Chères toutes et chers tous,
🍁 Dès aujourd’hui et jusqu’à vendredi prochain, Vert passe à l’heure canadienne pour vous faire vivre la 15ème Conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité comme si vous y étiez. Les éditions quotidiennes seront un peu plus riches qu'à l'accoutumée - le vivant le vaut bien !
📷 La photo de l’Arc de Triomphe emballé dans le poster de Vert sur les ordres de grandeur qui a été postée dans l’édition de lundi était évidemment un montage photo. La mairie de Paris ne nous a pas (encore) contacté·es pour monter une telle opération. Si vous souhaitez mettre la main sur notre première affiche, vous pouvez toujours le faire ici. Merci encore pour votre soutien !
📻 Sommes-nous trop nombreux sur Terre ? Vendredi, Loup Espargilière a tenté de répondre à cette question à huit milliards dans la Terre au carré, sur France inter, dont Vert était l’invité. Merci à Mathieu Vidard et Camille Crosnier, que nous avons tenté de corrompre en leur offrant un poster, pour leur accueil. Pour réécouter cette riche émission, dont furent aussi la documentariste Marion Stalens et l’autrice de bédé Gaëlle Alméras, c’est par là.

Les pays devront s’entendre comme lardons en foire pour préserver la biodiversité et éviter le cauchemar.

Moins de plastique et de pesticides, plus d’aires protégées et d’argent pour le vivant : qu’attendre de la COP15 sur la biodiversité ?
COP comme cochons. Le quinzième sommet mondial (COP15) sur la diversité biologique s’ouvre mercredi à Montréal (Canada). Il doit permettre de fixer un nouveau cadre international à la protection de la biodiversité jusqu’à 2030 - et au-delà.
Née en 1992, la Convention pour la diversité biologique (CBD) a trois objectifs principaux : la conservation des écosystèmes, l’utilisation « durable » du vivant et le partage juste des bénéfices issus de l’utilisation des ressources génétiques. Ce nouveau sommet doit déboucher sur un accord global qui déclinera ces objectifs en 21 mesures pour la décennie, alors que les précédents objectifs (dits d’« Aichi ») fixés en 2010 à Nagoya (Japon), n’ont pas (du tout) été atteints.
Vers 30% des terres et des mers protégées en 2030
Le plan pour la décennie 2010-2020 a permis de protéger 17% des terres et 10% des espaces marins, mais la qualité de la protection et l’équité laissent à désirer, selon l’ONU. Ces deux chiffres devraient être portés à 30% d'ici à la fin de la décennie. De nombreux pays et observateur·ices plaident pour que la conservation soit corrélée à une reconnaissance du rôle prépondérant des peuples autochtones. Le texte devrait aussi prévoir la restauration des écosystèmes dégradés.
Des financements pour le vivant
Selon les estimations, les besoins en financement à l’échelle mondiale pour sauvegarder le vivant oscillent entre 103 à 178 milliards et 600 à 823 milliards de dollars par an. Souvent situés dans des zones tropicales où se concentre la biodiversité, les pays du Sud demandent aux pays du Nord de les aider à protéger les écosystèmes.
Le texte devrait aussi mentionner la diminution des financements - accordés à la pêche, au secteur forestier, ou à l’agriculture industrielle - qui détruisent le vivant, très supérieurs à ceux en faveur de la protection de la biodiversité.

Réduire les pesticides et les polluants
Le projet d’accord vise à réduire l’usage de pesticides de deux tiers d’ici à 2030, mais il aura peu de chances de traverser les négociations sans être amoindri, en raison du rôle prééminent joué par les pays agroexportateurs comme le Brésil ou l’Argentine. Les engrais devraient aussi être réduits d’au moins la moitié. Il est aussi question d’éliminer les rejets de plastique dans les écosystèmes.
Répartir les bénéfices issus des ressources génétiques
Les pays du Sud revendiquent une juste répartition des bénéfices tirés par les industriels du Nord de l’utilisation, dans des médicaments ou des cosmétiques, des ressources génétiques issues des écosystèmes locaux.

· Ce week-end, près de 2 500 phoques d’une espèce menacée ont été retrouvés morts sur des plages russes au bord de la mer Caspienne. Les autorités russes envisagent une mort par asphyxie en raison d’un rejet de gaz au fond de la mer. Ce mammifère est à la fois menacé par le braconnage, la pollution industrielle, et la baisse du niveau de la mer causée par le dérèglement climatique. - Libération (AFP)
· Dans la nuit de lundi à mardi, le Parlement européen et les États membres se sont accordés pour interdire l’importation de plusieurs produits, comme le cacao, le café ou le soja, lorsqu’ils contribuent à la déforestation. Les entreprises devront prouver, via les données de géolocalisation, que les produits importés ne sont pas issus de terres déboisées après décembre 2020. - Le Monde (AFP)
· 67 milliards d'euros d'argent public vont aggraver la crise climatique en 2023, a calculé le Réseau action climat (RAC) dans son panorama des dépenses publiques publié ce mardi. Le réseau d'ONG pointe la dépendance française aux énergies fossiles, renforcée par le bouclier tarifaire sur l'énergie qui est responsable, à lui seul, de 45 milliards d’euros néfastes au climat et à l’environnement. - France info



Qui part à la chasse perd sa place. Vendredi, la cour d’appel de Paris a épinglé la Fédération nationale des chasseurs (FNC) pour avoir plagié la Ligue de protection des animaux (LPO). Elle a ordonné le retrait de trois affiches d’une campagne intitulée « Les chasseurs, premiers écologistes de France », jugeant qu’elles constituaient une contrefaçon de la charte graphique de la LPO. Lors du lancement de cette campagne, en 2018, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) avait déjà estimé que cette allégation était infondée, et réclamé que la FNC y ajoute un point d’interrogation. « Les chasseurs voudraient faire croire qu’ils sont les premiers écologistes de France, qui plus est en plagiant la LPO. La justice vient de tourner la page de cette tartufferie », a réagi Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.

190 ans
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. La tortue Jonathan a fêté ses 190 ans ce week-end sur l’île britannique de Sainte-Hélène, dans l’Atlantique sud. Cette tortue géante des Seychelles est le plus vieil animal terrestre en vie, et la plus vieille tortue jamais recensée. L’animal est arrivé sur l’île en 1882, mais une photo de l’époque montre qu’il avait déjà au moins 50 ans à l’époque, et qu’il est sûrement plus vieux encore. Pour l’occasion, les 4500 habitant·es de Sainte-Hélène ont organisé trois jours de célébrations. La tortue Jonathan a eu droit à ses légumes favoris et à un gâteau d’anniversaire.


Kaïna Privet de Scientist rebellion : « On a moins peur d’aller en prison que de la crise climatique »
Membre du mouvement Scientist rebellion en France, Kaïna Privet a décidé d’entrer en désobéissance civile à la fin de cet été brûlant. Elle raconte à Vert ce que la posture de scientifique apporte à l’activisme et explore l’avenir du collectif.
Que faites-vous dans la vie ?
Je m’appelle Kaina Privet, je suis docteure en écologie. Je travaille en laboratoire depuis 2013, j'ai commencé mon doctorat en 2017 et je fais mes recherches sur l'évolution et la diversité des araignées tropicales. J'ai principalement travaillé au sein de l’Université Rennes 1 et je suis actuellement en recherche de post-doctorat.

J’ai rejoint le mouvement Scientist rebellion [ou « scientifiques en rébellion », NLDR] à la fin de cet été. J’avais déjà été dans des associations de sensibilisation à l'environnement avant mon doctorat, mais je n'avais jamais fait de désobéissance civile non violente. Je me suis rendue à Berlin pour une série d'actions en octobre. Nous étions une soixantaine de scientifiques d'une quinzaine de pays différents dans mes souvenirs, dont 20-25 Français. Il y avait des Espagnols, des Portugais, des Allemands, des Néerlandais, des Finlandais, des Suédois, des Belges.
Parmi les actions, certains scientifiques se sont introduits dans le pavillon Porsche du musée Volkswagen et se sont collés au sol. Ils sont restés à peu près 40 heures sur place, et c’est notamment cette action qui a beaucoup fait parler de notre mouvement, car elle a mené à la détention provisoire de 16 membres de notre collectif, dont 14 scientifiques (Libération).
Cet entretien est à lire en intégralité sur vert.eco

Mécaniques du vivant : une série de podcasts pour explorer la biodiversité
On ne peut plus le louper. Pour ouvrir sa nouvelle série de podcasts consacrée au vivant, France Culture consacre quatre épisodes de 15 minutes sur les traces du loup. Entre peur et domestication, le mammifère a été chassé de France dans les années 1930, mais fait son retour à pas de loup dans les massifs montagneux depuis une trentaine d’années.

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.