Chères toutes et chers tous,
🌱 C'est le jour du Vert du faux ! Ce mercredi, nous vous proposons de choisir entre deux sujets proposés par les lectrices et lecteurs de Vert. Puis, nous répondrons à celui que vous aurez retenu la semaine prochaine. À vos votes !
Pas facile pour les générations actuelles et futures riveraines des vignes ou de Bure.

Peut-on enfouir des déchets nucléaires pour toujours sans nuire aux générations futures ? : la question à 100 000 ans que doit trancher le Conseil constitutionnel
Avis de déchets. Le Conseil constitutionnel a été saisi par soixantes réquérant·es, dont de nombreuses associations, qui estiment que le sort des prochaines générations n’est pas suffisamment pris en compte dans le projet d’enfouissement des déchets radioactifs prévu à Bure (Meuse) - une grande première. Vert a assisté à l’audience, qui s’est tenue ce mardi.
«Aujourd’hui est l’occasion de se prononcer pour la première fois sur la protection que notre Constitution apporte aux générations futures», a plaidé Maître Stéphane-Laurent Texier, conseil des parties requérantes, mardi matin devant les sages de la rue de Montpensier. Les neuf membres du Conseil constitutionnel avaient pour tâche d’étudier une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur le stockage définitif des déchets radioactifs en couche géologique profonde prévu à Bure - c’est le projet Cigéo.
La QPC est une procédure de contrôle de la conformité des lois avec la Constitution française. Ce recours avait été lancé en septembre 2022 par plus de soixante parties requérantes, dont de nombreuses associations comme Attac, France nature environnement, le Réseau Sortir du nucléaire, l’Observatoire du nucléaire et Greenpeace France.

Les parties requérantes arguent que la Déclaration d’utilité publique (DUP) du projet Cigéo, validée en 2022, s’appuie sur une disposition du code de l’environnement jugée anti-constitutionnelle. Il s’agit de l’article L.542-10-1, qui prévoit que le stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs soit réversible pour «les générations successives».
«Le principe de réversibilité est assuré pour l’exploitation du site, soit 100 ans, alors que les effets des déchets radioactifs s’étendent sur des centaines de milliers d’années», pointe Maître Stéphane-Laurent Texier. Pour l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), chargée de mettre en œuvre le projet Cigéo, les «générations futures» n’ont pas d’existence juridique à proprement parler. «Nous sommes le vivant ici et maintenant, mais les générations futures sont des éléments qui peut-être seront, mais qui n’existent pas au jour de l’action», estime Maître Jean-Nicolas Clément, avocat de l’Andra.
Il y a quelques semaines, un procès inédit évaluait l’impact de l’insuffisance des politiques climatiques de 32 pays sur les jeunes et les générations à venir devant la Cour européenne des droits de l’homme (notre article).
La décision du Conseil constitutionnel doit être rendue le 26 octobre prochain et pourrait avoir un retentissement historique. Le Conseil constitutionnel pourrait affirmer la nécessité de prendre en compte le droit des générations futures dans le projet, ce qui entraînerait peut-être une réévaluation de la Déclaration d’utilité publique du projet Cigéo. Cette reconnaissance constitutionnelle du droit des générations à venir ouvrirait aussi la voie à des recours juridiques dans de nombreux projets aux impacts environnementaux importants.

· Mardi encore, l’activiste suédoise Greta Thunberg a été arrêtée lors d’une manifestation contre l’industrie fossile à Londres. En compagnie de centaines d’autres militant·es, elle participait au blocage de l’accès à la conférence Energy intelligence forum, où se rassemblaient de hauts dirigeants de compagnies pétro-gazière. Toutes et tous dénonçaient le manque d’ambition des COP, ces conférences annuelles sur le climat des Nations unies, et la présidence de la COP28 qui aura lieu du 30 novembre au 12 décembre, assurée par le patron de la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, Sultan Al-Jaber. - Le Monde (AFP)
· Ce mercredi, une nouvelle étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) établit un lien entre le risque de développement d’une leucémie chez les enfants et la surface couverte par les vignes autour de leur maison. 3 711 enfants de moins de 15 ans atteints de leucémie, comparé·es à un groupe témoin de 40 196 autres enfants ont été étudiés sur la période 2006-2013. Quand la densité de cultures viticoles augmente de 10% dans un rayon d’un kilomètre, le risque de développer une leucémie augmente, lui aussi, de 10%. En cause, l’usage intensif des pesticides dans les vignes.
· Adopté en fin de semaine dernière, un amendement au projet de budget 2024 adopté en commission des finances prévoit de supprimer les avantages fiscaux liées aux dons pour les associations condamnées pour plusieurs types d’infractions. Cet amendement a été déposé par 30 député·es LR et deux Horizons après avoir été «proposé par la FNSEA», a assumé la députée LR Véronique Louwagie. Le syndicat agricole veut ainsi s’en prendre aux associations qui s’introduisent dans les exploitations agricoles ou pratique «l’agribashing». - Libération



Paris a désormais son «Fashion green hub»
En mode slow. Inauguré mardi soir, ce nouveau tiers-lieu du 13ème arrondissement de Paris se donne pour objectif d’aider la mode à faire sa transition écologique et sociale.
«La mode est en retard sur sa transition !» Entouré des nombreux convives réunis au second étage de l’Hôtel industriel Berlier, situé dans l’Est parisien au pied des monumentales Tours Duo, pour le lancement du Fashion green hub Paris, son président Thomas Ébélé détaille à Vert les objectifs de cette plateforme destinée aux professionnel·les du secteur de la mode.
«Aujourd’hui, seuls 5% du textile, du linge et des chaussures mis sur le marché en France sont fabriqués en France, explique celui qui est aussi co-fondateur du label SloWeAre et auteur de l’ouvrage La face cachée des étiquettes. Nous voulons aider à repenser l’usage du vêtement, de sa conception à son réemploi, et la manière dont la mode est produite.»
Parmi les premières actions de la nouvelle plateforme francilienne : des sessions de formation inclusives à destination de personnes éloignées de l’emploi ou en situation de handicap et une boutique éphémère qui va s’installer pour plusieurs mois au Printemps dans le 9ème arrondissement de Paris. On pourra y découvrir de premières créations qui valorisent une production locale ou européenne.

Avec ce lancement, c’est le réseau associatif des Fashion green hub qui s’étoffe. Propulsée en 2015 par Annick Jehanne et Jean-Michel Castaing, la première plateforme a vu le jour à Roubaix (Hauts-de-France), centre historique du textile en France. Nantes et Lyon sont également actives dans le réseau - pour l’instant sans lieu dédié.
Pour accompagner les nécessaires transformations du secteur, le Fashion green hub Paris a investi un plateau de plus de 300 m2 au sein de l’Hôtel industriel Berlier, organisé en espaces de création et de coworking, de formation inclusive et de partage de connaissances. Les bureaux côtoient les machines à coudre, un atelier d’upcycling et une matériothèque. Vu l’ampleur des enjeux, Thomas Ébélé appelle d’abord à l’action au niveau local.
«Les régions sont un maillon essentiel et extrêmement dynamique pour le développement des tiers-lieux. L’État, un peu moins, c’est dommage», souligne Annick Jehanne, la présidente de l’association nationale Fashion green hub et vice-présidente de celle des tiers-lieux.
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L’amour et les forêts
Bottes à nique. Tourné à l’automne 2022 dans le pays de Caux en Normandie, territoire de travail et de création que le cinéaste et jardinier Pierre Creton explore dans ses films, Un Prince suit Pierre-Joseph, jeune adulte à la découverte de la sexualité et de la botanique. Accompagné dans ses explorations par des personnages énigmatiques et fraternels, humains et non-humains (mention spéciale à l’ânesse Gilberte et à la chienne Ordet), ce long métrage récompensé à la Quinzaine des cinéastes au dernier Festival de Cannes, qui sort en salles ce mercredi, s’expérimente à la manière d’un rêve plein de brume, d’odeurs forestières et de rencontres inoubliables. Vert vous le recommande chaudement.

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux et Sanaga ont contribué à ce numéro.