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Amers Ricains

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Devant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, écologie et démocratie flanchent.


Donald Trump détruit la politique environnementale de son pays : «le monde n’attendra pas les États-Unis pour poursuivre son action climatique»

Amers Ricains. Sortie de l’Accord de Paris, état d’urgence énergétique, fin du Green new deal : moins de 24 heures après son investiture officielle en tant que nouveau président des États-Unis, Donald Trump a d’ores et déjà signé d’énormes reculs environnementaux pour le pays. Des voix s’élèvent pour appeler à la mobilisation.

Il a promis «le retour de l’âge d’or de l’Amérique» : dans son discours d’investiture au Capitole à Washington D.C., lundi après-midi, le milliardaire d’extrême droite Donald Trump a déroulé les axes principaux de son second mandat. Et, parmi eux, de nombreuses volte-face sur le plan de l’écologie par rapport au mandat de son prédécesseur démocrate Joe Biden.

Sans surprise, le plus vieux président américain jamais investi (78 ans) a officialisé le retrait de l’Accord de Paris sur le climat, dans un décret paraphé juste après son discours. Signé en 2015 par 196 parties, celui-ci prévoit de contenir le réchauffement climatique sous les +2 degrés (°C) d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900), et si possible à +1,5°C. Sous la précédente présidence de Donald Trump (2017-2021), les Etats-Unis en étaient déjà sortis, avant que Joe Biden ne fasse machine arrière.

Donald Trump dans le Bureau ovale, à la Maison-Blanche, en train de signer ses premiers ordres exécutifs, lundi 20 janvier 2025. ©  Jim Watson/Pool/AFP

«La sortie de l’Accord de Paris par les États-Unis est regrettable, mais l’action climatique multilatérale est résiliente et plus forte que la politique d’un seul pays», a réagi Laurence Tubiana, architecte de l’Accord de Paris et dirigeante de la Fondation européenne pour le climat. «En quittant l’Accord de Paris, cette administration abdique sa responsabilité de protéger le peuple américain et notre sécurité nationale», a regretté Gina McCarthy, conseillère nationale pour le climat sous Joe Biden.

Donald Trump a décrété l’«état d’urgence énergétique» et juré qu’il utiliserait «toutes les ressources nécessaires pour construire des infrastructures critiques». De quoi ouvrir la porte à une vaste expansion de la production d’énergies fossiles. «Nous allons forer, chéri, forer», a rabâché le nouveau président, pour extraire «l’or liquide qui coule sous [ses] pieds».

👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce décryptage de Justine Prados.

· Vendredi, les syndicats de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont appelé les agent·es de l’établissement public à se mettre en grève pour protester contre les attaques de François Bayrou à l’encontre de leur travail (notre article). Cette semaine, elles et ils devraient suspendre leurs inspections et toute autre activité de terrain liée au monde agricole. Les agent·es réclament des excuses publiques du premier ministre. - Le Monde

· Lundi, le gestionnaire du réseau électrique français RTE a annoncé que la France avait franchi le seuil de 95% de production d'électricité bas-carbone (nucléaire ou renouvelable) en 2024. Le nucléaire a retrouvé ses niveaux d’avant 2022, année durant laquelle plusieurs réacteurs avaient subi des problèmes de corrosion. En 2024, 67,41% de l’électricité provenait du nucléaire, 27,6% des renouvelables, dont la production a atteint un record. - France info

· Lundi encore, France Stratégie a montré que la consommation en eau risquait de doubler d’ici à 2050 si l’on conservait nos habitudes actuelles dans un contexte de réchauffement climatique. Selon ce service attaché au premier ministre, l’agriculture sera de loin le secteur le plus gourmand en eau en raison des besoins croissants de l’irrigation. Un modèle agricole fondé sur l’agroécologie et la diminution de moitié de notre consommation de viande permettrait de limiter cette augmentation. - Vert

«Avis de sagesse»

C’est pas bio tout ça. Après l’Agence de la transition écologique (Ademe) et l’Office français de la biodiversité (OFB), c’est au tour de l’Agence bio de prendre des coups de la part de la droite. Vendredi dernier, le Sénat a adopté un amendement du sénateur Laurent Duplomb (LR) qui prévoit la suppression des crédits publics de l’agence -2,9 millions d’euros par an-, sous prétexte de regrouper ses missions au sein de l’établissement public FranceAgriMer pour réaliser des économies. «Votre idée est pertinente», a dit la ministre de l’agriculture, Annie Genevard (LR). Elle a rendu un «avis de sagesse», c’est-à-dire que le gouvernement ne se prononce pas et s’en remet à la sagesse des membres du Sénat.

Annie Genevard. © European People’s Party / Wikimedia Commons

Créée en 2001, l’Agence bio a trois missions principales : promouvoir le label agriculture biologique auprès des consommateur·ices, fournir des données fiables sur le marché et soutenir la structuration des filières via le Fonds Avenir bio, doté de 18 millions d’euros. Alors que la bio est fragilisée par la baisse de la consommation et qu’une transition agroécologique peine à s’amplifier, cette suppression est vécue comme une attaque frontale par ses défenseur·ses.

Pour réduire son empreinte carbone, Easyjet va… repeindre ses avions

Déconnage imminent. «EasyJet explore des solutions innovantes pour réduire l'impact de ses activités», vante Lahiru Ranasinghe, directeur du «développement durable» de la compagnie aérienne à bas prix. Dernière «innovation» fraîchement annoncée : repeindre les avions pour réduire l’empreinte carbone l’entreprise. Pas question d’appliquer une peinture verte eco-friendly, mais un revêtement léger, censé réduire le poids des appareils, donc la consommation de carburant. Quand la substance aura été appliquée sur ses 350 aéronefs - pour l’instant seuls 38 ont subi un lifting - la compagnie britannique promet d’économiser 4 095 tonnes de CO2 équivalent d’ici 2029. C’est-à-dire autant que les émissions de… 80 Français·es dans la même période. Easyjet ne s’y est pas trompée : «le revêtement plus léger aura un impact relativement modeste par avion». La nouvelle peinture permet une réduction de poids de 27 kilogrammes par engin. À peu près autant que si l’on retirait deux valises de la soute… Un peu léger, en effet.

Quand les espaces populaires s’embourgeoisent

Sur France culture, La série documentaire (LSD) explore avec finesse la gentrification (ou «embourgeoisement») qui redessine nos villes et campagnes. De Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) à Marseille (Bouches-du-Rhône), des Hautes-Alpes au Tarn, les quatre épisodes tissent des récits intimes et des enjeux universels autour du logement, des inégalités et de l’identité. À ne pas rater.

© France Culture

+ Margot Desmons, Loup Espargilière, Mathilde Picard, Antoine Poncet et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.