Portrait

Pro-mégabassines et pro-pesticides : qui est Arnaud Rousseau, le nouveau patron de la FNSEA ?

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Fig­ure de l’agro-industrie, Arnaud Rousseau devrait suc­céder à Chris­tiane Lam­bert à la tête du puis­sant syn­di­cat agri­cole à la suite de son con­grès qui s’achève ce jeu­di à Angers.

Les journées ne durent-elles que 24h ? Lorsqu’on se penche sur l’emploi du temps d’Arnaud Rousseau, futur nou­veau patron de la Fédéra­tion nationale des syn­di­cats d’exploitants agri­coles (FNSEA), il est per­mis d’en douter.

Âgé de 49 ans, celui-ci est aujourd’hui à la tête du groupe Avril, géant des oléagineux (colza, tour­nesol, soja) et pro­téagineux (les pro­téines végé­tales comme la luzerne, la féve­role, les pois), con­nu notam­ment pour ses mar­ques Lesieur et Puget. En 2021, le chiffre d’affaires de ce mastodonte de l’économie française atteignait près de 7 mil­liards d’euros — de quoi en faire le 4ème groupe agroal­i­men­taire hexag­o­nal. Diplômé de la Euro­pean busi­ness school de Paris, Arnaud Rousseau siège égale­ment au con­seil d’administration de Saipol, fil­iale d’Avril et pro­duc­trice des agro­car­bu­rants Diester. Il pré­side encore la Fédéra­tion française des pro­duc­teurs d’oléagineux et de pro­téagineux (FOP), fil­iale de la FNSEA enreg­istrée comme lob­by auprès de la Com­mis­sion européenne.

Vice-prési­dent de la Cham­bre d’agriculture d’Ile-de-France, il est à la tête d’une gigan­tesque par­celle de 700 hectares de grandes cul­tures (colza, tour­nesol, blé et bet­ter­aves) située sur la com­mune de Tro­cy-en-Mul­ti­en (Seine-et-Marne), dont il est aus­si le maire. «Avec toutes ces cas­quettes, il est sûr de ne pas attrap­er de coup de soleil. Pas sûr cepen­dant qu’on le voit sou­vent au volant d’un tracteur», tacle François Veillerette, porte-parole de l’association Généra­tions Futures, joint par Vert. Il est vrai qu’Arnaud Rousseau fait plutôt fig­ure de busi­ness­man, se plaçant dans les pas de feu son men­tor Xavier Beulin, ex-leader de la FNSEA et ancien patron… d’Avril.

Arnaud Rousseau au Salon de l’a­gri­cul­ture à Paris, en mars 2023. © Mag­a­li Cohen / Hans Lucas via AFP 

Le puis­sant exploitant agri­cole prévoit-il de renon­cer à cer­tains de ses man­dats pour éviter les con­flits d’intérêts ? Con­tac­tés, ni la FNSEA ni le groupe Avril n’ont répon­du à nos ques­tions. L’homme d’affaires a cepen­dant indiqué à Medi­a­part qu’il souhaitait con­serv­er son poste de prési­dent d’Avril, mais pour­rait démis­sion­ner de la FOP.

Le futur prési­dent de la FNSEA a lais­sé enten­dre qu’il sou­tiendrait le développe­ment des organ­ismes géné­tique­ment mod­i­fiés (OGM) et l’exploitation des méga-bassines. Défenseur du statu quo sur les pes­ti­cides, il a par­ticipé à la man­i­fes­ta­tion du 8 févri­er con­tre l’interdiction des néon­i­coti­noïdes (Vert).

Dans un cour­ri­er adressé en décem­bre aux respon­s­ables du syn­di­cat en forme de pro­fes­sion de foi, Arnaud Rousseau affir­mait vouloir porter «la voix d’une agri­cul­ture offen­sive, ouverte au dia­logue, qui explique les dif­fi­cultés de son quo­ti­di­en mais qui refuse de se laiss­er enfer­mer par les idéolo­gies, les vio­lences inac­cept­a­bles, et les sirènes de la décrois­sance». Ces récentes pris­es de posi­tions sont d’ailleurs alignées avec les activ­ités de Sofipro­téol, branche finan­cière du groupe Avril. D’après Poli­tis, cette société investit aujourd’hui dans la recherche géné­tique sur les oléagineux, la sélec­tion géné­tique ani­male et la com­mer­cial­i­sa­tion de pro­duits phy­tosan­i­taires. Tout un pro­gramme.