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Une vaste fuite de documents révèle le lobbying des États pour influencer le rapport du Giec

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Le poids des maux. Une fuite de doc­u­ments des­tinés au Groupe d’ex­perts inter­gou­verne­men­tal sur l’évo­lu­tion du cli­mat (Giec) révèle que plusieurs États par­mi les plus gros pol­lueurs rechig­nent à accom­plir les efforts néces­saires pour faire face à l’ur­gence cli­ma­tique.

L’équipe de jour­nal­istes Unearthed de l’ONG Green­peace et la BBC ont eu accès à 32 000 doc­u­ments rédigés par les respon­s­ables de plusieurs États, des­tinés à influ­encer la rédac­tion du six­ième rap­port d’é­val­u­a­tion du Giec (BBC). Après la sor­tie, en août, de sa pre­mière par­tie con­sacrée aux don­nées sci­en­tifiques sur l’évo­lu­tion du cli­mat (Vert), les derniers volets sur l’adaptation et l’atténuation du change­ment sont atten­dus pour l’an prochain. 

Un con­seiller du min­istère saou­di­en du Pét­role réclame que « des phras­es du type “la néces­sité d’ac­tions d’at­ténu­a­tion urgentes et accélérées à toutes les échelles…” soient sup­primées ». Un haut respon­s­able du gou­verne­ment aus­tralien rejette la con­clu­sion selon laque­lle il est néces­saire de fer­mer les cen­trales élec­triques au char­bon. L’Opep (Organ­i­sa­tion des pays expor­ta­teurs de pét­role) appelle quant à elle à sup­primer la con­clu­sion suiv­ante : « Si le réchauf­fe­ment doit être lim­ité à 2°C, env­i­ron 30 % du pét­role, 50 % du gaz et 80 % des réserves de char­bon res­teront incom­bustibles ». Cette somme de doc­u­ments racon­te com­ment les pays pro­duc­teurs d’énergies fos­siles (pét­role, gaz, char­bon) essayent de frein­er la tran­si­tion des qua­tre fers plutôt que de penser à l’après. 

De nom­breux pays, comme la Norvège, souhait­ent aus­si que les solu­tions de cap­ture et de stock­age de CO2 soient davan­tage mis­es en avant, bien que ces tech­nolo­gies soient coû­teuses et pas encore assez matures (Vert). Le Brésil et l’Ar­gen­tine, deux des plus grands pro­duc­teurs de bovins et de cul­tures four­ragères, s’op­posent aux con­clu­sions arguant que la réduc­tion de la con­som­ma­tion de viande est néces­saire pour dimin­uer les émis­sions de gaz à effet de serre.

Si le tra­vail de sape de ces États est réel, les expert·e·s du Giec ne sont évidem­ment pas obligé·e·s de tenir compte de ces remar­ques, qui font par­tie du proces­sus de dis­cus­sion. Issu·e·s de tous les États du monde, elles et ils doivent par­venir ensem­ble à un con­sen­sus sci­en­tifique. Ces doc­u­ments démon­trent surtout de l’é­tat d’e­sprit de cer­tains États à une semaine de l’ou­ver­ture de la COP26 à Glas­gow, alors que de nou­veaux efforts de la part des pays qui con­tribuent le plus au réchauf­fe­ment cli­ma­tique sont atten­dus.