Végétaux ou tard. Chaque année depuis une décennie, le festival Ciné-jardins sillonne le nord-est de Paris et la petite couronne, le temps d’une dizaine de soirées entre août et septembre, pour offrir au public une immersion dans des lieux de nature urbaine et des films sur l’écologie. Une formule gagnante testée par Vert, l’un des partenaires médias du festival, début septembre au parc de Belleville.
«À Belleville comme ailleurs à Paris, avant la crise du phylloxéra au 19ème siècle, on consommait du vin localement, il y avait des pressoirs un peu partout.» Les têtes des visiteurs et visiteuses se penchent pour apercevoir derrière les grillages d’un carré situé tout en haut du parc de Belleville, qui occupe 4,5 hectares dans le 20ème arrondissement de Paris, les grappes de raisins, en suivant les explications détaillées de Jean-Christophe Lucas.
Le conférencier de l’Agence de l’écologie urbaine de la ville de Paris, teint hâlé, polo rayé et sac à dos, anime ce vendredi 6 septembre la première partie de la soirée proposée par le festival Ciné-Jardins, qui fête son dixième anniversaire.
Convivialité et mixité pour parler d’écologie
La formule proposée par l’équipe du festival se déroule en trois temps : une visite d’un endroit de nature urbaine (parcs, fermes urbaines, cités-jardins, jardins familiaux, rues végétalisées) suivie d’un repas partagé autour d’un buffet collectif, puis d’une projection de film.
Ouvertes à tous et toutes, et gratuites, les soirées proposées par Ciné-jardins ont pour but de sensibiliser à l’écologie en s’appuyant sur la découverte d’espaces verts peu ou mal connus du nord-est parisien (à Paris et dans la petite couronne, à Stains, Montreuil et Aubervilliers) et d’œuvres filmées mixant cinéma documentaire, d’animation ou fictions.
«Un de nos buts, c’est d’aborder ces questions de manière conviviale et en favorisant la mixité. En 2023, 40% des personnes venues aux soirées étaient nées ailleurs qu’en France. Nous accueillons en moyenne 200 visiteurs pour chaque rencontre. Certains soirs, c’est bien plus, comme lors de cette projection fin août 2023 de “Nausicâa de la vallée du vent” du cinéaste japonais Miyazaki qui a attiré 500 spectateurs», se félicite Benjamin Bibas, fondateur et coordinateur de Ciné-jardins.
Loopings de chauves-souris
Dans l’amphithéâtre du parc de Belleville, qui surplombe tout Paris, on aura la chance de voir ce soir-là, à la nuit tombée, le magnifique et mélancolique Birds of America, de Jacques Lœuille, sorti en 2020. «Pour cette programmation des dix ans, on a décidé de repasser certains des films qui nous ont le plus marqués, confie à Vert Benjamin Bibas. “Birds of America”, qui revient sur l’incroyable parcours de l’ornithologue et aquarelliste Jean-Jacques Audubon parti explorer le Mississipi au 19ème, fait partie de ceux-là.»
Cette année, le festival s’est ouvert le 22 août avec la projection du classique Nanouk l’Esquimau (Robert Flaherty, 1922), dans le jardin Villemin (10ème arrondissement). Il se refermera avec le récent Les Gardiennes de la Planète (Jean-Albert Lièvre, 2023), un film sur les baleines qu’on pourra voir samedi 14 septembre au square Toussaint Louverture dans le 20ème.
Dans l’amphithéâtre du parc de Belleville, qui affiche complet ce vendredi 6 septembre, les images de Birds of America se tachent un court instant de l’ombre de deux chauves-souris en plein loopings, provoquant un murmure amusé dans les gradins. Le vivant a débordé l’écran !
Retrouvez toute la programmation 2024 sur le site du festival.
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