Décryptage

Z Event : en 2022, le « Téléthon du gaming » se met au service de l’écologie

Le top départ du Z Event 2022, marathon caritatif diffusé sur le réseau Twitch, est donné ce vendredi soir. Un long week-end de streaming pour récolter des fonds au profit de quatre associations environnementales - une première pour l’événement.
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L’é­colo­gie, enfin aux manettes. Depuis 2016, le Z Event réu­nit chaque année une foule de streameur·ses issu·es du monde du jeu vidéo pour un week-end de direct sur Twitch afin de récolter des dons pour une asso­ci­a­tion. Rassemblé·es dans une salle sur­chauf­fée pen­dant 50 heures non-stop, chacun·e motive sa com­mu­nauté et lui pro­pose des défis pour la met­tre à con­tri­bu­tion.

Record pul­vérisé l’année dernière avec la récolte de 10 064 480 euros au prof­it d’Action con­tre la faim, con­tre 170 000 euros lors de la pre­mière édi­tion. Après six opus placés sous le signe de l’humanitaire (la Croix rouge, Médecins sans fron­tières, Amnesty inter­na­tion­al…), les organ­isa­teurs ont décidé de soutenir la cause envi­ron­nemen­tale.

« On s’est demandé quelle était la cause qui nous touchait le plus, le plus grand défi qui nous attend tous, donc le choix a été rapi­de. Même si ce n’est pas évi­dent, car si la réal­ité de la crise cli­ma­tique fait désor­mais con­sen­sus, les solu­tions à met­tre en œuvre, elles, génèrent beau­coup de débats con­tra­dic­toires », racon­te à Vert Adrien Nougaret, alias Zer­a­toR, coor­gan­isa­teur du Z Event.

Le best of du Z Event 2021. © Zer­a­tor

Un tour­nant bien­venu, selon les cinq organ­ismes sélec­tion­nés pour cette édi­tion sur la ving­taine pro­posée au vote des inter­nautes. Il s’agit de la Ligue de pro­tec­tion des oiseaux (LPO), le Fonds mon­di­al pour la nature (WWF), Sea shep­herd, The sea clean­ers et Time for the plan­et — cette dernière étant une entre­prise, elle ne peut recevoir de dona­tions et par­ticipera à l’événement pour aider les autres à récolter des fonds. « Les gens n’ont jamais été aus­si préoc­cupés par l’environnement qu’aujourd’hui, donc c’est nor­mal qu’un événe­ment qui se veuille comme un Téléthon du gam­ing s’intéresse à cette cause. Hon­nête­ment, je ne vois pas com­ment un pro­jet d’une telle enver­gure aurait pu pass­er à côté de ça », abonde auprès de Vert Valérie Amant, direc­trice de la com­mu­ni­ca­tion de The sea clean­ers, une jeune asso­ci­a­tion qui lutte con­tre la pol­lu­tion plas­tique en mer.

Ini­tiale­ment, le Z Event avait choisi la fon­da­tion Good­Plan­et, présidée par Yann Arthus-Bertrand, pour recevoir l’argent récolté cette année. Un choix con­tro­ver­sé qui avait provo­qué un tol­lé sur les réseaux soci­aux ; de nom­breux inter­nautes dénonçaient notam­ment les liens de la fon­da­tion avec la BNP Paribas et Total­En­er­gies, cer­taines pra­tiques de green­wash­ing ou encore son sou­tien à la Coupe du monde de foot­ball au Qatar (France inter).

Out­re le diver­tisse­ment, l’objectif est aus­si de sen­si­bilis­er le pub­lic aux com­bats menés par les asso­ci­a­tions. « Ça nous donne une fenêtre incroy­able de plusieurs jours pour com­mu­ni­quer sur les enjeux sur lesquels on tra­vaille, car les citoyens sont très décon­nec­tés de l’océan de manière générale, et man­quent de con­nais­sance sur les liens entre nos choix de con­som­ma­tion, leurs impacts sur les océans et leurs con­séquences sur notre pro­pre survie », explique à Vert Lamya Essem­lali, prési­dente de Sea shep­herd France, une ONG de défense des océans.

Chaque année, les streameur·ses pro­posent une liste de « dona­tions goals » pour inciter leur com­mu­nauté à don­ner de l’ar­gent en échange de défis à réalis­er.

D’autres jugent que l’audience du Z Event est déjà très con­sciente des enjeux écologiques, mais que l’événement mon­tr­era à un jeune pub­lic de nou­veaux moyens de s’engager. « C’est une généra­tion qui a du mal avec les modes d’engagement tra­di­tion­nels (poli­tique, syn­di­cal, asso­ci­atif) et qui préfère des codes d’actions plus directs, facile­ment fais­ables en ligne comme les dons, les abon­nements sur les réseaux soci­aux et les partages de con­tenus », con­sid­ère Valérie Amant.

« Ça peut surtout créer un lien entre des asso­ci­a­tions établies, qui ont un pub­lic plus âgé, et un pub­lic plus jeune, motivé, avec de nou­velles idées. C’est une belle ren­con­tre entre deux mon­des », estime auprès de Vert Yann Libessart, respon­s­able de la com­mu­ni­ca­tion à la LPO. « Ça nous met un coup de vieux et un coup de jeune en même temps », rit-il.

Les fonds récoltés devraient don­ner un grand coup de boost aux dif­férentes asso­ci­a­tions. Sea shep­herd ou The sea clean­ers espèrent pou­voir financer de nou­veaux bateaux pour pour­suiv­re leurs actions en mer ; la LPO compte ren­forcer ses pro­jets et sa présence sur le ter­rain. De son côté, l’organisation du Z Event n’avance pas d’objectif offi­ciel de finance­ment. « Même si c’est un peu naïf, on se dit que dès qu’il y a un euro de don­né, c’est gag­né, car cet argent n’existerait pas sans l’événement », jauge Zer­a­toR. Même s’il admet que « ce serait vrai­ment bien de récolter au moins un mil­lion d’euros pour chaque asso­ci­a­tion ». Ren­dez-vous dimanche soir pour le ver­dict.