La quotidienne

Crimewashing

Après des décennies de mensonges aux conséquences délétères, les pétroliers continuent de laver plus vert que vert.


Contrat avec Gazprom et campagne pour le climat : le retourné acrobatique de l'UEFA

Billets verts. L'UEFA a lancé une campagne pour sensibiliser les fans de football à la crise climatique. Problème : l'organisation vient de signer un copieux contrat avec Gazprom, l'un des plus gros émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre.

Des jeunes qui multiplient les gestes techniques balle au pied, le célèbre gardien Gianluigi Buffon qui éteint la lumière et baisse le chauffage d'un shoot bien placé, et ce message : « What's your trick » (c'est quoi ton « geste » ou « astuce » ?). La vidéo de la nouvelle campagne de la fédération européenne de football (UEFA) est catchy et son slogan paraît plein de bon sens : « Every trick counts » (chaque geste compte).

© Commission européenne

Pour cette campagne, l'UEFA s'est jointe à la Commission européenne, qui fait actuellement la promotion de son nouveau pacte vert (Green deal). Le spot est diffusé dès cette semaine, à l'occasion des matchs de la Ligue des champions. « Le message […] est simple, a expliqué, lundi, le président de l'UEFA, Aleksander Čeferin, lors du lancement de la campagne. Chacun de nos gestes compte pour protéger le climat. »

Chaque geste compte. Comme la signature d'un contrat, en mai 2021, entre l'UEFA et le géant russe Gazprom, désormais partenaire des deux prochains Euros et de la Ligue des champions jusqu'en 2024. Selon la base de données Carbon majors, les quantités de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane (CH4) relâchées par Gazprom depuis 1989 – seulement –  en font le 4ème plus gros émetteur de carbone de l'Histoire.

En avril 2020, rappelle le think tank InfluenceMap, le vice-président de Gazprom, Oleg Aksyutin, a déclaré dans une interview : « personne ne connaît les véritables raisons du changement climatique ». Résultat, le géant russe continue de forer la planète à la recherche de nouveaux gisements, comme en Arctique, où Gazprom prévoit d'accroître de 14% sa production d'hydrocarbures d'ici 2030, alerte l'ONG Reclaim Finance dans un récent rapport.

Avec ce partenariat, Gazprom s'offre ainsi une jolie campagne de greenwashing : lors des grandes rencontres européennes, ses spots publicitaires et ses affiches seront mêlées avec des messages et vidéos en faveur du climat de l'UEFA. Et vous, c'est quoi votre astuce ?

·Lundi, l’Union nationale de l’apiculture a déploré une récolte de miel « désastreuse » en 2021. La production hexagonale pourrait stagner entre 7 000 et 9 000 tonnes de miel, soit moins de la moitié de la récolte de 2020. En cause : la météo très changeante au cours de cette année, avec de hautes températures au sortir de l’hiver suivies d’un gel tardif et de plusieurs périodes de froid qui ont décimé de nombreuses ruches. - France Info

· Mardi, les aéroports français ont annoncé avoir déposé un recours auprès de la Commission européenne pour exiger l’annulation de la suppression de certaines liaisons aériennes intérieures. Cette mesure, votée dans la loi « Climat et résilience » en août dernier, prévoit la disparition des liaisons aériennes intérieures lorsqu’il existe une alternative ferroviaire de moins de 2h30. Selon l’Union des aéroports français, à l’origine du recours, cette mesure est contraire au droit européen, qui n’autorise pas de telles restrictions. - Le Parisien (AFP)

· 118 millions de personnes extrêmement pauvres vivant en Afrique seront menacées par le dérèglement climatique d’ici 2030, selon un rapport publié mardi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). L’étude pointe la vulnérabilité accrue du continent africain et l’impact grandissant du changement climatique sur l’insécurité alimentaire, la pauvreté et les déplacements de populations. - Le Monde (AFP)

1971

La triche Total. Le pétrolier Total avait déjà connaissance de son impact délétère sur le climat dès les années 1970, révèle une importante étude publiée ce mercredi. En 1971, un long article publié dans le magazine de l’entreprise, Total Information, évoquait les dangers de la combustion de fossiles par l’homme pour le climat. L’auteur de l’article, un géographe expert en climatologie, envisage alors « une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère » et « une fonte au moins partielle des calottes glaciaires des pôles » qui pourrait entraîner une élévation des niveaux marins. Avant de conclure : « Ses conséquences catastrophiques sont faciles à imaginer... ». Depuis, Total n'a eu de cesse de mettre en place des stratégies pour nier, puis entretenir le doute scientifique à ce sujet. Pour savoir plus, retrouvez notre article à ce sujet sur vert.eco.

Scénario négaWatt : la transition sans nucléaire ni guerre des ressources

100 transitions. L'association d'expert·e·s de l’énergie négaWatt vient de proposer sa nouvelle feuille de route pour atteindre la neutralité carbone en 2050 en France sans l'atome, tout en créant de nombreux emplois.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, la France doit impérativement réduire à zéro ses émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici à 2050. Pour ce faire, elle doit impérativement décarboner le secteur de l'énergie, responsable de 70% des émissions nationales. 

Électrisés par la campagne présidentielle, le candidat Macron (Vert) et ses concurrents à droite (voir ici) ne jurent que par le nucléaire. Or, il est possible d'emprunter un autre chemin, assure négaWatt dans la cinquième édition de son scénario de transition énergétique, que Vert a pu consulter avant sa parution le 26 octobre.  

Première chose : les économies d'énergies potentielles sont énormes et pourraient permettre de réduire la consommation de moitié. Dans le bâtiment, qui représente 40% de la consommation énergétique du pays, négaWatt propose ainsi de passer de 30 000 logements rénovés par an - le rythme actuel - à 800 000 d'ici 2030. Un tel programme pourrait créer 300 000 emplois non-délocalisables, promet l’association.

Dans le transport, négaWatt vise aussi une forte réduction du trafic routier, en partie reportée sur le rail. Elle conteste par ailleurs la soutenabilité des scénarios « tout électrique » en raison de la criticité de certaines matières comme le lithium et le cobalt utilisé dans les batteries. À côté des véhicules électriques, elle propose donc de miser sur les véhicules alimentés en gaz d'origine renouvelable, comme le biogaz obtenu par fermentation.

Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand © négaWatt

Côté approvisionnement, l'association propose de doubler le nombre d'éoliennes en France, pour atteindre 18 500 machines (contre 30 000 actuellement en Allemagne). Elle prévoit également de multiplier par deux le rythme d'installation de solaire photovoltaïque et de développer le biogaz agricole. Le nucléaire, lui, est appelé à disparaître progressivement d'ici à 2045 et le démarrage de l'EPR de Flamanville, victime de nombreux aléas, est abandonné. La perte d'emplois dans le nucléaire – estimés aujourd'hui à 220 000

11 000 lieues sous les mers

Mertigineux. Un Youtubeur espagnol et animateur 3D a modélisé la profondeur des mers et océans de la planète. Dans sa vidéo, il compare certains fonds avec la taille de plusieurs grands ouvrages, comme la Tour Eiffel, la Burj Khalifa ou encore des plateformes pétrolières. Le Youtubeur utilise également les plus hautes montagnes du monde à titre de comparaison. On y apprend alors que le mont Everest, qui culmine à 8 848 mètres, est bien plus court que l’océan Pacifique, dont la profondeur dépasse les 11 000 mètres. Une visualisation qui permet de mieux appréhender l’immensité méconnue des fonds marins.

© MetaBallStudios

+ Justine Prados et Anne-Claire Poirier ont contribué à ce numéro