Chères toutes et chers tous,
💻 Vous tenez entre vos mains une édition spéciale dédiée à l’Intelligence artificielle. Alors que géants de la tech et dirigeant·es se rassemblent à Paris pour organiser le développement de cette technologie, Vert décrypte pour vous les coûts écologiques et financiers de ces innovations.
📻 Pour l’occasion, le rédacteur en chef de Vert Loup Espargilière participera à l’émission spéciale IA de la Terre au carré sur France Inter. Vous pourrez l’écouter ce lundi à partir de 14 heures.
Alors que le sommet sur l’intelligence artificielle s’ouvre à Paris, Vert vous offre une édition spéciale sur cette technologie gourmande en énergie.
Aux États-Unis, le site nucléaire de la catastrophe de Three Mile Island redémarre pour alimenter l’intelligence artificielle
PennsylvanIA. Donald Trump a annoncé un immense plan d’investissements dans des data centers dédiés à l’intelligence artificielle. Des infrastructures gourmandes en électricité que les géants du numérique comptent alimenter grâce au nucléaire. À Three Mile Island, site nucléaire sinistré depuis un grave accident en 1979, les habitant·es sont revolté·es.
Face à la centrale nucléaire de Three Mile Island (TMI), en Pennsylvanie (États-Unis), se sont dressés pendant des années d’élégants cerisiers de Yoshino. Un cadeau du Japon, dont les ingénieur·es ont porté assistance aux Américain·es à la suite de l’accident nucléaire du 28 mars 1979. Le pire de l’histoire des États-Unis, trente ans avant Fukushima. Ce jour-là, à 3h56 du matin, un incident d’exploitation a entraîné un manque de refroidissement par le circuit d’eau des générateurs de vapeur, et la fusion partielle du cœur du réacteur numéro 2. Des radiations non contrôlées ont été rejetées hors de l’enceinte de confinement, dans les villes avoisinantes. Avec des conséquences encore mal évaluées aujourd’hui.
En ce mois de janvier 2025, les cerisiers ont disparu. Ils ont été retirés, de même qu’une plaque commémorative qui se trouvait là. «Il faut parfois revenir sur le passé pour sauver l’avenir», aime à dire Eric Epstein, habitant de la ville voisine de Harrisburg, engagé depuis près de 45 ans pour faire la lumière sur les conséquences de l’accident nucléaire, avec son association TMI Alert. Après des années de fonctionnement partiel – l’une des cuves a été détruite lors de l’accident -, le site de Three Mile Island avait été définitivement fermé en 2019, faute de rentabilité économique.
Mais, en septembre 2024, une annonce a pris de court Eric et les habitant·es du comté du Dauphin : le géant Microsoft a signé un contrat avec l’entreprise américaine Constellation pour redémarrer le réacteur numéro 1 de TMI. Un contrat exclusif d’une durée de 20 ans. «Tout cela ne finira donc jamais. C’est un accident sans fin», s’attriste Eric Epstein.
👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce grand reportage de Maïa Courtois et Regard brut en Pennsylvanie.
· Dimanche, les Suisses ont massivement rejeté une initiative visant à inscrire dans la Constitution le respect des limites naturelles de la planète. Celles-ci sont des seuils à ne pas dépasser dans plusieurs domaines (pollution chimique, biodiversité…) afin d’assurer l’habitabilité de la Terre. L’initiative proposée par les Jeunes Écologistes a été boudée par 70 % des votant·es qui refusent «une vie radicalement différente de celle que nous menons aujourd’hui en Suisse», selon le conseiller fédéral (ministre) en charge de l’environnement, Albert Rösti. - Libération
· Cette semaine, la marine nationale française part en mission de reconnaissance dans l’île Amsterdam (au sud de l’océan Indien) ravagée par un incendie depuis le 15 janvier. Elle déterminera l’évolution du feu qui a déjà détruit entre 45 et 50 % de cette zone des Terres australes françaises, considérée comme un joyau de biodiversité. La trentaine de scientifiques qui y étaient installé·es a été évacuée dès le lendemain du départ de flammes. Cette base est un site essentiel pour mesurer la pollution atmosphérique. - Le Monde
· Vendredi, Donald Trump a annoncé sur son réseau social Truth qu’il signerait un décret pour «mettre fin à la promotion ridicule des pailles en papier». Le président climatosceptique a promis un «RETOUR AU PLASTIQUE» pour le petit ustensile. Au-delà de la promotion des forages d’hydrocarbures à tout-va et de la sortie des États-Unis de l’accord de Paris (notre article), il poursuit la destruction de la politique environnementale de son pays, jusque dans les moindres détails. - 20 minutes
Data centers et milliards d’euros dédiés : le sommet sur l'intelligence artificielle réunit dirigeants et monde de la tech à Paris
Grand Pas laid. Le sommet pour l’action sur l’Intelligence artificielle (IA) débute ce lundi au Grand Palais à Paris. La veille, Emmanuel Macron a annoncé un investissement de 109 milliards d’euros dans cette technologie sur les prochaines années. Son objectif ? Montrer que «la France et l'Europe sont crédibles» dans le secteur, a-t-il affirmé dimanche. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, le monument qui accueille l’évènement a été illuminé par les œuvres de l’artiste Joanie Lemercier. Spécialisé dans les nouvelles technologies, il a souhaité alerter sur les risques que représente «cette course effrénée à l’innovation». À l’image de la surveillance de masse ou des immenses besoins en eau et en électricité des data centers (notre article). Parmi ses projections, le plasticien n’a pas manqué de dépeindre Elon Musk faisant un salut nazi pour dénoncer la venue du milliardaire au sommet. Il viendra en compagnie de Donald Trump, mais aussi de Sam Altman d'OpenAI, créateur de ChatGPT, ou encore du vice-premier ministre chinois Zhang Guoqing. - Vert (AFP)
«Dans le futur, pour nous informer, nous poserons des questions à un robot.»
- Arthur Grimonpont, spécialiste de l’intelligence artificielle à Reporters sans frontières
Robot pour être vrai. Anaëlle Beignon, doctorante, membre du collectif Limites numériques, pour un internet plus sobre ; Théo Alves da Costa, coprésident de Data for Good, qui met la tech au service de l’intérêt général ; et Arthur Grimonpont, spécialiste de l’intelligence artificielle à Reporters sans frontières s’inquiètent de l’impact de l’IA sur l’information. Au cours de la grande soirée organisée vendredi par Vert au musée des Arts et Métiers, à Paris, elle et ils ont identifié les menaces que cette technologie fait peser sur nos démocraties.
👉 Cliquez ici pour lire cet entretien croisé mené par Juliette Quef et Loup Espargilière.
Les Pieds sur terre et les deux mains dans l'intelligence artificielle : l'émission de France Culture teste l’IA
IA de quoi s’étonner. Au début de cet épisode inédit des Pieds sur Terre, émission phare de France Culture diffusée depuis plus de vingt ans, on croit entendre Sonia Kronlund, la productrice et animatrice de l’émission. Mais c’est sa voix clonée par l’intelligence artificielle (IA) qui présente les deux témoignages, inventés de toutes pièces. Heureusement, la présentatrice (la vraie) explique ensuite qu’il s’agit d’une expérience pour interroger notre rapport au réel et au travail des journalistes. L’auditeur·ice pourra se faire son opinion sur ces histoires fabriquées par l’IA sur le modèle de plus d’un millier de scripts de l’émission. Il est difficile (mais possible!) d’y déceler les incohérences ténues qui permettent encore de faire la différence entre fiction et réalité.
+ Rémy Calland, Maïa Courtois, Regard brut, Margot Desmons, Loup Espargilière, Mathilde Picard, Antoine Poncet et Sanaga ont contribué à ce numéro.
