Aigries cultures. Premier syndicat d’agriculture « conventionnelle », la FNSEA attaque en justice l’arrêté anti-pesticides pris par Gennevilliers (Hauts-de-Seine), une ville sans aucun agriculteur.
Depuis le printemps 2019, des dizaines de maires de petites communes ont pris des arrêtés pour faire interdire l’usage des pesticides à proximité des habitations de leurs administré·e·s. Fin décembre 2020, le Conseil d’Etat a jugé que cette compétence revenait à l’Etat, cassant les arrêtés municipaux pris par les « maires anti-pesticides ».
Quelques jours plus tard, le maire de La Montagne (Loire-Atlantique) avait trouvé la parade : considérer l’épandage de pesticides hors des exploitations agricoles comme des dépôts sauvages de déchets (Vert). La police des déchets est une compétence attribuée aux maires. Début mars, dix municipalités d’Île-de-France ont publié de nouveaux arrêtés fondés sur ce principe. Parmi ceux-ci, la commune de Gennevilliers.
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C’en était trop pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Depuis des années, elle refuse toute réglementation des pesticides et s’en prend aux critiques, qu’elle accuse de pratiquer l’agri-bashing : un prétendu dénigrement systématique des agriculteurs.
Le 26 avril, la FNSEA a saisi le tribunal administratif de Cergy-Pontoise pour faire annuler l’arrêté pris par Gennevilliers (communiqué). C’est cocasse : la ville, qui avait pris cette mesure symbolique, ne compte aucun agriculteur sur son sol.
« On a pris Gennevilliers pour faire un exemple, mais on aurait pu prendre une autre commune », reconnaît Damien Greffin, président de la FNSEA Ile-de-France interrogé par le Parisien sur ce surprenant choix. « La FNSEA nous reprochait nos arrêtés parce qu’on n’a aucun agriculteur sur la ville et là, ils nous attaquent ? C’est bien la preuve qu’ils défendent le glyphosate et non les agriculteurs », s’est emporté Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers. Le 29 avril, la préfecture des Hauts-de-seine (donc l’Etat) a suivi la FNSEA, attaquant l’arrêté à son tour.