Il n’y a pas l’humain et la nature ; il n’y a que le vivant. C’est ce qu’assure le philosophe Baptiste Morizot dans son puissant essai Raviver les braises du vivant.
« Le vivant n’est pas une cathédrale en flammes – c’est un feu qui s’éteint, explique-t-il d’emblée. Le vivant est le feu lui-même […] Le défendre ce n’est donc pas le rebâtir, c’est l’aviver ». Pour mobiliser contre l’effondrement de la vie, l’auteur invite à dépasser les concepts bornés de l’exploitation de la nature d’un côté, et de la sanctuarisation de l’autre.

Baptiste Morizot érige des ponts entre toutes les initiatives qui prennent soin du vivant. Celles-ci sont liées par un ennemi commun : l’exploitation industrielle extractiviste et productiviste. Surtout, elles se rejoignent dans la confiance profonde en la capacité hautement créatrice de la biosphère. La nature sauvage n’est plus une force à contrer, ni même à protéger. Tous ceux qui travaillent avec elle appartiennent à la même famille, au vivant lui-même qui accompagne ses propres dynamiques.
Le philosophe met en avant des leviers d’action comme celui de « Vercors Vie Sauvage » : une forêt dans les gorges de la Lyonne acquise par une association de citoyens pour la restituer à elle-même. Pour l’auteur, l’originalité et la puissance de ce projet résident dans la volonté de ne rien faire de ce lieu : « Ici le propriétaire n’achète pas pour jouir. Il achète pour restituer la jouissance à d’autres formes de vie ». Baptiste Morizot enjoint les lecteur•rice•s à s’en inspirer pour devenir des gardien•ne•s du feu et raviver les braises du vivant.
Baptiste Morizot, Raviver les braises du vivant, Actes Sud, 2020, 199p, 20€