Chères toutes et tous,
🗳️ Les urnes ont parlé ! Pour cette nouvelle édition du « vert du faux », vous avez voulu, à 73 %, que l'on réponde à la question : « Combien de planètes faudrait-il pour planter tous les arbres nécessaires à compenser nos émissions de gaz à effet de serre ? ». Vous aurez la réponse dans l'édition du jeudi prochain. Merci d'avoir participé et de nous avoir envoyé vos autres propositions par mail !
En matière de climat, on arrive à faire mieux et c'est pas rien. Mais il faudrait faire bien et on en est loin !

La transition énergétique connaît une accélération inédite, mais gravement insuffisante
Le vert à moitié vide. À quelques jours de la conférence mondiale sur le climat (COP27), les expert·es se réjouissent d’entrevoir pour la première fois un pic des émissions mondiales, mais rappellent que leur diminution doit être beaucoup (beaucoup) plus radicale.
L’organisation des Nations unies (ONU) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ont officialisé cette semaine deux rapports (ici et là) aux constats similaires. Ils constituent un utile point d’étape avant que les dirigeants du monde entier ne convergent vers Charm El-Cheikh (Égypte) du 6 au 18 novembre 2022 pour deux semaines au chevet du climat.
Côté pile, « pour la première fois de l'histoire, les politiques en place sont suffisamment solides pour permettre un pic des combustibles fossiles au cours de la décennie », s’est réjoui le directeur exécutif de l’AIE, Faith Birol. « Les États sont en train de plier la courbe des émissions vers le bas », confirme de son côté l’ONU. L’année dernière encore, « les analyses montraient que les émissions continuaient d’augmenter après 2030 » mais ce n’est plus le cas désormais. Selon l’AIE, la crise de l’énergie largement alimentée par la guerre russo-ukrainienne a donné un coup de fouet majeur aux investissements dans les énergies renouvelables et avantagé le véhicule électrique par rapport au thermique, tout mettant définitivement un terme à l’« ère de rapide augmentation de la demande en gaz ». Enfin, la hausse du recours au charbon pour compenser la hausse des prix du gaz est « petite et temporaire », selon son directeur.

Côté face, « nous sommes encore loin de l'ampleur et du rythme de réductions des émissions nécessaires », prévient l’ONU. Au rythme actuel, celles-ci devraient encore augmenter de 10,6% d’ici à 2030 (par rapport à 2010) alors qu’elles doivent baisser 45 % pour espérer maintenir le réchauffement à 1,5 °C. Si les « progrès réalisés depuis 2015 ont déjà permis de réduire de 1°C le réchauffement projeté à 2100 », celui-ci atteindra le niveau « catastrophique » de 2,5 °C sans effort supplémentaire, alertent les deux institutions. Pour l’instant, seuls 24 pays ont révisé à la hausse leurs ambitions climatiques en amont de la COP27. Même l’Union européenne n’a pas encore revu sa copie.

· Jeudi, la Commission nationale du débat public (CNDP) a ouvert le débat sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR 2 prévus par le gouvernement. Une dizaine de thèmes et des réunions seront organisées un peu partout en France, dont la première a eu lieu hier à Dieppe. Chaque citoyen·ne est appelé·e à contribuer en ligne sur une plateforme ouverte jusqu’au 27 février 2023. - Les Échos
· Jeudi également, le rapporteur public a rejeté le « lien de causalité » entre la présence des algues vertes et le décès d’un joggeur breton sur une plage d'Hillion (Côtes-d'Armor), en 2016. La famille de la victime avait saisi la justice administrative en 2019 pour demander réparation auprès de la commune, de l’agglomération de Saint-Brieuc et de l’État, dénonçant le manque d'information et l'absence de sécurisation de la zone dangereuse. Le jugement définitif sera rendu dans un mois. - 20 Minutes
· Jeudi encore, l’Union européenne a confirmé la fin des véhicules neufs à moteur thermique pour 2035. Après quelques heures de négociations, le premier texte du paquet climat européen (« Fit for 55 ») s’accorde pour réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves, ce qui équivaut à l’arrêt des ventes de voitures à essence, diesel et hybrides (essence-électrique), à l’exception des modèles de constructeurs « de niche », notamment les voitures de luxe. - Le Monde
· Le score environnemental, censé informer en un coup d’œil sur l’impact d’un produit, devrait apparaître sur les emballages d’ici à fin 2023. Mais le plan de travail du gouvernement inquiète ONG, associations de consommateurs et organisations d’agriculteurs bio. Sous l’influence du lobby agro-industriel, sa formule risque de sous-estimer l’impact des pesticides et des engrais chimiques tout en faisant la part belle aux modèles ultra-productivistes, nous raconte en détail une enquête de Reporterre.


Amish meteo. « Cela vous paraît peut-être excessif, et pourtant ! » : la présentatrice météo Évelyne Dheliat a présenté mercredi une météo un peu particulière, puisqu’il s’agit d’un bulletin d’anticipation de ce que pourrait être l’été 2050 en cas de forte canicule. En 2014, déjà, elle s’était prêtée au même exercice avec l’aide des prévisionnistes de Météo-France (carte de gauche). Entre temps, les prévisions ont bien changé, illustrant l’accélération du réchauffement climatique documentée par le groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ainsi, les spécialistes qui anticipaient en 2014 « des températures supérieures ou égales à 40°C dans l’Hexagone » prévoient aujourd’hui des pics à 48°C à Nîmes ou 45°C à Bordeaux. Mais c’est dans le nord-ouest où la différence est la plus marquante, avec une dizaine de degrés d’écart - 37°C à Brest, contre 26°C il y a huit ans.

J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond : les aventures d’un pionnier de l’écologie en BD
Des vertes et des pas Muir. Dans la bande dessinée-épopée J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond de Clément Baloup, l’autodidacte de génie John Muir délaisse les inventions industrielles pour l’appel des grands espaces.
Élevé par un père presbytérien sévère dans une austère maison écossaise, le jeune John Muir s’échappe dès que possible en quête d’un ailleurs. Immigré avec sa famille aux États-Unis en 1849, il s’intéresse aux rouages des machines et devient inventeur. Jusqu’à prendre conscience que la plus grande et la plus fascinante des mécaniques n’est autre que le vivant dans son ensemble.

Devenu naturaliste et vagabond, il tombe amoureux de la région de Yosémite. Mais comment protéger ce paradis intact de l’exploitation industrielle humaine ? Il aura l’occasion de sensibiliser le président américain lui-même, Théodore Roosevelt, au cours d’une folle randonnée de trois jours dans les montagnes.
Inspirée du livre éponyme d’Alexis Jenni, cette BD trépidante embarque petit·es et grand·es aux côtés d’un personnage sensible et radicalement libre dans un « vaste monde, plein de merveilles, où l’homme n’est qu’une petite chose, et certainement pas l’épicentre. »
J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond, Clément Baloup, Paulsen, octobre 2022, 21€

Koyaani… qui ?
Le film documentaire Koyaanisqatsi est une œuvre expérimentale parue en 1982 et devenue culte : l’alternance de séquences vidéo sans voix narrative mais accompagnées d’une musique hypnotique en font une expérience déroutante. Le film s’appuie sur trois prophéties amérindiennes : « Si l’on extrait des choses précieuses de la Terre, on invite le désastre », « Près du Jour de Purification, il y aura des toiles d’araignées tissées d’un bout à l’autre du ciel » et « Un récipient de cendres pourrait un jour être lancé du ciel et il pourrait faire flamber la terre et bouillir les océans ». La suite est à visionner sur la plateforme de streaming Imago, dédiée à la transition.

+ Justine Prados, Juliette Quef et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.