La bonne idée

Quatre mois, 5 500 kilomètres, une centaine d’étapes : le Tour Alternatiba 2024 s’élancera de Nantes ce dimanche

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Vélo les cœurs ! La troisième édi­tion du Tour Alter­nat­i­ba, mobil­i­sa­tion citoyenne à vélo sur les sujets de cli­mat et de jus­tice sociale, par­ti­ra de la Cité des Ducs ce week-end pour rejoin­dre Mar­seille début octo­bre.

Tout est par­ti d’un con­stat, celui d’une absence fla­grante d’alternatives con­crètes et de dis­cours joyeux sur la tran­si­tion. «Le réc­it sur les alter­na­tives est beau­coup moins audi­ble que la peur et l’angoisse qui ont pris le dessus face à l’inaction délibérée des dirigeants», déplore Emma Tosi­ni, porte-parole des mou­ve­ments Alter­nat­i­ba et ANV-COP21. Le Tour Alter­nat­i­ba veut y remédi­er en met­tant à l’honneur les solu­tions expéri­men­tées aux qua­tre coins du pays pour imag­in­er la société de demain. L’objectif est sim­ple : «trans­former les ter­ri­toires en mobil­isant les habi­tants des villes et vil­lages qui nous accueilleront», explique Emma Tosi­ni.

Après une pre­mière édi­tion en 2015, puis une deux­ième en 2018 qui a réu­ni quelque 70 000 participant·es, Alter­nat­i­ba et ANV-COP21 voient les choses en grand pour le troisième opus de cette vaste mobil­i­sa­tion. Treize cyclistes se relaieront en équipe pen­dant quelque 5 500 kilo­mètres sur des vélos à trois ou qua­tre places — sym­bol­es de l’action col­lec­tive si chère aux organisateur·ices. Une cen­taine d’étapes ponc­tuées d’une riche pro­gram­ma­tion sont prévues partout en France hexag­o­nale durant qua­tre mois.

Cliquez pour décou­vrir en détail l’itinéraire que par­cour­ront les cyclistes au cours des qua­tre prochains mois © Alter­nat­i­ba

Au menu : véloru­tions (rassem­ble­ments de cyclistes), con­férences, ate­liers, instal­la­tions artis­tiques, fan­fares et con­certs… Pour cette édi­tion, l’accent est mis sur des actions de trans­for­ma­tion du ter­ri­toire, adap­tées aux enjeux des dif­férents lieux par­cou­rus. Par exem­ple, la ville nor­mande de Saint-Lô organ­is­era un chantier par­tic­i­patif pour créer un jardin partagé, tan­dis que Roques­teron, en Provence, inau­gur­era une mon­naie locale. Sur d’autres étapes, les organisateur·ices sont appelé·es à prévoir des actions de désobéis­sance civile, à pein­dre des pistes cyclables sur des routes, à débé­ton­ner des îlots de chaleur, et bien d’autres encore.

Militer joyeusement et avec tout le monde

«Nous sommes dans un moment charnière où on voit que les lib­ertés d’expression sont aujourd’hui ques­tion­nées et men­acées», explique Christophe Cas­sou, cli­ma­to­logue, co-auteur du dernier rap­port du Giec et par­rain de cette édi­tion. «Des ini­tia­tives comme le Tour Alter­nat­i­ba per­me­t­tent de réaf­firmer et de réin­ve­stir l’espace démoc­ra­tique», veut croire le sci­en­tifique. «Dans une péri­ode de désagré­ga­tion de la foi en l’action col­lec­tive, le Tour Alter­nat­i­ba appa­raît comme un anti­dote effi­cace. C’est un grand moment d’agglomération des com­bats menés par Alter­nat­i­ba avec d’autres parte­naires», abonde Cécile Duflot, direc­trice générale d’Oxfam et mar­raine du Tour 2024.

Syn­di­cats, organ­i­sa­tions de par­ents d’élèves, chorales, clubs de sport : cette année, les organisateur·ices ont à cœur d’impliquer des col­lec­tifs locaux qui dépassent les cer­cles tra­di­tion­nels du mou­ve­ment cli­mat. «C’est une vraie oppor­tu­nité de militer joyeuse­ment, de touch­er de nou­veaux publics et de fédér­er autour d’un pro­jet com­mun ent­hou­si­as­mant», se réjouit Ophélie Poil­lion, l’une des organ­isatri­ces de l’étape qui aura lieu à Lille (Nord) le 24 juin. «En tant que mil­i­tants, c’est impor­tant de dénon­cer ce qui ne va pas, pour­suit-elle, mais le Tour apporte la réponse à la ques­tion qui suit : OK, ça ne va pas, mais que pro­pose-t-on comme alter­na­tive ?». Les répons­es vien­dront en pédalant.

Pho­to d’il­lus­tra­tion : Le grand départ du Tour Alter­nat­i­ba 2018 à Paris. © Alter­nat­i­ba