Désintox contre réintox


La société civile fait des pieds et des mains pour obtenir l'oreille attentive des gouvernements.  

La relance de la dernière chance 

Sera-t-elle écoutée, elle ? L'Agence internationale de l'énergie (AIE) propose un vaste plan pour relancer l'économie mondiale et faire baisser durablement les émissions de CO2 dans un rapport qui paraît jeudi 18 juin. 

« Cette année, c'est notre dernière chance d'éviter un rebond du CO2 » ; la messe est dite par Fatih Birol, directeur de l'AIE. D'après les calculs faits par son agence, les gouvernements prévoient de dépenser 9 000 milliards de dollars (8 000 milliards d'euros) pour remettre leurs entreprises à flot. Hélas, selon Bloomberg New Energy Finance, 452 milliards d'euros vont être alloués à des industries très émettrices de CO2 sans conditions, contre 11 milliards pour des entreprises bas-carbone. 

Fatih Birol, directeur exécutif de l''AIE © AIE

C'est tout l'inverse que prône le rapport spécial de l'AIE co-écrit avec le Fonds monétaire international (FMI), qui liste 30 propositions pour utiliser ce moment-clef afin de changer la tendance globale des émissions. Un plan qui coûterait 890 milliards d'euros par an entre 2021 et 2023, soit 0,7% du PIB mondial. 

En premier lieu, le rapport propose d'allouer un tiers des dépenses à l'efficacité énergétique des bâtiments. Les programmes de rénovation devraient cibler en priorité les logements sociaux et bâtiments publics, de quoi faire baisser la facture des plus précaires et les émissions de tou•te•s. L'AIE recommande également d'investir massivement dans l'éolien et le solaire ; l'amélioration des réseaux électriques pour les rendre plus efficients ; ou encore, les réseaux de train, l'hydrogène, les batteries, etc.

Les gouvernements ne doivent pas se résoudre à « garder les emplois existants dans du formol » d'après les mots qu'a confiés l'un des auteurs du rapport au Guardian. Le plan de l'AIE permettrait de créer 9 millions d'emplois chaque année et de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 4,5 milliards de tonnes d’ici à 2023. De quoi faire de 2019 l'année du pic des émissions. A lire dans le Guardian (en anglais). 

Des dizaines d'actions « contre la réintoxication du monde »

Autre méthode pour faire bouger les lignes : mercredi 17 juin, des dizaines d'actions ont été menées partout en France pour lutter « contre la réintoxication du monde » d'après le confinement. 

Pique-nique sur la départementale à Percy (Isère) © DR

Dépôt de fumier dans les locaux du chimiste Bayer à Rennes (Ille-et-Vilaine), pique-nique sur une départementale de l'Isère contre un projet routier, blocage d'un chantier de McDonald's dans le Lot ; vélorutions, die-in, marches, occupations de sites... Les protestataires ont fait feu de tout bois pour marquer leur opposition à des dizaines de projets inutiles ou d'entreprises polluantes. 

Certaines mobilisations ont été plus médiatiques que d'autres, comme la manifestation contre un projet de construction d'une usine de frites à Clarebout (Nord) ou l'action des militant•e•s d'ANV-COP21 qui se sont enchaîné•e•s aux grilles de la cimenterie Lafarge de Toulouse (Haute-Garonne). 

Mobilisation à Senlis (Oise) contre Amazon © DR

Symbole du monde d'avant dont elles et ils ne veulent plus, le géant du commerce en ligne, Amazon, qui prévoit l'ouverture de nouveaux entrepôts partout sur le territoire, a été la cible d'un grand nombre d'actions dans le Gard, dans l'Oise, à Lyon (Rhône), ou à Paris. Les images des mobilisations sont à retrouver sur le blog dédié à cette journée

Des pesticides jusqu'à plus soif

Gloups. Des pesticides sont régulièrement retrouvés dans l'eau du robinet que l'on boit en France, d'après une étude menée par Générations futures. 

L'association s'est penchée sur les données issues de plus de 273 000 prélèvements réalisés en 2019 à la demande des autorités responsables du contrôle sanitaire. 9,3% de ces prélèvements recherchaient au moins un pesticide ; parmi ceux-ci, un tiers en ont effectivement trouvé.

Au total, le rapport fait état de 15 990 quantifications individuelles de pesticides (les résidus de pesticides multipliés par leur nombre d'apparitions). 56.8% de ces quantifications font apparaître des perturbateurs endocriniens suspectés et 38,5%, des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR).

Au total, les données révèlent la présence de 185 substances phytosanitaires. Dans le top 10, on retrouve sept molécules interdites depuis les années 2000, en tête desquelles le métolachlore, prohibé en France en 2003. Signe de la persistance de ces produits dans l'environnement.

Le rapport met en lumière le problème de la collecte des données, que chaque département organise à sa guise. Dans l’Aisne, les analyses ciblant les pesticides en ont cherché en moyenne une dizaine par prélèvement, contre 550 dans les Bouches-du-Rhône. Or, en la matière, on ne trouve que ce que l'on cherche. Plus d'informations dans le Monde (abonnés). 

Une appli pour aider la recherche sur le littoral

Dune pierre, deux coups. Une application pour smartphone permet de faire avancer la recherche sur l'érosion du littoral en se promenant au bord de la mer

Les côtes françaises subissent une érosion croissante du fait de l'artificialisation des sols, et de la montée des mers due au dérèglement climatique. Des centaines de milliers d'habitants des littoraux voient leur habitation menacée par le phénomène.

Développée par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), l'application Rivages permet d'utiliser le GPS de son téléphone pour renseigner la recherche sur l'état actuel du trait de côte en France. Les scientifiques pourront ainsi déterminer, selon les endroits, s'il avance, recule ou reste stable. Tout est détaillé dans une notice explicative. Une application - uniquement disponible sur Android – repérée par Libération (abonnés). 

Le commerce d'animaux sauvages en Albanie

Sur la version albanaise de Leboncoin, on trouve des singes ou des loups. C'est la découverte faite par l'ONG animaliste Four paws qui juge qu'en Albanie, le trafic illégal d'animaux sauvage est « hors de contrôle ». Le résultat de l'enquête dans cette vidéo de Brut. 

© Brut