L’écologie, enfin aux manettes. Depuis 2016, le Z Event réunit chaque année une foule de streameur·ses issu·es du monde du jeu vidéo pour un week-end de direct sur Twitch afin de récolter des dons pour une association. Rassemblé·es dans une salle surchauffée pendant 50 heures non-stop, chacun·e motive sa communauté et lui propose des défis pour la mettre à contribution.
Record pulvérisé l’année dernière avec la récolte de 10 064 480 euros au profit d’Action contre la faim, contre 170 000 euros lors de la première édition. Après six opus placés sous le signe de l’humanitaire (la Croix rouge, Médecins sans frontières, Amnesty international…), les organisateurs ont décidé de soutenir la cause environnementale.
« On s’est demandé quelle était la cause qui nous touchait le plus, le plus grand défi qui nous attend tous, donc le choix a été rapide. Même si ce n’est pas évident, car si la réalité de la crise climatique fait désormais consensus, les solutions à mettre en œuvre, elles, génèrent beaucoup de débats contradictoires », raconte à Vert Adrien Nougaret, alias ZeratoR, coorganisateur du Z Event.
Un tournant bienvenu, selon les cinq organismes sélectionnés pour cette édition sur la vingtaine proposée au vote des internautes. Il s’agit de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), le Fonds mondial pour la nature (WWF), Sea shepherd, The sea cleaners et Time for the planet – cette dernière étant une entreprise, elle ne peut recevoir de donations et participera à l’événement pour aider les autres à récolter des fonds. « Les gens n’ont jamais été aussi préoccupés par l’environnement qu’aujourd’hui, donc c’est normal qu’un événement qui se veuille comme un Téléthon du gaming s’intéresse à cette cause. Honnêtement, je ne vois pas comment un projet d’une telle envergure aurait pu passer à côté de ça », abonde auprès de Vert Valérie Amant, directrice de la communication de The sea cleaners, une jeune association qui lutte contre la pollution plastique en mer.
Initialement, le Z Event avait choisi la fondation GoodPlanet, présidée par Yann Arthus-Bertrand, pour recevoir l’argent récolté cette année. Un choix controversé qui avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux ; de nombreux internautes dénonçaient notamment les liens de la fondation avec la BNP Paribas et TotalEnergies, certaines pratiques de greenwashing ou encore son soutien à la Coupe du monde de football au Qatar (France inter).
Outre le divertissement, l’objectif est aussi de sensibiliser le public aux combats menés par les associations. « Ça nous donne une fenêtre incroyable de plusieurs jours pour communiquer sur les enjeux sur lesquels on travaille, car les citoyens sont très déconnectés de l’océan de manière générale, et manquent de connaissance sur les liens entre nos choix de consommation, leurs impacts sur les océans et leurs conséquences sur notre propre survie », explique à Vert Lamya Essemlali, présidente de Sea shepherd France, une ONG de défense des océans.
D’autres jugent que l’audience du Z Event est déjà très consciente des enjeux écologiques, mais que l’événement montrera à un jeune public de nouveaux moyens de s’engager. « C’est une génération qui a du mal avec les modes d’engagement traditionnels (politique, syndical, associatif) et qui préfère des codes d’actions plus directs, facilement faisables en ligne comme les dons, les abonnements sur les réseaux sociaux et les partages de contenus », considère Valérie Amant.
« Ça peut surtout créer un lien entre des associations établies, qui ont un public plus âgé, et un public plus jeune, motivé, avec de nouvelles idées. C’est une belle rencontre entre deux mondes », estime auprès de Vert Yann Libessart, responsable de la communication à la LPO. « Ça nous met un coup de vieux et un coup de jeune en même temps », rit-il.
Les fonds récoltés devraient donner un grand coup de boost aux différentes associations. Sea shepherd ou The sea cleaners espèrent pouvoir financer de nouveaux bateaux pour poursuivre leurs actions en mer ; la LPO compte renforcer ses projets et sa présence sur le terrain. De son côté, l’organisation du Z Event n’avance pas d’objectif officiel de financement. « Même si c’est un peu naïf, on se dit que dès qu’il y a un euro de donné, c’est gagné, car cet argent n’existerait pas sans l’événement », jauge ZeratoR. Même s’il admet que « ce serait vraiment bien de récolter au moins un million d’euros pour chaque association ». Rendez-vous dimanche soir pour le verdict.