La quotidienne

De COP et d’épée

Chères toutes et chers tous,

Pour ne rien rater de cette COP28 sur le climat hors-normes, abonnez-vous au compte Instagram de notre rédacteur en chef et envoyé spécial à Dubaï, Loup Espargilière juste iciAu programme : vidéos des coulisses, décryptages et (bonnes) blagues.


À Dubaï, la société civile est sommée d’être docile mais, pour obtenir un accord ambitieux, le mouvement climat entend continuer le combat. 


La COP28 est-elle la plus autoritaire de tous les temps ?

Les Émirats arabes unis avaient promis de faire de cette 28ème édition «la COP la plus inclusive» qui soit. Hélas, les associations n’auront probablement jamais vu leurs libertés aussi restreintes.

Samedi, 15h30, aire B7 de la «zone bleue». Après une semaine de fortes tensions, la grande marche de la société civile s’apprête à s’élancer. La sécurité des Nations unies s’affaire nerveusement autour du cortège, encore compact, pendant que celui-ci est béni à la sauge selon un rituel Ponca, peuple amérindien d’Amérique du Nord.

Voilà des jours que les centaines d’associations regroupées sous la bannière du Réseau action climat international (CAN) tirent la sonnette d’alarme au sujet du peu d’espace qui leur est laissé pour s’exprimer. La veille, la directrice générale du réseau, Tasneem Essop, s’en ouvrait à des journalistes : «Nous nous sommes heurtés à un certain nombre d’acteurs, qui nous ont conseillé – ou plutôt dit – quels types de messages nous avions le droit de porter ou pas ; nous ont indiqué les espaces, relativement invisibles, où nous pouvions manifester, et les actions que nous pouvions – ou pas – mener. Nous avons dû négocier au jour le jour, au nom de l’ensemble des mouvements de la société civile».

Au sein du cortège, Dorcus, jeune activiste ougandaise qui milite notamment pour les droits des femmes et des enfants dans l’Agape Earthlink coalition, confirme avoir vécu des pressions avant d’organiser une action il y a deux jours. «Pour des raisons de sécurité», elle préfère ne pas s’étendre sur le sujet. Mêmes réponses gênées de la part de plusieurs activistes interrogés par Vert.

Les quelques centaines d’activistes du monde entier s’apprêtent à lancer la marche prévue pour la «journée mondiale d’action». © Loup Espargilière/Vert

Des espaces limités, des règles jamais clairement énoncées

Le reste du temps, les organisations ne peuvent mener leurs actions qu’en l’un des neuf points prédéterminés, avec un nombre maximum de participant·es famélique. Des règles «qui ont du sens dans un bâtiment des Nations unies à New York, mais ici, on est à Expo city, ça fait la taille d’une ville», déplore Sébastien Duyck, juriste de l’ONG Centre for International environmental law (Ciel).

La suite de ce reportage est à lire sur vert.eco

· Samedi, l’ONG Surfrider Foundation a demandé au Comité international olympique «d’explorer d’autres solutions, y compris d’autres sites de compétition» que Teahupo’o, à Tahiti, pour accueillir la compétition de surf des JO cet été. Les travaux de la tour d’arbitrage avaient été suspendus après qu’une barge a cassé du corail. - Polynésie la 1e

· Ce lundi, des discussions débutent à Nairobi (Kenya), sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), pour déterminer les missions et le fonctionnement du nouveau «Giec de la chimie» qui devrait voir le jour en juin 2024. En 2020, la pollution chimique avait été désignée comme l’une des trois crises planétaires, au même titre que le climat et à la biodiversité. - Le Monde

· Ce lundi encore, le train de nuit qui relie Paris à Berlin en passant par Strasbourg reprend du service après neuf ans d’arrêt. Dimanche, c’est l’inter-cités de nuit Paris-Aurillac qui a rouvert, vingt ans après sa fermeture. - Courrier international et Ouest-France

Dans le Tarn, des activistes se sont introduit·es sur le site d’une future centrale à bitume le long de l’A69 pour alerter contre les substances chimiques qui risquent d’être rejetées dans les environs le temps de la construction de l’autoroute. © Soulèvements de la Terre

Less béton. Entre 1000 et 2000 personnes se sont réunies samedi dans le Tarn pour protester contre la construction de deux centrales à bitume le long du tracé de la future autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Les habitant·es craignent les rejets polluants des futures usines, qui sont situées à proximité de quelque 40 écoles et 500 exploitations agricoles. À l’appel du mouvement des Soulèvements de la terre, des mobilisations ont eu lieu partout en France contre le monde du béton. Des cimenteries Lafarge ont été visées, notamment à Val-de-Reuil (Eure) ou à Saint-Barthélémy-d’Anjou et Chemillé (Maine-et-Loire). Vert vous raconte la manifestation dans le Tarn juste ici

Baril en la demeure. Ce weekend, dans une lettre qui a fuité dans la presse, le secrétaire général de l’organisation des pays exportateurs de pétrole (l’OPEP) a demandé à ses membres de s'opposer à toute sortie des fossiles, parce que la «pression» contre ces combustibles «pourrait atteindre un point de basculement aux conséquences irréversibles». Message reçu par l'Arabie Saoudite et l'Irak qui font tout leur possible pour faire disparaître cette mention du texte final. Le signe d’une «panique» chez les producteurs d’hydrocarbures, selon Jennifer Morgan, ex-directrice de Greenpeace international et actuelle représentante spéciale pour la politique climatique de l’Allemagne.

Le compte est pas bon. C’est le constat de l’Agence internationale de l’énergie qui est revenue, dans un communiqué publié dimanche, sur les engagements pris à la COP28. Si l’agence se félicite des plans pour développer les énergies renouvelables, améliorer l’efficacité énergétique et réduire les émissions de méthane, le compte n’y est toujours pas. «Le respect intégral de ces engagements […] ne représente qu'environ 30 % de l'écart à combler pour mettre le monde sur une trajectoire compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C», alerte l’agence. Quelques jours plus tôt, une évaluation de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact du climat rappelait que les pays aux économies les plus développées devaient abandonner toutes les énergies fossiles d'ici à 2040.

Boss de fin. Ce lundi matin, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres est de retour à Dubaï pour tenter de peser sur les négociations, dans l’espoir que le texte final «s'attaque à la cause principale de la crise climatique : les énergies fossiles», tout en «respectant la justice climatique». Alors que la COP28 entre dans sa toute dernière ligne droite, les cernes se creusent et la tension monte, dans les salles de négociations comme dans le centre des journalistes. Les 197 parties parviendront-elles à se mettre d’accord sur les 24 textes et leurs dizaines de points de divergences encore en discussion d’ici à mardi 11h du matin (8h heure de Paris), comme l’a promis le président de la COP28, Sultan Al Jaber ? Peu y croient, mais les paris sont ouverts.

L'Australien Guy Lane présente la religion Vita à des journalistes à la COP28. © Loup Espargilière / Vert

Saint-COP, priez pour nous. Dubaï serait-elle le théâtre de la naissance du culte du futur ? À des journalistes déboussolé·es, Guy Lane, Australien qui se définit comme «scientifique de l’environnement», a présenté Vita : une religion naissante fondée sur la nature, dévouée au bien-être de l’être surnaturel qu’est notre Planète vivante - Vitae planeta. Quelque part entre la Pachamama (la Terre-mère) et le stoïcisme de la Rome antique. S’il ne se définit pas comme un prophète, il cherche tout de même quelque 53 millions de personnes qui agiraient avec lui au nom de Vitae Planeta. Que les grands cultes se rassurent - pas de concurrence à craindre, puisque Vita est compatible avec les religions monothéistes.

Le train français veut renouer avec son passé

Machine arrière. Gares à l’abandon, réseau vieillissant, billets hors de prix… le documentaire «Train, la nouvelle bataille du rail» de France télévisions part sur les traces d’un ferroviaire français qui peine à retrouver sa gloire d’antan, malgré une demande toujours croissante. Près d’un an après l’annonce du gouvernement d’un plan à 100 milliards d’euros pour le chemin de fer et les promesses de rénovation des petites lignes, rien n’a été concrétisé.

© France télévisions

+ Alexandre Carré, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro