La quotidienne

C’été sympa

Chères toutes et chers tous,

Depuis le mois de septembre dernier, vous avez reçu près de 200 éditions quotidiennes, 40 éditions hebdo, et quelque 900 jeux de mots dans vos boîtes mail. Vous avez pu assister au lancement et au succès de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique, à la sortie de nos premiers posters, aux débuts du club de Vert ainsi qu'au décollage de notre compte Instagram désormais animé par notre nouveau camarade à bonnet Gaëtan Gabriele.

Une année ébouriffante où nous aurons testé un paquet de choses et où l'équipe aura bien changé, toujours dans un seul but : vous informer le mieux possible sur les sujets les plus importants de notre temps.

Voici donc l'heure de souffler un peu pour mieux repartir encore. Vous tenez entre les mains la dernière édition quotidienne avant notre passage à l'heure d'été ! À partir de la semaine prochaine, vous recevrez chaque mercredi un condensé de l'actualité de l'écologie dans vos boîtes mail. Des articles continueront d'être publiés sur le site de Vert et nos réseaux sociaux resteront actifs.

Nous espérons que votre été sera plutôt beau que chaud, et vous remercions infiniment une fois encore pour votre soutien sans faille qui nous tient au frais en toute saison.

Loup Espargilière, au nom de toute l'équipe de Vert


L’été venant après cette folle année, Vert s’apprête à réduire la cadence ; toute l’équipe vous tire son chapô et sa révérence.


L’État français est condamné pour son inaction contre l’effondrement de la biodiversité dans un jugement «historique»

Au phyto que possible. L’État français a été condamné à réparer le préjudice écologique causé par l’insuffisante évaluation des risques des pesticides dans un jugement rendu jeudi par le tribunal administratif de Paris.

«Victoire pour le vivant !», se réjouissent les associations du collectif Justice pour le vivant, à l’origine du procès, qui se sont réunies à proximité du tribunal administratif de Paris ce jeudi après-midi. 

En janvier 2022, cinq associations (Notre affaire à tous, Pollinis, Biodiversité sous nos pieds, Aspas et Anper-Tos) avaient attaqué l’État pour des défaillances dans le processus d’homologation des pesticides, afin de faire reconnaître son rôle dans le déclin généralisé du vivant (notre article).

Dans le jugement rendu jeudi, le tribunal enjoint au gouvernement de «prendre toutes les mesures utiles» pour «réparer le préjudice écologique et prévenir l’aggravation des dommages» sur le vivant. Il réclame à l’État de renforcer les efforts de diminution de l’utilisation de produits phytosanitaires, en cohérence avec les plans Ecophyto. Censées diviser par deux l’usage de pesticides, les deux premières versions des plans Ecophyto ont été des échecs (Vert). Enfin, le tribunal ordonne au gouvernement de restaurer et protéger les eaux souterraines contre les incidences des pesticides. La réparation de ces préjudices devra être effective «au plus tard» au 30 juin 2024.

Réunies devant le tribunal administratif de Paris, les associations célèbrent leur victoire dans ce recours historique. © Justine Prados / Vert

Il y a tout de même une ombre au tableau pour les associations. Le tribunal a, certes, reconnu des liens entre les lacunes des processus d’évaluation et de mise sur le marché des pesticides et le déclin de la biodiversité qui résulte de leur usage. Il a également reconnu la responsabilité de l’État dans ces failles. Mais, contrairement aux préconisations de la rapporteure publique, le jugement n’ordonne pas à l’État de revoir ces modalités : le tribunal estime que l’on ne peut pas établir avec certitude qu’un changement de méthodologie «aurait pour effet de modifier significativement la nature ou le nombre des produits phytopharmaceutiques mis sur le marché»

Sur ce point, les associations ont d’ores et déjà annoncé leur intention de faire appel auprès de la Cour administrative d’appel de Paris. Elles prévoient également de lancer un nouveau recours devant le Conseil d’État, pour obtenir de l’État qu’il soit contraint de revoir ces méthodes d’évaluation.

· Mercredi, le Conseil d’État a réautorisé la vente avec le label agriculture biologique de légumes d’été (tomates, courgettes, poivrons, aubergines) cultivés dans des serres chauffées pendant l’hiver. Ce qui avait été interdit en 2019, afin de respecter la saisonnalité des productions biologiques. Pour le Conseil d’État, cette disposition plaçait les producteurs français «dans une situation de distorsion de concurrence par rapport aux produits importés», rapporte le ministère de l’agriculture. - Le Télégramme

· Jeudi, la plus grande porcherie française, Kerjean, a été condamnée à 200 000 euros d’amende (dont 100 000 avec sursis) par le tribunal correctionnel de Brest (Finistère) pour avoir pollué une rivière. En déversant jusqu’à 100 mètres cubes (100 000 litres) de lisier dans la rivière Penzé en 2021, la mégaporcherie bretonne avait provoqué une mortalité massive de poissons. Le tribunal a aussi interdit à la société Kerjean de percevoir des aides publiques pendant un an. - 20 Minutes (AFP)

· Jeudi encore, après un vote au Sénat, le Parlement a définitivement adopté la loi qui renforce la prévention et la lutte contre les feux de forêts. Le texte renforce l’obligation pour les propriétaires de débroussailler les terrains proches de forêts, et prononce l’interdiction de fumer à proximité des bois et forêts. En 2022, 72 000 hectares de terres ont brûlé dans des incendies en France. - Le Parisien (AFP)

Le Consortium des Debunkers de Greenwashing (CDG) a encore frappé. Comme chaque mois, le CDG, dont Vert fait partie, vous présente ses trois prétendants au Panthéon du greenwashing. En juin, les nommés sont : la BNP Paribas et sa campagne sur les métiers de la transition, qui omet de dire que la banque a été le premier financeur européen des énergies fossiles entre 2016 et 2022 ; le Figaro, qui a cumulé une publicité pour un livre climatosceptique, et des articles qui relativisent le changement climatique ; la CMA-CGM, géant du transport maritime, qui promet d’atteindre la neutralité carbone en 2050 tout en se gardant bien d’indiquer comment elle compte y parvenir. Pour voter, rendez-vous sur notre publication sur Instagram, ou sur Linkedin.

Le collectif Pour un réveil écologique lance sa plateforme pour trouver un métier engagé et relever les défis de la transition

Au bouleau ! Le collectif étudiant a inauguré un site internet pour aider les personnes en recherche d’emploi à trouver des activités alignées avec la transition socio-écologique.

Rénovation énergétique, transition agroécologique, alimentation durable ou encore énergies renouvelables… Sur son site «Pour l’emploi de demain», lancé le 21 juin, le collectif a identifié 15 vastes chantiers à mener «pour tout changer». Ces secteurs d’activités nécessaires à la transition sociale et écologique sont listés avec une explication sur les enjeux de chaque filière et son importance dans la transition écologique et sociale.

La plateforme permet de naviguer sur les différents chantiers identifiés. © Pour un réveil écologique

D’ici la fin de l'été, des offres d’emplois y seront mises à disposition, en partenariat avec la plateforme Jobs that make sense, qui recense déjà des emplois engagés. «L’idée c’est d’aider à réfléchir dans son orientation sans qu’on fasse ce qui existe déjà, précise Cidonie Commarmond, membre de Pour un réveil écologique. On a aussi pour but de recenser les différentes formations qui préparent aux compétences spécifiques des chantiers.»

Entre complexité des enjeux et risques de greenwashing, ce site se décrit comme un «guide pour l’emploi de demain» qui répond à la difficulté «d’identifier les activités utiles à la transition», explique le collectif. Composé d’étudiant·es et de jeunes diplômé·es, ce dernier lutte pour intégrer les enjeux écologiques au cœur des formations et des emplois depuis sa création en 2018.

Un recueil d'enquêtes sur la crise écologique

Algues vertes, scandale du chlordécone aux Antilles, compensation carbone, et conséquences du réchauffement climatique… Pour son dixième anniversaire, la Revue dessinée publie ses plus belles enquêtes sur la crise écologique dans un recueil de bédé intitulé Vertige. Un ouvrage essentiel pour s’informer et soutenir le travail de grande qualité de ce media indépendant, disponible en précommande sur Ulule.

Vidéo de présentation de l'ouvrage © La Revue dessinée

+ Loup Espargilière, Johanne Mâlin et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.