais il pourrait être évité « en baissant la consommation de 1 à 5 % dans la majorité des cas, et jusqu'à 15 % dans les situations météorologiques les plus extrêmes ».
Les gestionnaires en appellent donc à la sobriété à tous les niveaux. ils préconisent en priorité de baisser le chauffage à 19°C : « 1°C en moins réduit la consommation de gaz de 7% », illustre Thierry Trouvé. « Le chauffage électrique représente 30 à 40 % des appels de puissance », soit la puissance demandée à un instant « T », illustre Xavier Piechaczyk de RTE. Ils recommandent également de modérer l'utilisation des appareils de cuisson et de s'attaquer à l'éclairage en généralisant les LED, en éteignant les enseignes et en réduisant l'éclairage public.

· Mercredi, Elisabeth Borne a annoncé le maintien au-delà de 2022 du bouclier tarifaire qui permet de limiter la hausse des prix de l'énergie. Après 4 % en 2022, celle-ci sera contenue « à 15 % au lieu de 120 % » en 2023, a indiqué la Première ministre. D'autre part, un nouveau chèque énergie de 100 à 200 euros sera versé d'ici la fin de l'année « aux 12 millions de foyers les plus modestes, soit quatre foyers sur dix ». Le coût de ces mesures est chiffré à 16 milliards d’euros pour la prolongation du bouclier tarifaire et 1,8 milliard d’euros pour le chèque énergie. - Le Monde
· Mercredi encore, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé un prélèvement sur les surprofits engrangés par certains producteurs d'énergie pendant la crise. Le dispositif, qui permettrait de récupérer 140 milliards d’euros, doit être adopté lors d'un conseil des ministres européens de l'énergie le 30 septembre. Plusieurs Etats membres, dont l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne, ont déjà mis en place une taxation des surprofits des entreprises fossiles. La France, de son côté, ne taxe que les énergies renouvelables (Vert). - Les Echos
· Mercredi toujours, une mission de contrôle du Sénat a remis son rapport contenant « 30 propositions pour plus de sécurité à la chasse ». Il rejette l’idée d’instaurer des distances de sécurité autour des habitations ou des routes mais propose de créer un délit d’entrave à la chasse. Cette mission avait été lancée fin 2021 après que la pétition intitulée « Morts, violences et abus liés à la chasse : plus jamais ça ! » portée par le collectif Un jour, un chasseur avait dépassé les 100 000 signatures. - Public Sénat


Sobriété et efficacité énergétique : quelle différence ?
De moins en mieux. Depuis qu'elle a endossé le rôle de Première ministre, au mois de mai, Élisabeth Borne n'a plus que le mot « sobriété » à la bouche. Un grand « plan de sobriété énergétique » est d'ailleurs en cours d'élaboration pour abaisser de 10% la consommation du pays d'ici 2024 (par rapport à 2019). Mais attention à ne pas oublier l'efficacité énergétique, alertent les spécialistes. En effet, si la sobriété est une réduction (ponctuelle) des consommations, l'efficacité énergétique porte sur une amélioration (structurelle) de la performance. Concrètement, les gestes individuels de sobriété consistent à modérer le chauffage ou la climatisation, à éteindre la lumière ou à privilégier le télétravail tandis que l'efficacité énergétique consiste à mieux isoler les bâtiments ou à renouveler le parc automobile.

Vert se plie en quatre pour répondre aux questions qui vous brûlent les lèvres
La question à un million. À partir de ce jeudi, et chaque semaine désormais, la rédaction de Vert répondra à l’une des questions qui vous taraudent, dans cette nouvelle rubrique de la quotidienne.
« La France ne représente-t-elle vraiment que 1 % des émissions mondiales de CO2 ? », « Vaut-il mieux consommer bio ou local ? », « Est-ce que le vélo électrique, c'est écolo ? ». Chaque jour, nous nous tentons d’imaginer les questions que vous vous posez pour y répondre. Pourquoi ne pas vous demander directement ce qui vous préoccupe ?
Il en va du rôle d’un média d’aider ses lecteur·rices à y voir plus clair à travers les idées reçues et les fake news, et c’est ce que nous nous efforçons de faire avec cette nouvelle case « le vert du faux ». Tous les jeudis, nous vous proposerons de voter parmi deux questions. Celle qui remportera le plus grand nombre de suffrages sera traitée par la rédaction dans l’édition du jeudi suivant. Vous aurez également la liberté de poser vos propres questions, qui pourront figurer parmi celles qui nous soumettront au vote.
Questions d’actualité, ordres de grandeur, vérification de chiffres, sujets liés à la consommation, le climat ou la biodiversité : n’hésitez pas à nous bombarder de suggestions.
Pour la première, voici les deux sujets mis au vote :
Quelles sont les autres questions que vous vous posez ? Répondez à ce mail avec les interrogations qui vous trottent dans la tête et nous les lirons avec intérêt !
Les votes sont ouverts jusqu’à demain matin et les résultats seront donnés dans l’édition de vendredi. À vos claviers !

Une photo vaut mille maux
L'instant ou l'Insta ? La vie rêvée des réseaux sociaux cache souvent des recoins sombres. Selon la photographe belge, Natacha de Mahieu, l'attrait du « like » et l’influence des codes esthétiques d’Instagram aurait tendance à transformer notre rapport au monde, faisant de notre environnement un simple décor et de nos voyages, une chasse aux meilleurs clichés. Son travail photographique et documentaire portant sur plusieurs sites touristiques fait aussi apparaître leur surfréquentation et donc potentiellement leur dégradation. Son travail est présenté par nos confrères de France Culture.

+ Justine Prados et Loup Espargilière ont contribué à ce numéro.