La quotidienne

ONU bilan

Chères toutes et chers tous,

🎉 Aujourd'hui, l'équipe de Vert s'agrandit et accueille trois nouvelles recrues ! Dès demain, vous commencerez à voir apparaître leurs signatures dans la quotidienne, et nous vous les présenterons en bonne et due forme.


Le temps passe et passe et passe et si peu de choses ont changé, qui aurait pu s’imaginer que le temps se serait si vite écoulé ?


Climat : ce qu’il faut retenir du «bilan mondial» de l’ONU

C’est ONUbilan. L’ONU a publié vendredi son évaluation de huit années de lutte contre le réchauffement climatique, depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015. Ce compte rendu cinglant, largement inspiré des conclusions du GIEC, servira de base à la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat à Dubaï en novembre.
 

· Le compte n’y est pas (du tout)

Bonne nouvelle : en actant pour la première fois la nécessité de maintenir le réchauffement climatique «bien en deçà de 2°C», l’Accord de Paris pour le climat a entraîné des actions au niveau national qui ont «significativement réduit les prédictions de réchauffement», se félicite l’ONU. Malgré cela, le climat s’est déjà réchauffé de 1,2°C et «le monde n’est pas sur la bonne voie». Pour atteindre cet objectif, les émissions mondiales devront culminer «entre 2020 et 2025», puis baisser de 43% d’ici à 2030 et de 60 % d’ici à 2035 (par rapport à 2019). 

Adoption de l’accord de Paris pendant la COP21, en 2015. © COP Paris

· La (presque) sortie des fossiles en ligne de mire

Si la baisse des émissions implique de «transformer les systèmes dans tous les secteurs et dans tous les contextes», l’ONU s’attarde en particulier sur la production d’énergie, qui génère à elle seule de 75% des émissions de gaz à effet de serre. «Déployer les énergies renouvelables et sortir de toutes énergies fossiles non réduites est indispensable», insistent les auteur·ices du rapport. «Non réduites» (unabated) signifie toutefois que des infrastructures dont le CO2 est absorbé pourraient être maintenues.
 

· Tends l’argent

Last but not least, l’ONU rappelle qu’«accroître l’ambition climatique nécessite de transformer le système financier international», notamment pour réorienter les flux vers les investissements bas-carbone et le soutien aux pays en développement. Sujet sensible, là aussi, car les pays développés rechignent à mettre la main au porte-monnaie.

· Vendredi, l’audience des neuf prévenu·es jugé·es dans le cadre de la mobilisation contre les mégabassines a été suspendue après sept heures de débats et reportée au 28 novembre. La Confédération paysanne, les Soulèvements de la Terre et Bassines non merci ont dénoncé «une démonstration d’amateurisme du parquet» face à un dossier «indigeste, trop plein de dates, de prévenus et de faits non caractérisés». - Libération

· «Le capitalisme est incompatible avec la lutte contre le changement climatique», a déclaré le paléoclimatologue Jean Jouzel sur France inter vendredi. Le scientifique, ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), a appelé à un changement profond de société face à l’urgence. Fin août, lors d’une table ronde en compagnie du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, il avait été surpris par l’accueil glacial et l’immobilisme émanant des discussions (notre article).

· Samedi, des milliers de militant·es et sympathisant·es du mouvement Extinction rebellion (25 000 selon les organisateur·rices, 10 000 à 12 000 selon la mairie) ont bloqué une autoroute à La Haye (Pays-Bas) pour réclamer la fin des subventions aux énergies fossiles. «Extinction rebellion continuera à revenir, tous les jours à midi, jusqu'à ce que les subventions fossiles soient abolies», a promis le mouvement dans un communiqué. - Le Monde (AFP)

«Tous les talents qui sont ici font très attention toute l’année, et du coup compensent, en sachant que leur empreinte d’aujourd’hui est un petit peu plus agressive que d’habitude.»

- Doigby, vidéaste

Greenracing. Samedi, une vingtaine de personnalités du web ont répondu à l’appel de l’influenceur Squeezie pour la deuxième édition du GP explorer, une course automobile de formule 4 sur le circuit Bugatti du Mans (Sarthe). Un événement qui a réuni plus de 60 000 invité·es et 1,3 million de spectateur·rices en ligne, pour un bilan carbone que l’on imagine salé. Sur le plateau du live, le sujet a fini par être abordé ; l’occasion d’une séquence très gênante où le vidéaste Doigby a insisté sur l’exemplarité des participant·es toute l’année, qui compense leurs émissions, il est vrai, «un petit peu plus agressive[s]» ce jour-là. Alors qu’une commentatrice, la streameuse «Cocotte», souligne que beaucoup de personnes ont pris l’avion pour venir, le vidéaste ironise : «et bah on leur tapera sur les doigts». Avant de poursuivre : «Non mais après chacun se déplace comme il peut, on n'est pas là pour faire des leçons de morale». Caisse qu’on y peut ?

Au mépris du réel, Nicolas Sarkozy agite la menace d’une explosion démographique pour expliquer la crise climatique

Sarkommence. Invité de l’émission C à vous sur France 5 le 6 septembre, Nicolas Sarkozy a multiplié les sorties fausses et problématiques au sujet de la crise climatique qui serait, à son «avis» principalement due à la démographie des pays du Sud. Décryptage de cette odieuse séquence.

Pour Nicolas Sarkozy (ce n'est pas nouveau), la démographie est la première cause du changement climatique. Alors que François Gemenne, spécialiste des migrations et co-auteur du dernier rapport du Giec, explique à France 5 qu’il s’agit avant tout d’un problème lié au mode de vie des occidentaux, Nicolas Sarkozy n’est «pas du tout de cet avis». Que vaut au juste l’«avis» de l’avocat et ancien président face à un spécialiste du sujet ?

«On est passé de 2,5 milliards d'habitants en 1955 à 8 milliards, si ça, c'est pas un dérèglement, qu'est-ce qu'un dérèglement ?». Dans ce sophisme, Nicolas Sarkozy joue sur l’ambiguïté de ce terme pour mettre sur un même plan des choses très différentes.

Nicolas Sarkozy dans C à vous. © France 5

«Dans 30 ans, l'Europe aura 450 millions d'habitants, l'Afrique ? 2,5 milliards !». La logique est encore plus fallacieuse ici, puisqu'il convoque le futur pour expliquer le réchauffement climatique actuel.

«Le Nigeria aura plus d'habitants que les États-Unis». À eux seuls, les États-Unis sont responsables de 20% du réchauffement historique, a calculé le média spécialisé Carbon brief. L'Afrique entière : entre 3 et 7%, selon les sources. Avec plus de 21 tonnes de CO2-équivalent émises par personne et par an, un·e Américain·e a le même impact sur le climat que… 42 Nigérian·es (500kg par an).

«Quand vous avez 1,5 milliard d'habitants en Inde et 1,4 milliard en Chine...» a ajouté Nicolas Sarkoy. Aujourd’hui encore, les habitant·es des pays occidentaux ont un impact largement supérieur à ceux des autres humains.© Vert, à partir des données du World inequality lab

Les habitant·es des pays qui connaissent la plus forte croissance démographique, émettent des dizaines voire, des centaines de fois moins de CO2 que ceux des pays les plus riches. Si la croissance de la population mondiale, qui devrait se stabiliser autour de 10 milliards d’humains vers 2050, est source de nombreux défis, la crise climatique est bel et bien avant tout une crise du mode de vie des occidentaux. Brandir la menace d’une explosion démographique des pays pauvres en surfant sur des peurs racistes, quand ceux-ci n’ont qu’une responsabilité mineure, c’est s’opposer à leur développement et retarder l’action urgente pour réduire le lourd impact des pays riches.

La planète peut-elle supporter huit milliards d’êtres humains ? Relisez notre décryptage de ce sujet inflammable.

Les violentes intempéries ont transformé cette grande plaine traversée de rivières en un , des mots du porte-parole des pompiers grecs, Yannis Artopios. Après les énormes incendies qui ont touché plusieurs régions du pays cet été, la Grèce subit un terrible enchaînement de d’événements climatiques extrêmes.

© Le HuffPost

+ Loup Espargilière et Justine Prados ont contribué à ce numéro.