La quotidienne

À qui la flotte ?

Chères toutes et chers tous,

🗳️ C'est le dernier jour pour voter pour le futur King du greenwashing. La semaine dernière, vous avez reçu dans vos boîtes mail notre édition spéciale réalisée avec le collectif Pour un réveil écologique pour élire la publicité la plus scandaleuse de 2022. Le vainqueur, qui accèdera au trône de Vert, sera annoncé ce soir à l'occasion de la fête d'anniversaire de Vert. À vos votes !


Pour limiter les pénuries d’eau douce, les dirigeants mondiaux feraient bien de s’attaquer aux problèmes à la source.


Une crise mondiale de l’eau est «imminente»

Tout part à vau-l’eau. Réunis au siège de l’ONU du 22 au 24 mars, une douzaine de chefs d’État et de gouvernement et une centaine de ministres veulent lancer un message d’alerte face à l’aggravation des pénuries d’eau dans le monde et à la contamination des ressources disponibles.

Climat, biodiversité, protection de la haute mer… Les sommets mondiaux se sont enchainés ces derniers mois pour tenter d’enrayer les crises écologiques. Cette semaine, quelque 6 500 participant·es se réunissent au siège des Nations unies à New York pour se pencher sur l’épuisement des ressources planétaires en eau douce. Aucun traité politique international n’est cependant prévu à l’issue de cette conférence, dont l’objectif est plutôt de s’accorder sur le constat et de lancer l’alerte.

Quelques heures avant le début de la conférence, l’ONU publiait, mardi 21 mars, un rapport alarmant sur le sujet dont l’avant-propos, signé par le patron des Nations unies Antonio Guterres, laisse peu de place au doute : «Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d'épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l'humanité».

En 40 ans, l’usage mondial d’eau douce a augmenté de 1 % par an alors que les pénuries «tendent à se généraliser» à l’échelle du globe en raison du réchauffement climatique, pointe le rapport. Environ 10 % de la population mondiale vit déjà dans un pays où le stress hydrique (lorsque les ressources en eau sont inférieures à la demande) atteint un niveau «élevé», voire «critique».

Des femmes puisent de l’eau dans un village du Mozambique. © FAO / PABALLO THEKISO

D’après le Giec, près de la moitié de la population mondiale subit «de graves pénuries d’eau» pendant au moins une partie de l’année. Une crise mondiale de l’eau est «imminente», selon l’ONU.

Outre les pénuries, se pose le problème de la salubrité de l’eau. En raison du manque de systèmes d’assainissement, au moins deux milliards de personnes boivent de l'eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d'ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d’investissement actuels au moins par trois, estime l'ONU.

· Mardi, l’Assemblée nationale a très largement adopté en première lecture le projet de loi d’accélération du nucléaire, qui devrait permettre de faciliter la construction de six nouveaux réacteurs EPR à horizon 2035. Les député·es ont validé la suppression du seuil qui limite à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique français, ainsi que le renforcement des sanctions pénales en cas d’intrusions dans les installations nucléaires. - Libération (AFP)

· Des scientifiques ont récemment identifié un nouveau type de formation géologique sur l’île inhabitée de Trindade, à 1 500 kilomètres des côtes du Brésil. Des déchets plastiques se sont incrustés au cœur des minéraux qui forment habituellement les rochers, créant ces «plasticroûtes». Pour les géologues, cette découverte témoigne de l’influence humaine sur des processus qui étaient jusqu’alors entièrement naturels. - France info (AFP)

· À Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), l’entreprise Local Oceans prévoit de produire 9 000 saumons par an dans une gigantesque ferme aquacole. Conséquence de cette activité, les rejets de phosphore et d’azote dans le port pourraient provoquer des marées vertes mettant en péril les espèces marines locales, alertent les défenseurs de l’environnement. Relisez notre enquête sur le développement des fermes à saumon en France - Le Monde (abonné·es)

© Sanaga pour Vert

De la peur, de la colère, mais surtout de la détermination : vos réactions au nouveau rapport du Giec

Rapport après rapport, le Giec a établi un état des lieux alarmant de l’état du climat ainsi que des pistes pour contenir le réchauffement et maintenir une planète vivable. Quel effet ces informations vous font ? Vous nous avez raconté.

À travers les dizaines de témoignages que vous nous avez fait parvenir, la peur est l’émotion qui domine. Barbara, architecte de 31 ans, raconte son angoisse et le «sentiment de [s]e faire déposséder de [s]on avenir et de celui des générations futures». «J'ai d'abord eu les larmes aux yeux en entendant Guterres dire que la synthèse est un "guide de survie pour l'humanité". J'avais sous les yeux mon fils de deux ans et mon cœur s'est serré parce que je sais qu'il sera sûrement confronté à une dure réalité plutôt tôt que tard», exprime Pauline, 36 ans, en reconversion professionnelle.

Certain·es lecteur·rices se révèlent désemparé·es face à ces informations, qui soulèvent nombre de doutes et questions. «Je sais que me mettre en mouvement m’aiderait à surmonter l’angoisse, mais je ne sais pas comment, avec qui…», s’interroge Nicolas, 46 ans, cadre dans une compagnie d’assurances.

De la «rage» de Pauline à la «colère froide» de Dorothée en passant par l’indignation de Léon face «au manque de visibilité donné à ce rapport si important» et le «vague sentiment de révolte» de Laure, ces témoignages révèlent aussi une porosité entre l’angoisse et la colère. 

Passée l’abattement et la frustration, la grande majorité d’entre vous manifestent leur motivation et détermination à changer les choses. Cette envie de faire mieux s’exprime notamment à l’échelle individuelle. «Je finis toujours par me dire : continue à faire ce que tu fais au quotidien, tiens bon, et fais en encore plus !», raconte Delphine, médiatrice dans une association de culture scientifique. «C'est dans l'action que l'on peut garder le moral, parce qu'on change les choses à notre échelle. Même si l'on sait que c'est insuffisant, c'est très important», juge Aymeric, artiste de 55 ans.

Une dynamique qui s’écrit aussi à l’échelle collective. Vanessa, vétérinaire de 39 ans, est déterminée à s’engager citoyennement, «pour favoriser le verdissement des villes ou l’émergence de collectifs». Plusieurs personnes se disent tenté·es par l’activisme et la désobéissance civile face à l’indifférence et l’inaction des décideurs. 

Pauline, elle, se dit «déter comme jamais !». Chez Vert aussi, nous sommes «déter comme jamais» pour continuer à chroniquer le changement climatique, et les solutions pour enrayer la crise.

Davantage de témoignages sont à lire juste ici

Les utopies visuelles de Jan Kamensky

Attention, c’est joli. Jan Kamensky se définit comme un «jardinier numérique» : il crée des utopies visuelles à partir de paysages urbains de toute l’Europe (et au-delà). Dans ses courtes et hypnotisantes vidéos, il éjecte voitures, publicités, et bitume pour laisser la place à la nature en ville. De quoi donner un autre visage à la sobriété. Son site.

© Jan Kamensky

+ Loup Espargilière, Justine Prados et Sanaga ont contribué à ce numéro.