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Six jeunes Portugais devant la Cour européenne des droits de l’homme pour le plus grand procès climatique de l’Histoire

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Procès trop ! Elles et ils ont assigné en jus­tice 32 pays pour leur inac­tion cli­ma­tique : ce mer­cre­di matin, six jeunes Por­tu­gais se retrou­vent devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour une audi­ence his­torique.

Âgé·es de 11 à 24 ans, Mar­i­ana, André, Sofia, Mar­tim, Cata­ri­na et Cláu­dia sont frères et sœurs, cousines et cousins. Elles et ils sont réuni·es à Stras­bourg ce mer­cre­di dans le cadre d’un procès sans précé­dent.

C’est la pre­mière fois qu’un tel nom­bre d’Etats sont visés dans une même affaire : par­mi les 32 pays pour­suiv­is : tous les États mem­bres de l’Union européenne, la Norvège, la Russie, le Roy­aume-Uni, la Suisse et la Turquie. Deux­ième preuve de l’importance de ce procès, il a lieu devant la Grande cham­bre de la CEDH — la plus haute for­ma­tion, réservée aux cas excep­tion­nels -, qui ne juge que 0,03% des affaires de la juri­dic­tion.

«La Cour européenne des droits de l’homme a été instau­rée à la suite des hor­reurs de la Sec­onde guerre mon­di­ale pour deman­der des comptes aux gou­verne­ments européens qui ne pro­tè­gent pas les droits humains. Il n’y a jamais eu autant besoin de la Cour que dans cette affaire», avance Ger­ry Lis­ton, avo­cat du Glob­al legal action net­work, qui accom­pa­gne les plaignant·es.

Mar­tim, Mar­i­ana, Cláu­dia et Cata­ri­na, qua­tre des six jeunes plaignant·es dans ce procès. © GLAN

Les jeunes requérant·es se sont lancé·es dans cette affaire en 2020, mais leur com­bat remonte aux ter­ri­bles feux de forêt de 2017 qui ont tué plus de cent per­son­nes et rav­agé une par­tie du Por­tu­gal. «Sans une action urgente pour réduire les émis­sions, l’en­droit où je vis devien­dra bien­tôt une four­naise insup­port­able, racon­te l’un des six jeunes, Mar­tim Duarte Agostin­ho, âgé de 20 ans. Cela me fait mal de savoir que les gou­verne­ments européens ont le pou­voir de faire beau­coup plus pour con­tribuer à empêch­er cela et qu’ils choi­sis­sent de ne pas le faire».

Avec ses sœurs et ses cousines, il reproche aux pays con­cernés de ne pas respecter l’Accord de Paris de 2016, dans lequel la qua­si-total­ité des pays se sont engagés à réduire leurs émis­sions de gaz à effet de serre afin de lim­iter la hausse des tem­péra­tures. Selon les plaignant·es, les poli­tiques cli­ma­tiques défail­lantes des États inter­fèrent avec plusieurs de leurs droits humains, comme celui à la vie ou au respect de la vie privée, qui font par­tie de la Con­ven­tion européenne des droits de l’homme.

Le résul­tat de ce procès pour­rait être inédit : «un juge­ment en faveur des jeunes requérants équiv­audrait à un traité région­al juridique­ment con­traig­nant, oblig­eant les 32 pays à accélér­er rapi­de­ment leur action cli­ma­tique (c’est-à-dire en réduisant leurs émis­sions)», détaille le Glob­al legal action net­work. De quoi faire jurispru­dence et, peut-être, influ­encer les affaires portées devant les tri­bunaux nationaux. Le juge­ment est atten­du au cours de la pre­mière moitié de l’année 2024.