Animal barré. En cinquante ans, les populations de vertébrés sauvages se sont effondrées de 73% en moyenne, alerte le World Wildlife Fund (WWF) dans son nouveau rapport Planète vivante.
Pour établir ce chiffre, qui correspond à son «indice planète vivante», le WWF a suivi 35 000 populations de 5 495 espèces d’animaux sauvages. Celui-ci ne signifie pas que les trois quarts des espèces ont disparu, mais que la taille moyenne de leurs populations a diminué de 73% depuis 1970. Destruction des milieux naturels, surexploitation des ressources, changements climatiques, pollutions… Cet effondrement est directement lié aux activités humaines.
Si le déclin est généralisé, ce sont les vertébrés d’eau douce qui connaissent la chute la plus marquée (-85%). Le WWF cite aussi plusieurs exemples alarmants, comme ceux de l’éléphant de forêt d’Afrique, en danger critique d’extinction à cause du braconnage, ou du dauphin rose de l’Amazone, victime des filets de pêche et du réchauffement des eaux. L’hémisphère sud est le plus touché, avec une chute qui atteint -95% en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Certaines populations se stabilisent, voire sont en augmentation, comme celles du gorille des montagnes ou encore du bison d’Europe, dont la réintroduction est un vrai succès en Roumanie.
Inquiétude sur les «points de bascule» écologiques
L’étude du WWF s’intéresse spécifiquement aux animaux vertébrés (donc pas aux insectes, ni aux végétaux). Ils ne représentent qu’une part minime du monde vivant, mais sont les plus étudiés par les scientifiques. L’état de leurs populations est donc un bon indicateur de la santé de la biodiversité, qui est entrée dans sa sixième extinction de masse.
Forêt amazonienne, zones humides en Inde, Grande barrière de corail… Cette année, le rapport Planète vivante accorde aussi une attention particulière aux «points de bascule» : «quand les impacts se cumulent et atteignent un certain seuil, le changement s’auto-alimente, provoquant un bouleversement considérable, souvent brutal et potentiellement irréversible».
Un constat dramatique, à dix jours de l’ouverture du 16ème sommet mondial (COP16) sur la biodiversité. «Alors qu’il est plus qu’urgent de transformer en profondeur notre modèle de production et de consommation, on assiste, incrédules, au détricotage des avancées obtenues en Europe et en France, déplore Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France. Et à l’heure où le budget devrait refléter des choix courageux, malgré les propositions chiffrées du WWF pour stopper les subventions dommageables à la nature et encourager des alternatives viables, l’État persiste à mal dépenser et à mal prélever».
La branche française de l’ONG demande également au nouveau gouvernement Barnier «une transition ambitieuse de l’agriculture vers l’agroécologie» ainsi qu’une lutte «contre la bétonisation à outrance».
Photo de couverture : Stephan Bechert : Unsplash