La quotidienne

Dauphins du monde

Chères toutes et chers tous,

🎂 Demain, Vert fête ses trois ans ! On est ravi·es de célébrer ça avec vous à la Recyclerie, dans le 18ème arrondissement de Paris. Pleins de choses sensass' au menu, dont l'élection du King du greenwashing de l'année.

🏆 D'ailleurs, est-ce que vous avez eu le temps de voter pour la publicité la plus scandaleuse de 2022 ? La semaine dernière, vous avez reçu dans vos boîtes mail notre édition spéciale réalisée avec le collectif Pour un réveil écologique. Le vainqueur, qui accèdera au trône de Vert, sera annoncé à l'occasion de notre soirée d'anniversaire mercredi. À vos votes !


Comme les opposants à la réforme des retraites, les mammifères marins victimes de la pêche disent : «c’est assez !»


Le Conseil d’État impose la fermeture de zones de pêche pour sauver les dauphins

Les Rois du Golfe. Suite à une décision du Conseil d’État, le gouvernement a six mois pour garantir la survie des dauphins et marsouins dans le Golfe de Gascogne, alors que leur mortalité est inédite cet hiver.

Lundi 20 mars, le Conseil d’État a donné raison à Sea Shepherd France, France nature environnement (FNE) et l’association pour la Défense des milieux aquatiques (DMA), qui avaient déposé un recours en 2021 visant à contraindre l’État à protéger les petits cétacés. La plus haute juridiction administrative française vient d’imposer au gouvernement de fermer, dans un délai de six mois, des zones de pêche dans le golfe de Gascogne pendant certaines périodes, afin de limiter le nombre de décès de dauphins communs, grands dauphins et marsouins, victimes de captures accidentelles lors des actions de pêche. D’après le Conseil d’État, l’obligation faite aux bateaux de pêche de s’équiper de répulsifs acoustiques, dispositifs censés éloigner les cétacés, est une mesure insuffisante pour mettre fin à l’hécatombe.

Plus de mille petits cétacés se sont échoués sur la côte Atlantique depuis décembre 2022. © Sea Sheperd France

Depuis 2018, le nombre de décès par capture accidentelle imputable aux activités de pêche dépasse, chaque année, la limite maximale permettant d’assurer «un état de conservation favorable» des dauphins et marsouins dans l’Atlantique Nord-Est, fait valoir le Conseil d’État. Actuellement, ces trois espèces feraient même face à un «danger sérieux d’extinction», au moins régionalement. D’après l’Observatoire Pegalis, depuis décembre dernier, plus de 1000 petits cétacés ont été retrouvés morts sur les côtes de la façade Atlantique, un chiffre sans précédent. Les quelques carcasses examinées révèlent pour la plupart «des traces de capture dans un engin de pêche».

Plus inquiétant encore, le nombre de ces mises à mort accidentelles serait sous-évalué. Le Conseil d’État relève que le système de comptage actuel des captures accidentelles (qui repose essentiellement sur du déclaratif et l’installation de caméras à bord des bateaux) demeure «insuffisant» pour mesurer l’ampleur des dégâts. Les juges ont donc enjoint le gouvernement de prendre des mesures de renforcement du dispositif d’observation en mer.

· Ce lundi, après le rejet de la motion de censure transpartisane contre la réforme des retraites, adoptée, la contestation ne faiblit pas. Les militant·es écologistes d’Alternatiba Paris ont attaché entre elles des centaines de poubelles afin de retarder leur ramassage par les agent·es réquisitionné·es par la préfecture. Une action baptisée «opération Christophe Maé», en référence au tube du chanteur «On s’attache». - BFMTV

· Le président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a été mis en demeure par l’association Justice animaux Savoie (AJAS) pour le manque de repas végétariens servis dans les lycées. 42 des 175 lycées étudiés, soit 24% des établissements, ne respectent pas la loi Climat et résilience qui impose au moins un menu sans viande par semaine, souligne l’AJAS, à l’origine de la procédure, dans un rapport publié lundi. - 20 Minutes

· Des millions de poissons morts ont été découverts en fin de semaine dernière dans la rivière Darling au sud-est de l’Australie (Nouvelle-Galles du Sud), générant l’ouverture d’une cellule de crise locale ce dimanche. Les populations de poissons avaient largement augmenté ces derniers temps à la suite d’inondations. «Ces morts de poissons sont liées aux faibles niveaux d’oxygène dans l’eau (hypoxie), car les eaux de crue se retirent», expliquent les autorités. - Le Monde (AFP)

Une vidéo publiée par une journaliste australienne sur Twitter montre la rivière complètement bouchée par les cadavres de poissons. Cliquez pour y accéder. © Capture d’écran Twitter

Mathilde Caillard : « La danse a toujours fait partie intégrante des mouvements sociaux »

Danse avec la star. Dans cette vidéo aux trois millions de vues, on voit une jeune femme, lunettes de soleil sur le nez, se déhancher sur une techno endiablée : «Pas de retraités sur une planète brûlée. Retraites, climat : même combat». Dans une tribune à Vert, la protagoniste de la vidéo - l’activiste et «techno gréviste» Mathilde Caillard (alias «MC danse pour le climat») - estime que la joie fait partie de la lutte et constitue un outil révolutionnaire pour se libérer de l’oppression. «Intégrer, au cœur de la stratégie de lutte, des modalités d’action créatives, joyeuses et heureuses, contribue à dessiner des lendemains souhaitables», défend-elle encore. Une réponse en forme de danse à lire ici.

Mathilde Caillard en pleine danse lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris. © Basile Mesré-Barjon

Valérie Masson-Delmotte : «Ce n’est pas à nous de porter la charge mentale de l’action pour le climat»

Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) vient de clore ce cycle avec la synthèse de tous les rapports publiés depuis 2018 (notre décryptage), sa co-présidente Valérie Masson-Delmotte raconte à Vert les principales leçons de ce document majeur pour comprendre les bouleversements passés et futurs, et les moyens d’agir.
 

Avec cette ultime synthèse de tous les rapports publiés depuis 2018, le Giec clôt son sixième cycle. Quels sont les message-clefs que le grand public doit retenir ?

Si on veut vraiment limiter les risques liés au changement climatique, l’ampleur et la vitesse de l’action doivent changer d’échelle. On a la possibilité de le faire, des choses ont été testées, qui fonctionnent aussi bien pour limiter les risques que réduire les émissions de gaz à effet de serre… Ça demande aussi de changer d’échelle dans le financement de l’action pour le climat, et de tenir compte des questions d’équité et de justice climatique.

Les risques montent en puissance, les pertes et dommages [les destructions irréversibles causées par le changement climatique] escaladent avec chaque incrément de réchauffement, notamment pour ceux qui vivent dans des contextes les plus fragiles. La capacité à agir de chacun est contrainte par les ressources.

Valérie Masson-Delmotte à Paris en septembre 2022. © Franck Fife / AFP

Je trouve que le rapport montre aussi la possibilité d’action tous azimuts. L’approche de l’action pour le climat est souvent restreinte à l’énergie. Mais il y a aussi la question des systèmes industriels, les infrastructures dans les villes, l’agriculture et les systèmes alimentaires… C’est clairement un des points-clefs du rapport.

On voit aussi que certaines options ont des bénéfices multiples. Par exemple, des systèmes énergétiques bas-carbone peuvent être économiquement plus viables que de conserver des systèmes d’énergies fossiles, avec des bénéfices pour la santé grâce à l’amélioration de la qualité de l’air. Les gains en matière de santé publique peuvent être comparables aux investissements nécessaires pour la décarbonation. Souvent, on met l’accent sur le coût de l’action pour le climat sans regarder les gains qu’on obtiendra dans de multiples dimensions. Il faut sortir d’une approche en silo.

Lisez la suite de cet entretien en cliquant ici.

La montée des eaux en plateau

La montée déso. À l’occasion d’un débat houleux, plusieurs responsables politiques s’affrontent sur des données économiques tandis que le studio télé est peu à peu submergé par la montée des eaux. Dans une courte vidéo parodique, CARE France, CCFD-Terre Solidaire, Greenpeace France, France nature environnement, et le Réseau action climat dénoncent l’indifférence et «l’irresponsabilité des politiques face à l’urgence climatique». Toute ressemblance avec des faits réels serait purement fortuite.

© Réseau action climat

+ Loup Espargilière, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.