Vélo les cœurs ! La troisième édition du Tour Alternatiba, mobilisation citoyenne à vélo sur les sujets de climat et de justice sociale, partira de la Cité des Ducs ce week-end pour rejoindre Marseille début octobre.
Tout est parti d’un constat, celui d’une absence flagrante d’alternatives concrètes et de discours joyeux sur la transition. «Le récit sur les alternatives est beaucoup moins audible que la peur et l’angoisse qui ont pris le dessus face à l’inaction délibérée des dirigeants», déplore Emma Tosini, porte-parole des mouvements Alternatiba et ANV-COP21. Le Tour Alternatiba veut y remédier en mettant à l’honneur les solutions expérimentées aux quatre coins du pays pour imaginer la société de demain. L’objectif est simple : «transformer les territoires en mobilisant les habitants des villes et villages qui nous accueilleront», explique Emma Tosini.
Après une première édition en 2015, puis une deuxième en 2018 qui a réuni quelque 70 000 participant·es, Alternatiba et ANV-COP21 voient les choses en grand pour le troisième opus de cette vaste mobilisation. Treize cyclistes se relaieront en équipe pendant quelque 5 500 kilomètres sur des vélos à trois ou quatre places – symboles de l’action collective si chère aux organisateur·ices. Une centaine d’étapes ponctuées d’une riche programmation sont prévues partout en France hexagonale durant quatre mois.
Au menu : vélorutions (rassemblements de cyclistes), conférences, ateliers, installations artistiques, fanfares et concerts… Pour cette édition, l’accent est mis sur des actions de transformation du territoire, adaptées aux enjeux des différents lieux parcourus. Par exemple, la ville normande de Saint-Lô organisera un chantier participatif pour créer un jardin partagé, tandis que Roquesteron, en Provence, inaugurera une monnaie locale. Sur d’autres étapes, les organisateur·ices sont appelé·es à prévoir des actions de désobéissance civile, à peindre des pistes cyclables sur des routes, à débétonner des îlots de chaleur, et bien d’autres encore.
Militer joyeusement et avec tout le monde
«Nous sommes dans un moment charnière où on voit que les libertés d’expression sont aujourd’hui questionnées et menacées», explique Christophe Cassou, climatologue, co-auteur du dernier rapport du Giec et parrain de cette édition. «Des initiatives comme le Tour Alternatiba permettent de réaffirmer et de réinvestir l’espace démocratique», veut croire le scientifique. «Dans une période de désagrégation de la foi en l’action collective, le Tour Alternatiba apparaît comme un antidote efficace. C’est un grand moment d’agglomération des combats menés par Alternatiba avec d’autres partenaires», abonde Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam et marraine du Tour 2024.
Syndicats, organisations de parents d’élèves, chorales, clubs de sport : cette année, les organisateur·ices ont à cœur d’impliquer des collectifs locaux qui dépassent les cercles traditionnels du mouvement climat. «C’est une vraie opportunité de militer joyeusement, de toucher de nouveaux publics et de fédérer autour d’un projet commun enthousiasmant», se réjouit Ophélie Poillion, l’une des organisatrices de l’étape qui aura lieu à Lille (Nord) le 24 juin. «En tant que militants, c’est important de dénoncer ce qui ne va pas, poursuit-elle, mais le Tour apporte la réponse à la question qui suit : OK, ça ne va pas, mais que propose-t-on comme alternative ?». Les réponses viendront en pédalant.
Photo d’illustration : Le grand départ du Tour Alternatiba 2018 à Paris. © Alternatiba