La quotidienne

Actionnaires du temps

Chères toutes et chers tous,

🤔 Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous vous proposerons de choisir entre deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


Pour accélérer la transition écologique, c’est toujours mieux de jouer en équipe.


Team for the planet, la communauté de 120 000 associés qui accélère «l’innovation pour la sobriété»

Ainsi fonds, fonds, fonds. Depuis 2019, Team for the planet finance des entreprises innovantes qui veulent décarboner l’économie. Parmi ses forces : un comité scientifique, des brevets libres et une très large communauté. Comment fonctionne le mouvement, et pour quel bilan ?

Créé en avril 2019 par six entrepreneur·ses lyonnais·es, cet objet économique étonnant se veut le «Tinder du climat». Il met en relation des innovations, souvent portées par des ingénieur·es ou des scientifiques, avec des financements et des entrepreneur·ses qui savent gérer des boîtes. «Team» veut ainsi «détecter et déployer 100 innovations mondiales contre les gaz à effet de serre» d'ici à 2030.

«Une part de la solution viendra de l’innovation pour accélérer la sobriété», raconte Arthur Auboeuf. La plupart des 12 startups financées développent des innovations low tech comme la voile de kitesurf de Beyond the sea installée sur des cargos, ou la peinture réfléchissante aux coquilles d’huîtres de Cool Roof. «Le monde économique traditionnel ne permet pas de faire émerger ces innovations, car il se base sur une politique de rendement», poursuit-il.

Des actionnaires de Team for the planet au sommet Changenow en 2022. © DR

Une galaxie de 120 000 actionnaires

On peut devenir actionnaire de «Team» en deux clics et à partir d’un euro. On découvre alors un nouvel univers, la «galaxie de l’action», composé de «planètes», de larges catégories de sociétaires regroupé·es par compétences ou par ville ; de «comètes», des groupes de travail qui œuvrent à des projets spécifiques, et enfin des «étoiles», les fameuses startups financées par TFTP. Le climatologue et ancien vice-président du Giec Jean Jouzel, la créatrice de contenu Louise Aubery, ainsi que près de 120 000 cadres, étudiant·es, entrepreneur·ses et citoyen·nes font partie de «Team».

Ces actionnaires ne pourront jamais s’enrichir. Elles et ils perçoivent chaque année un dividende climat, calculé sur les tonnes de gaz à effet de serre évitées grâce aux innovations financées. Une astuce qui n’allait pas de soi : «En France, une entreprise n’a pas le droit de dire qu’elle ne distribuera jamais de dividende financier, explique Arthur Auboeuf. Nous avons choisi de pirater les règles : nous avons écrit que les dividendes seraient distribués quand la température serait revenue à son niveau pré-industriel». Autant promettre la lune.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce décryptage de Juliette Quef, où il est notamment question des innovations soutenues par Team for the planet.

· Les blocages routiers par les agriculteur·ices se poursuivent partout en France ce mardi, notamment sur des axes stratégiques autour de Paris, tandis que de nouvelles annonces du gouvernement sont attendues dans la journée. Lundi, l’animatrice Karine Le Marchand a rejoint des personnes mobilisées sur le barrage de l’A4 en Seine-et-Marne pour leur apporter son soutien et leur distribuer des viennoiseries. - BFMTV et Le Parisien

· Pendant des années, des eaux en bouteille de plusieurs industriels de l’agroalimentaire ont reçu des traitements interdits, révèlent Le Monde et Radio France dans une enquête commune publiée ce mardi. Ces techniques de purification sont illégales sur des eaux étiquetées «de source» ou «minérales naturelles». L’enquête dévoile notamment des arrangements secrets entre Nestlé Waters et le gouvernement pour contourner ses obligations et assouplir les réglementations.

· Lundi, la loi «anti-Airbnb» a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale. Visant à limiter la prolifération des meublés de tourisme au détriment des locations de longue durée, ce texte attaque la «niche fiscale Airbnb» qui offrait jusqu’à présent un fort abattement sur les revenus issus des locations de meublés de tourisme. Si le Sénat valide le texte en l’état, les maires disposeront de nouveaux outils pour réguler la durée des locations de type Airbnb dans les résidences principales. - Libération

2,3%

Billets verts. Pour que l’Union européenne (UE) atteigne la neutralité carbone en 2050, soit l’équilibre entre les gaz à effet de serre qui sont émis et ceux qui sont absorbés -, il suffirait qu’elle investisse l’équivalent de 2,3% de son PIB chaque année (10 000 milliards d’euros) jusqu’à cette échéance, en plus des financements actuels. C’est l’estimation faite par le think tank l’Institut Rousseau dans un rapport publié ce mardi. 10 000 milliards, c’est la moitié de ce qu’ont coûté les importations d’énergies fossiles dans l’UE en 2022. L’agriculture pourrait notamment voir ses émissions baisser de 53% d’ici à 2050 si trois leviers étaient activés : la réduction de la taille des élevages et le changement de l’alimentation des troupeaux, la transition vers des pratiques agroécologiques et la conversion des tracteurs à des technologies peu carbonées.

J.P.

Gel, redoux et dérèglements climatiques : en France, un réseau de «vergers observatoires» pour comprendre comment les arbres s’adaptent

Le vert est dans le fruit. Depuis Clermont-Ferrand, Guillaume Charrier, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), est l’un des coordinateurs scientifiques d’un réseau de 6 vergers tests répartis sur le territoire hexagonal. Pour Vert, il revient sur ce projet qui étudie les mécanismes d’adaptation des fruitiers à des conditions météo et climatiques changeantes. 


Comment est né le réseau de vergers tests ?

Un précédent projet de l’Inrae s’était déjà intéressé à l’adaptation aux changements climatiques de l'agriculture et de la forêt. À cette occasion, on s’est rendu compte qu’il n’existait pas de suivi spécifique pour les arbres fruitiers. Avec ce réseau de vergers observatoires, l’idée c’était de pouvoir se focaliser sur l'étude des cycles saisonniers, on appelle cela la «phénologie». Pouvoir comprendre comment les arbres s’adaptent aux variations météo et climat. Au sein de ces vergers, on suit de près ces différentes étapes : la dormance, le débourrement et la floraison.

Un gel tardif peut compromettre la floraison et la fructification. © Pixabay

Le gel reste-t-il le pire danger pour les arboriculteurs ?

Dans les climats tempérés, les arbres sont habitués à survivre des hivers un peu rudes, de s'acclimater aux températures froides. Ils deviennent plus résistants au froid au fur et à mesure de l'automne, pour avoir un maximum de résistance en plein hiver ; ensuite, ils se désacclimatent au froid. Quand on va vers le printemps, on approche alors les stades les plus sensibles, ceux du débourrement et de la floraison. C’est à ce moment-là que les tissus des fruitiers sont gorgés d’eau. Si un coup de gel tardif se produit, comme ce fut le cas en 2021, ils vont alors très facilement «prendre en glace», ce qui occasionne de graves dommages en compromettant la floraison et donc la fructification.
 

Dans le contexte du réchauffement climatique, les aléas de températures se multiplient. Que nous enseignent vos observations à ce sujet ?

Qu’il est très difficile de modéliser tous ces accidents ! On a bien sûr les idées claires sur les comportements moyens des variétés d’arbres fruitiers, de comment le climat va évoluer à moyen terme, globalement. Mais ces oscillations, ces événements plus ou moins extrêmes qui impactent la physiologie des arbres, les météorologues ont encore beaucoup de mal à les intégrer dans leurs modèles. Sur tous ces aspects, un point important concerne les échanges que nous avons avec les agriculteurs, pour communiquer nos observations et diffuser les résultats de nos recherches directement sur le terrain.

👉 Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de cet entretien réalisé par Jennifer Gallé.

© Vert

Le principal problème du numérique pour le climat, ce n’est pas tant les vidéos de chatons que vous regardez, que la fabrication de votre smartphone : elle représente près de 80% de son empreinte écologique. Plus l’écran est grand, et pire c’est. Ça vaut évidemment aussi pour les ordis et les télés !

Retrouvez toutes les infos essentielles et les bons ordres de grandeur sur le numérique pour démystifier les idées reçues, en téléchargeant le dernier poster de notre série Désordres de grandeur ! Pour ça, rendez-vous dans la Postérothèque !

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé et Justine Prados ont contribué à ce numéro.