Chères toutes et chers tous,
📆 Demain signera la dernière édition quotidienne de Vert cette année. Mais la rédaction ne vous laissera pas les mains vides pendant les vacances de Noël: vous recevrez notre compilation des bonnes nouvelles de 2023 et notre bêtisier annuel. On se donne rendez-vous le 8 janvier prochain pour la reprise de la quotidienne.
Pendant que les droits des immigrés sont foulés aux pieds, la ville de Montpellier dans les transports teste la gratuité.


Loi immigration : «les droits humains sont le cœur de la transition climatique»
Cela ne semble pas aller de soi, et pourtant : en plus de durcir la vie de millions de personnes immigrées, le gouvernement vient d’aggraver encore un peu plus la crise climatique.
Tout le but de la transition, ce n’est pas de permettre à une poignée d'occidentaux de traverser tranquillement la vie en Tesla un monde en flammes ; c’est de permettre à l’humanité - et au reste de la biodiversité - de vivre décemment. Les droits humains ne sont pas accessoires ; ils sont le cœur même de la transition climatique, et les restreindre comme le fait cette loi, c’est la chose la plus anti-écologique qui soit.

En actant un véritable repli identitaire, les droites Renaissance, LR et RN dessinent un monde plus inégalitaire et plus concurrentiel. Comme l’a très bien rappelé le climatologue Christophe Cassou, les scénarios du GIEC dans lesquels les rivalités géopolitiques et les inégalités sont exacerbées sont parmi ceux qui nous mènent vers les pires niveaux de réchauffement. La résolution de la crise climatique appelle exactement l’inverse : plus de solidarité et de coopération internationale.
Quitte à parler d’immigration en 2023, on aurait pu espérer que la question de l’asile climatique serait enfin abordée. C’est l’inverse : les personnes immigrées en provenance de pays balayés par la crise climatique verront leurs droits amputés - exactement comme les autres. En 2023, les événements météorologiques extrêmes liés au climat ont déplacé 32 millions de personnes dans le monde (essentiellement à l'intérieur de leurs pays). C'est encore plus que les guerres.
On compte 16 textes majeurs sur l’immigration depuis 2017. Combien sur le climat ? Si le gouvernement mettait au service du climat un peu de l’énergie qu’il consacre à durcir la vie des personnes immigrées, qui sait ce dont la France serait capable ?
Un édito de Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert

· Mercredi, le quotidien Libération a révélé que la présidente du Conseil régional d’Île-de-France, Valérie Pécresse, souhaitait retirer plus de 20% des subventions attribuées à Airparif, une association régionale de surveillance de la qualité de l’air. La décision sera prise ce jeudi lors du vote du budget 2024 du conseil régional. Chaque année, 7 900 décès prématurés sont dus à la pollution atmosphérique en Ile-de-France. - Libération
· Jeudi, la commission d’enquête parlementaire sur les causes de l’incapacité de la France à contrôler l’usage des produits phytosanitaires a pointé du doigt le manque d’intérêt des pouvoirs publics ainsi que le temps et l’argent perdu. Malgré des plans Ecophyto successifs et plus de 640 millions d’euros investis, l’utilisation des pesticides n’a observé aucune baisse significative depuis 2008. - Le Monde
· Mercredi, l’entreprise danoise Orsted a annoncé la construction du plan grand parc éolien en mer du monde. Baptisée «Hornsea 3», cette ferme éolienne géante sera située à 160 km au large, à l’est de l’Angleterre. Avec une capacité de 2,9 gigawatts (GW), elle devrait fournir de l’électricité à plus de 3,3 millions de foyers à partir de 2027. - Le Télégramme


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Métro boulot cadeau. Dès ce jeudi, la métropole de Montpellier rejoint la quarantaine d’agglomérations françaises à proposer la gratuité des transports en commun à ses quelque 500 000 habitant·es. C’est la plus grande agglomération du monde à adopter un tel principe. Promise par le maire socialiste de la ville, Michaël Delafosse, depuis les municipales de 2020, cette mesure vise à faire de la métropole «un territoire exemplaire de la transition écologique et solidaire» qui «incite aux changements de comportement sans pénaliser les plus fragiles». Si l’objectif social de la gratuité semble rempli, son efficacité en termes d’environnement et de réduction de la dépendance à la voiture est plus difficilement mesurable. Cela a au moins l’intérêt de mettre le sujet des mobilités tout en haut de l’agenda politique. Notre décryptage à lire sur vert.eco

Comment concilier écologie et le fait de vouloir vivre dans une maison ?
Hisser pavillon. Vivre dans une maison individuelle, voilà le rêve d’une grande majorité de Français·es. Mais, de l’artificialisation des sols aux passoires thermiques, cet idéal est semé d’embûches. On fait le point dans ce nouvel épisode du Vert du faux en répondant à la question de la semaine.
Vous avez peut-être entendu parler des efforts auxquels la France s’est engagée pour lutter contre l’artificialisation des sols. Ce phénomène désigne le fait de transformer des espaces naturels, agricoles ou forestiers pour en faire des lieux d’habitation ou d’activités économiques. De façon évidente, la construction d’une maison individuelle y contribue ; elle va consommer de l’espace pour accueillir un nombre limité de personnes. En France, 66% des logements sont des maisons, une proportion parmi les plus élevées au sein de l’Union européenne. Selon les données de l’Insee, une maison aurait en moyenne une surface d’une centaine de m2 et comprendrait le plus souvent un parking et un jardin.
Des caractéristiques proches de la maison idéale des Français·es. En analysant les différents critères utilisés lors des recherches immobilières de ses millions d’utilisateur·ices, le site Se Loger a révélé début décembre que «la maison arrivait en tête dans 64% des requêtes avec une surface minimum de 80m2. […] les Français qui ont sélectionné des critères avancés ont majoritairement renseigné les filtres “jardin” (16,3%), “terrasse” (14,8%) et “piscine” (9%).»
Pour éviter de grignoter des terres, il faudrait donc plutôt densifier l’habitat et lutter contre l’étalement urbain et péri-urbain. «Notre travail dans les années à venir pour faire face aux effets du changement climatique va être de rendre la densité désirable, confiait à Vert Franck Boutté, ingénieur et grand prix de l’urbanisme 2022, à l’occasion de l’étape nantaise du Climat Libé Tour en novembre dernier. Il faut notamment travailler sur les espaces communs et les accès aux extérieurs pour créer d’autres façons d’habiter les espaces, ensemble, et de pouvoir faire face aux épisodes caniculaires.»
👉 Découvrez toutes nos réponses à cette question sur vert.eco

Vent debout, le podcast qui allie sport et l’écologie
Comment le sport est-il percuté par les enjeux climatiques ? Le nouveau podcast immersif Vent Debout, animé par Clothilde Sauvages et Sylvain Paley, nous emmène au cœur de la vie des athlètes. Poids de la performance, militantisme, sexisme, les sportif·ves racontent leur quotidien depuis les montagnes jurassiennes pour le spécialiste de l'ultra-trail, Xavier Thévenard, ou le bord de la mer pour la championne du monde de «wingfoil», Flora Artzner. En deuxième partie d’épisode, un·e intervenant·e extérieur·e est interrogé·e, comme l’économiste et autrice du Giec Yamina Saheb ou l’activiste Camille Etienne. Un podcast pour explorer des mondes où une autre forme de sport est possible.

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Juliette Mullineaux, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.